RTFlash

RTFLASH Recherche & Technologie
NUMERO 1332
Lettre gratuite hebdomadaire d’informations scientifiques et technologiques
Créée par René Trégouët rapporteur de la Recherche et Président/fondateur du Groupe de Prospective du Sénat
Edition du 17 Octobre 2025
Recommander  |  Désinscription  |  Lire en ligne
Egalement dans ce numéro
Matière
Faradae installe sa première unité de stockage d’énergie sur mesure dans un établissement médico-social près de Lyon
La première pompe à chaleur solarothermique française qui produit énergie, chaleur et eau chaude...
L'armée française va se doter du « Syderal », une arme laser antiaérienne redoutable
Avec sa nouvelle centrale solaire, l'hôpital d'Évreux économise des centaines de milliers d'euros en électricité
Espace
Ohio State invente un moteur spatial nucléaire qui réduit de moitié le temps vers Mars
Vivant
La sensibilité à l’alimentation transformée varie d’une personne à l’autre en fonction du microbiote de chacun
L'espérance de vie va-t-elle atteindre un plafond indépassable ?
Des scientifiques veulent ressusciter un gène vieux de 20 millions d’années pour combattre la goutte
Des bactéries capables de transformer les déchets alimentaires en bioplastiques
Première mondiale : une opération chirurgicale réalisée au sommet du Tibet, à 4 000 km de distance
L’ingénierie de l’ARN autoamplifiant : une nouvelle arme contre le cancer
Des scientifiques japonais réalisent la première "transplantation de comportement"entre espèces au monde
L'exercice régulier empêche notre cerveau de rétrécir
Une molécule extraite du bouleau pourrait bloquer le VIH, l’Ebola et la dengue
Le vaccin contre l’hépatite B pourrait réduire le risque de diabète
Edito
Microbiote, immunité et cerveau : les trois dimensions d’un fascinant système biologique



Avant_propos :

Campagne de Dons 2025 :

L’Association Helloasso qui gère notre campagne de dons m’informe qu’elle a reçu à ce jour 1.490 euros. Je crains que nous ne parvenions pas à atteindre l’objectif contraignant de 15.000 euros à fin décembre. Il faut que vous soyez nombreux à vous mobiliser pour avoir la certitude que nous aurons les moyens de publier chaque semaine RT Flash en 2026.

Si vous acceptez d’aider RT Flash veuillez cliquer sur le lien ci-dessous :

https://www.helloasso.com/associations/adist/formulaires/11

René Trégouët 

Créateur, il y a 27 ans de RT Flash

EDITORIAL :

Microbiote, immunité et cerveau : les trois dimensions d’un fascinant système biologique

Depuis plus d’un siècle, on connaît l’existence du système nerveux entérique, parfois appelé "deuxième cerveau". Ce réseau, composé d’environ 500 millions de neurones tapissant les parois intestinales, se distingue par sa remarquable résistance : ses neurones supportent sans dommage des pressions mécaniques dix fois supérieures à celles que subissent les neurones du cerveau.

Ce système nerveux entérique entretient une communication permanente avec le système nerveux central grâce au nerf pneumogastrique, plus connu sous le nom de nerf vague. Par cette voie, nos intestins dialoguent directement avec le système limbique, siège des émotions. Ce lien explique qu’environ 90 % de la sérotonine, hormone essentielle à la régulation de l’humeur, soit produite dans l’intestin.

Depuis quelques années, plusieurs découvertes majeures ont révélé que cet axe intestin-cerveau constitue un véritable système biologique intégré, dont la complexité et l’importance dépassent toutes les attentes initiales.

Microbiote et troubles de l’humeur : des liens démontrés

En 2020, des chercheurs de l’Institut Pasteur, de l’Inserm et du CNRS ont démontré qu’un déséquilibre du microbiote intestinal pouvait perturber certains métabolites et entraîner un état dépressif. Ils ont observé qu’un stress chronique modifie la composition du microbiote, provoquant un effondrement des métabolites lipidiques dans le sang et le cerveau.

Fait remarquable : le transfert du microbiote d’un animal dépressif à un animal sain suffit à induire chez ce dernier des modifications biochimiques et des comportements similaires à la dépression. Cette étude, dirigée par Pierre-Marie Lledo (CNRS/Institut Pasteur), démontre ainsi que le microbiote intestinal contribue directement au fonctionnement normal du cerveau (Nature Communications, 2020).

Le microbiote au cœur des maladies neurodégénératives

Toujours en 2020, une équipe italo-helvétique a suivi 89 patients âgés de 65 à 85 ans, atteints ou non de la maladie d’Alzheimer. Grâce à l’imagerie PET Scan, les chercheurs ont mis en évidence un déséquilibre du microbiote intestinal favorisant la formation de plaques amyloïdes dans le cerveau.

Selon Moira Marizzoni, principale auteure de l’étude, certaines protéines bactériennes détectées dans le sang pourraient perturber l’équilibre entre le système immunitaire et le système nerveux, contribuant ainsi au développement de la maladie. Ces travaux ouvrent la voie à des stratégies préventives fondées sur la modulation du microbiote, notamment via des traitements à base de probiotique. En 2022, des chercheurs de l’Institut Pasteur, de l’Inserm et du CNRS ont révélé que certains neurones de l’hypothalamus détectent directement l’activité bactérienne, ajustant en réponse l’appétit et la température corporelle.

Ils ont montré que les neurones pouvaient percevoir les muropeptides bactériens – des marqueurs de prolifération microbienne – une fonction que l’on pensait réservée aux cellules immunitaires.

Comme le souligne Pierre-Marie Lledo :

« Nos recherches montrent que des fragments bactériens peuvent agir directement sur un centre nerveux aussi stratégique que l’hypothalamus ».
Ces résultats confirment l’existence d’un dialogue direct entre le microbiote intestinal et le cerveau (Science, 2022).

Un microbiote cérébral ?

En 2023, une étude écossaise a révélé que les cerveaux de personnes atteintes d’Alzheimer contiennent davantage de bactéries que ceux de sujets sains. Plus surprenant encore : le microbiote cérébral partage près de 20 % de ses espèces bactériennes avec celui de l’intestin, suggérant qu’il en serait un sous-ensemble (bioRxiv, 2023version complète).

Le nerf vague, trait d’union entre intestin et émotions

Toujours en 2023, une étude conjointe de l’Inserm, de l’Institut Pasteur et du CNRS, a mis en évidence le rôle clé du nerf vague. Chez des souris, la vagotomie (section du nerf) empêchait l’apparition d’un état dépressif après transfert d’un microbiote déséquilibré.

« La vagotomie a suffi à découpler l’intestin du cerveau et à protéger les sujets », précisent les auteurs.

Ces travaux confirment que la stimulation du nerf vague – par la méditation ou par stimulation électrique – pourrait renforcer l’efficacité des traitements antidépresseurs (Nature, 2023).

Le microbiote intervient aussi dans la production du tryptophane, acide aminé nécessaire à la synthèse de la sérotonine ; un microbiote déséquilibré réduit cette absorption, favorisant ainsi la dépression.

Prébiotiques et probiotiques : vers de nouvelles thérapies cognitives

En 2024, des chercheurs du King’s College de Londres ont mené la première étude sur l’effet des prébiotiques sur la cognition chez des jumeaux de plus de 60 ans. Pendant trois mois, l’un des jumeaux recevait un supplément prébiotique, l’autre un placebo. Les résultats sont sans appel : les sujets ayant reçu les prébiotiques ont obtenu de meilleurs scores de mémoire visuelle et d’apprentissage.

« Observer de tels changements en seulement 12 semaines est très prometteur », souligne la docteure Mary Ni Lochlainn (Nature Communications, 2024).

La même année, une équipe australienne a montré que la prise de probiotiques pouvait améliorer la mémoire de travail, fonction cognitive essentielle. Parmi quatre groupes d’étude, seul le groupe recevant les probiotiques a significativement amélioré ses performances.

Le cerveau peut « piloter » le microbiote

En avril 2025, des chercheurs de l’UC Louvain, associés à des équipes espagnoles, ont prouvé que le cerveau peut modifier la composition du microbiote intestinal en moins de deux heures pour provoquer la satiété. Cette découverte montre un système adaptatif bidirectionnel : le cerveau influence directement la flore intestinale (UCLouvain, 2025).

Microbiote et troubles psychiatriques

En juin 2025, une vaste étude chinoise portant sur 14 000 participants a établi des liens de causalité entre le microbiote intestinal et plusieurs troubles psychiatriques : autisme, schizophrénie et troubles bipolaires. Ces résultats ouvrent la voie à des thérapies ciblées fondées sur la modification du microbiote (NeuroImage, 2025).

Quand le cerveau anticipe l’infection

Enfin, une étude suisse publiée en 2025 dans Nature (Université de Genève et CHUV) a montré que le cerveau peut déclencher une réponse immunitaire préventive face à un risque d’infection, simplement par exposition visuelle à des avatars malades en réalité virtuelle.

Les participants exposés à ces stimuli ont activé leurs lymphocytes innés, avec une réponse équivalente à celle d’une vaccination contre la grippe. « Nous avons démontré qu’une simple stimulation visuelle pouvait provoquer une véritable réaction biologique mesurable », souligne Andrea Serino (Université de Genève, 2025).

Une coopération évolutive et thérapeutique

Ces découvertes confirment les liens profonds entre cerveau, immunité et microbiote. Le stress, par la production de cortisol, peut affaiblir nos défenses, tandis que des expériences positives les renforcent.

L’équipe d’Asya Rolls, à Tel-Aviv, a montré que l’activation du système de récompense accroît la production de cellules immunitaires, tandis que les travaux de Sophie Ugolini, à Marseille, ont révélé que certains neurones sensoriels peuvent détecter des produits microbiens et moduler directement la réponse immunitaire.

Considérée dans sa dimension évolutive, cette coopération systémique étroite et fascinante entre le cerveau, le microbiote et l’immunité, est finalement tout à fait logique, car elle permet au système immunitaire d’utiliser, pour son plus grand profit, une des fonctions majeures du cerveau, la capacité prédictive. Dans cette perspective sur le temps long, cette association se serait donc progressivement développée et enrichie pour permettre à notre organisme de réagir le plus rapidement et le plus efficacement possible, face une menace inconnue, allant jusqu'à pouvoir prédire l'attaque d'un agent pathogène, avant même que ce dernier ne pénètre dans notre organisme...

On voit évidemment l’avantage compétitif décisif qu'une telle association a pu conférer à notre espèce, lorsque celle-ci, au cours de sa longue histoire, s'est retrouvée confrontée, à de nombreuses reprises, à des changements brutaux de son environnement et à l’arrivée de nouveaux agents pathogènes.

Sur le plan thérapeutique, cette meilleure compréhension du système cerveau-immunité-microbiote devrait déboucher sur de nouveaux traitements, qui seront conçus de manière personnalisée pour rétablir le bon équilibre bactérien du microbiote des malades souffrant de maladies neurodégénératives ou de troubles psychiatriques et qui pourront agir seuls en synergie avec les traitements médicamenteux disponibles. On peut enfin imaginer que l'on puisse également agir de manière puissante et ciblée, via le microbiote, de manière à augmenter l'efficacité des immunothérapies contre le cancer...

René TRÉGOUÊT

Sénateur honoraire

Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

e-mail : tregouet@gmail.com


Matière
Matière et Energie
Faradae installe sa première unité de stockage d’énergie sur mesure dans un établissement médico-social près de Lyon
Mardi, 14/10/2025 - 18:42

Dans la commune de Lentilly, à une quinzaine de kilomètres à l’ouest de Lyon, un foyer d’accueil médicalisé baptisé "Les Terrasses" vient d’intégrer une infrastructure énergétique inédite : une batterie de 133 kWh, conçue pour maximiser l’usage de l’électricité solaire produite localement. Derrière ce projet, Faradae, une entreprise qui finance, installe et gère des systèmes photovoltaïques en autoconsommation, vient de franchir un cap opérationnel. Ce n’est pas seulement une installation technique, mais la matérialisation d’un modèle économique et écologique pensé pour les bâtiments à forte consommation, notamment ceux du secteur médico-social.

L’objectif affiché par Faradae est de permettre à l’établissement géré par l’association Odynéo de couvrir 40 % de ses besoins électriques grâce à sa propre production solaire, contre 30 % auparavant. Ce gain de dix points, non négligeable dans un secteur où chaque kilowattheure compte, repose sur deux mécanismes complémentaires : l’ajustement des usages aux heures d’ensoleillement, et le stockage de l’électricité excédentaire pour une utilisation différée, notamment en soirée ou lors de journées nuageuses. L’ensemble est piloté, entretenu et financé par Faradae, sans que l’établissement n’ait à débourser le moindre euro ni à assumer la moindre charge de gestion.

« Ce gain de 10 points sur le taux d’autoproduction repose sur deux leviers : l’optimisation des usages, en alignant les consommations avec les heures de production solaire et le stockage de l’excédent, pour couvrir les besoins en soirée ou lors de périodes moins ensoleillées. Ce seuil de 40 % correspond à l’un des paliers réglementaires du Décret Tertiaire, qui impose une réduction progressive des consommations d’énergie importée à horizon 2030. Concrètement, cette solution permet d’augmenter significativement la part d’énergie renouvelable utilisée sur site tout en répondant aux objectifs réglementaires » explique Thomas Lawson, co-fondateur et président de Faradae.

Le choix du site n’est pas fortuit. Le foyer "Les Terrasses" présentait un décalage marqué entre les heures de production photovoltaïque et les pics de consommation, souvent décalés en fin de journée ou en soirée. Ce déphasage, fréquent dans les établissements accueillant des personnes en situation de handicap ou dépendantes, constitue précisément le terrain idéal pour tester l’efficacité d’un système de stockage intelligent. L’installation permet désormais de lisser ces écarts, en emmagasinant l’énergie produite en surplus pour la redistribuer au moment opportun.

Le projet, mené sur plusieurs mois, a servi de laboratoire grandeur nature. Faradae y a mis à l’épreuve ses outils de supervision, ses algorithmes de pilotage, et la compatibilité de ses équipements avec les systèmes photovoltaïques existants. L’entreprise, qui ambitionne de déployer ce modèle à plus grande échelle, a ainsi pu valider en conditions réelles la robustesse de son architecture technique et la pertinence de son approche économique.

L’unité de stockage ne fonctionne pas en vase clos. Elle s’inscrit dans un écosystème plus large, incluant la production solaire en toiture et la recharge de véhicules électriques. Le tout est orchestré par un système de gestion énergétique, un Energy Management System (EMS) développé en interne par Faradae en collaboration avec ses partenaires technologiques. Le logiciel, accessible via une interface Cloud, permet de réguler avec précision les cycles de charge et de décharge de la batterie, tout en surveillant en temps réel la performance globale de l’installation.

Enerzine : https://www.enerzine.com/faradae-installe-sa-premiere-unite-de-stockage-denergie...

La première pompe à chaleur solarothermique française qui produit énergie, chaleur et eau chaude...
Lundi, 13/10/2025 - 16:51

Le constructeur français DualSun lance une pompe à chaleur couplée à des panneaux solaires hybrides. L’ensemble permettrait de couvrir jusqu’à 80 % des besoins énergétiques annuels d’une maison, en produisant simultanément de l’eau chaude, du chauffage et de l’électricité. L’entreprise marseillaise spécialisée dans les panneaux solaires hybrides DualSun va commercialiser une pompe à chaleur solarothermique, un type d’appareil très peu répandu mais aux multiples avantages.

Baptisée DualSun Max, ce système est relativement simple sur le papier : des panneaux solaires hybrides posés en toiture produisent simultanément de l’électricité et de la chaleur. Alors que l’électricité est injectée sur le réseau domestique, la chaleur est transportée par un fluide circulant dans une canalisation jusqu’à une pompe à chaleur eau/eau. Cette dernière produit ensuite de l’eau chaude sanitaire et de l’eau chaude destinée aux radiateurs à partir de la chaleur captée par les panneaux. Par ailleurs, l’électricité nécessaire au fonctionnement de la pompe à chaleur provient tout ou partie de la production des panneaux. Le système pourrait « couvrir jusqu’à 80 % des besoins énergétiques de nos maisons : chauffage, eau chaude, électricité » promet Jérôme Mouterde.

La pompe à chaleur est fabriquée en France par Arkteos, sur son site de Guérande (Loire-Atlantique). Il s’agit du modèle Invelia, qui a été spécialement adapté pour DualSun. Outre sa capacité à produire de la chaleur jusqu’à -15°C extérieurs selon l’entreprise, elle présente l’avantage d’être dépourvue d’unité extérieure. Un argument face aux pompes à chaleur air/air et air/eau, qui puisent leur énergie exclusivement dans l’air ambiant et doivent impérativement disposer d’un groupe extérieur. Il n’y a donc, a priori, aucun risque de givrage, de nuisance sonore ni de rejet d’air froid vers le voisinage.

Révolution Energétique : https://www.revolution-energetique.com/actus/electricite-chauffage-et-eau-chaude...

L'armée française va se doter du « Syderal », une arme laser antiaérienne redoutable
Lundi, 13/10/2025 - 16:47

La DGA a indiqué avoir passé une commande à un consortium composé de MBDA, Safran Electronics and Defense, Thales et Cilas, pour développer, d'ici 2030, un démonstrateur d'arme laser de forte puissance. Nommé Syderal, pour « Système laser de défense de nouvelle génération », celui-ci sera destiné à la lutte anti-drones et à la défense aérienne de courte portée. Bénéficiant de technologies innovantes permettant de combiner et de concentrer l'énergie laser pour neutraliser – notamment – les drones tactiques avec une efficacité maximale, le démonstrateur Syderal doit permettre, lorsqu'il sera achevé, d'évaluer l'efficacité de l'arme laser pour la neutralisation de drones tactiques, de roquettes, d'obus de mortier et de munitions téléopérées, en vue d'équiper les forces armées.

« Compact, le démonstrateur est construit sur la base d'une architecture évolutive et modulaire, utilisable de jour comme de nuit », précise  la DGA. Pour rappel, dans le domaine militaire ou technologique, un démonstrateur est un prototype avancé conçu pour tester et prouver la faisabilité d'un nouveau système ou d'une nouvelle technologie. D'une puissance de plusieurs dizaines de kilowatts, il doit constituer, d'après le communiqué de la Direction générale de l'armement, « une première marche pour atteindre la très forte puissance et être en mesure de faire face à des menaces plus complexes tels que les missiles ».

DGA : https://www.defense.gouv.fr/dga/actualites/dga-commande-demonstrateur-laser-fort...

Avec sa nouvelle centrale solaire, l'hôpital d'Évreux économise des centaines de milliers d'euros en électricité
Lundi, 13/10/2025 - 16:44

C'est une première en Normandie et l'une des premières en France, qui permet au centre hospitalier Eure-Seine d'Évreux de faire largement baisser la facture d'électricité. Depuis le 9 juillet 2025, l'établissement de santé a mis en marche sa nouvelle centrale photovoltaïque, constituée de 2 860 panneaux solaires, installés à ras du sol, sur un hectare de terrain anciennement en friche, juste derrière l'hôpital.

Matthieu Bachelet est responsable technique de l'hôpital. L'idée du projet a émergé il y a cinq ans, après un été très chaud et ensoleillé : « L'été, l'hôpital consomme 10 à 15 % de plus d'électricité qu'en période normale. On a beaucoup de systèmes de climatisation dans un hôpital, que ce soit pour les blocs opératoires, le laboratoire, la stérilisation. On a besoin de rafraîchir l'hôpital. Quand on a observé cette surconsommation, on s'est dit qu'on pouvait se lancer dans un projet photovoltaïque ».

Sur une année, la centrale solaire doit couvrir un quart des besoins en électricité de l'hôpital d'Évreux, et sur certaines journées, elle fournit l'électricité de tout l'établissement. « Sur certains jours ensoleillés en juillet et en août, on a pu voir que l'hôpital était quasiment découplé du réseau Enedis et qu'il était autonome avec sa centrale ».

Le responsable technique compte aussi sur des économies financières pour « recentrer les dépenses sur les soins ou les conditions d'accueil des patients ». Cette installation d'un hectare a coûté un million d'euros mais, comme elle permet d'économiser 200 000 euros par an à cet établissement, elle sera amortie en à peine 5 ans...

France Bleu : https://www.francebleu.fr/emissions/l-info-d-ici-ici-normandie-seine-maritime-eu...

^ Haut
Espace
Espace et Cosmologie
Ohio State invente un moteur spatial nucléaire qui réduit de moitié le temps vers Mars
Mardi, 14/10/2025 - 18:40

Les chercheurs de l’université d’État de l’Ohio développent actuellement un système de propulsion nucléaire qui utilise de l’uranium liquide pour chauffer directement le propergol des fusées, en remplacement des éléments combustibles solides utilisés par les systèmes de propulsion nucléaire traditionnels. Leur concept, appelé "fusée thermonucléaire centrifuge" (CNTR), est spécialement conçu pour améliorer les performances des fusées tout en minimisant les risques liés aux moteurs.

Selon Dean Wang, membre senior du projet et professeur associé en génie mécanique et aérospatial à l’université d’État de l’Ohio, « Alors que les avancées similaires dans ce domaine se sont davantage concentrées sur l’accessibilité financière que sur les performances, le CNTR offre potentiellement un avantage considérable pour les futures missions spatiales habitées, même par rapport à d’autres types de systèmes à propulsion nucléaire, dans la mesure où il peut environ doubler l’efficacité d’un moteur ».

« Ces dernières années, la technologie de propulsion nucléaire thermique a suscité un intérêt croissant, alors que nous envisageons de renvoyer des hommes sur la Lune et de travailler dans l’espace cis-lunaire. Mais au-delà de cela, un nouveau système est nécessaire, car les moteurs chimiques traditionnels pourraient ne pas être viables » a indiqué M. Wang.

Les moteurs chimiques sont utilisés dans les vols spatiaux depuis les débuts de l’ère spatiale. Cependant, leur poussée est limitée et ils consomment de grandes quantités de propergol. Par conséquent, les missions vers les confins du système solaire peuvent prendre beaucoup de temps, comme dans le cas de la sonde New Horizons qui a survolé Pluton pendant neuf ans. En raison de ces limites, les futures missions nécessiteront des systèmes de propulsion capables de réduire la durée du voyage, d’augmenter la quantité de matériel envoyé en mission, ou les deux, si les chercheurs veulent envoyer des astronautes en toute sécurité vers des destinations lointaines. Toutes ces raisons font qu’il est essentiel de démontrer le potentiel de ces approches. « Plus vous passez de temps dans l’espace, plus vous êtes exposé à toutes sortes de risques pour la santé », a-t-il ajouté. « Si nous pouvons raccourcir cette durée, ce serait donc très bénéfique » a déclaré M. Wang. Le concept CNTR de cette équipe devrait être prêt à être mis en œuvre dans les cinq prochaines années, mais en préparant leur modèle pour une utilisation potentielle de nouvelle génération, les chercheurs sont impatients de montrer à quel point il pourrait être performant dans des conditions extrêmes.

OSU : https://news.osu.edu/ohio-state-scientists-advance-focus-on-nuclear-propulsion/

^ Haut
Vivant
Santé, Médecine et Sciences du Vivant
La sensibilité à l’alimentation transformée varie d’une personne à l’autre en fonction du microbiote de chacun
Mercredi, 15/10/2025 - 18:00

Des scientifiques français de l'Inserm ont réussi à montrer que la sensibilité à un additif alimentaire très utilisé, qui favorise l’inflammation intestinale chronique, varie d’une personne à l’autre, ce qui ouvre une piste pour une nutrition personnalisée. Sauces, crèmes glacées, biscuits, pain de mie, brioches, barres chocolatées, mais aussi produits allégés ou estampillés « bons pour la santé », comme des laits d’avoine ou d’amandes bio : employé par l’industrie agroalimentaire pour améliorer la texture et prolonger la durée de conservation des produits, l’émulsifiant E466 -ou carboxyméthyl cellulose de sodium- est partout.

« Dans tout ce qui est allégé en gras, à partir du moment où on enlève le gras, on doit le remplacer par quelque chose d’autre pour garder la texture : les crèmes fraîches 0 % de matière grasse -ce qui est quand même une aberration- sont chargées en agents émulsifiants », explique le chercheur Inserm Benoît Chassaing, à la tête d’une équipe de recherche à l'Institut Pasteur. « De même, pour avoir la texture crémeuse du lait d’avoine ou d’amande, il faut une transformation industrielle où on rajoute des additifs », y compris dans des produits bio, « c’est très très largement utilisé », complète-t-il.

Or l’émulsifiant E466 est « très très négatif » pour notre microbiote intestinal, dit le chercheur, qui l’étudie depuis plusieurs années. Cet additif diminue la diversité des bactéries qui le composent et favorise l’inflammation intestinale chronique, ont démontré de précédentes études. « Les gens qui consomment beaucoup d’agents émulsifiants ont un risque accru de développer tout un tas de pathologies : certains cancers, des maladies cardiovasculaires… Des études épidémiologiques le montrent clairement », détaille le scientifique. L’étude pilotée par Benoît Chassaing suggère que l’additif E466 a un impact négatif sur le microbiote intestinal chez certaines personnes mais pas chez d’autres, et qu’il serait possible de prédire la sensibilité d’une personne aux émulsifiants alimentaires.

« On n’est pas tous égaux face à ces additifs : certains seraient très sensibles, d’autres très résistants, et surtout, il est possible de prédire si un individu est l’un ou l’autre », résume le chercheur, qui poursuit ses recherches, avec des nutritionnistes et diététiciens, pour identifier les raisons de cette sensibilité. « Et de savoir si on peut convertir un individu sensible en résistant pour être protégé contre l’impact négatif de ces additifs, ça aussi on y travaille », complète-t-il. Cette sensibilité a pu être observée en analysant la communauté microbienne de l’intestin, en reproduisant le microbiote en laboratoire et au moyen d’analyses métagénomiques d’échantillons de selles – des techniques qui permettent d’étudier finement le microbiote intestinal.

En transplantant chez des souris le microbiote d’un échantillon fécal humain, il est apparu que certaines personnes possèdent un microbiote très sensible à l’émulsifiant E466, provoquant une forte inflammation intestinale, tandis que d’autres possèdent un microbiote résistant à cet additif alimentaire. L’étude suggère ainsi qu’il serait possible de prédire la sensibilité d’une personne donnée aux émulsifiants alimentaires grâce à des analyses de microbiote. Reste, pour les chercheurs, à vérifier leur capacité à prédire cette sensibilité par une étude avec « une cohorte bien plus large de patients et de malades de Crohn », précise Benoît Chassaing.

Gut https://gut.bmj.com/content/74/5/761

Inserm du 27.01.2025 : https://presse.inserm.fr/le-microbiote-un-allie-de-choix-pour-predire-la-sensibi...

L'espérance de vie va-t-elle atteindre un plafond indépassable ?
Mercredi, 15/10/2025 - 17:50

Des chercheurs de l'Institut Max Planck de Rostock pour la recherche démographique, ont analysé des données massives et ils en ont conclu que la longévité humaine risque d'atteindre un plafond. Leurs projections indiquent qu’aucune génération née après 1938 n’atteindra une espérance de vie moyenne de 100 ans. Ce ralentissement inattendu interroge nos modèles sociaux et économiques, fondés sur une croissance continue de la durée de la vie.

Le XXe siècle a été marqué par des gains sans précédent en matière de durée de vie, de l'ordre de 5 ans au niveau mondial. Cette progression était principalement portée par la réduction drastique de la mortalité infantile, grâce aux avancées de la médecine, à l’amélioration de l’alimentation et des conditions d’hygiène. Les statistiques montrent que les enfants nés dans les années 1950 avaient une probabilité bien plus faible de mourir jeunes que ceux nés cinquante ans plus tôt. Cependant, cette tendance s’est essoufflée pour les cohortes nées après 1938.

Les travaux de Héctor Pifarré i Arolas et Carlo Giovanni Camarda, s’appuyant sur la Base de données sur la mortalité humaine, démontrent que les gains deviennent marginaux. Même dans les populations les plus favorisées, comme celles du Japon ou de Hong Kong, la courbe plafonne. Les chercheurs soulignent que la quasi-élimination des décès précoces a épuisé ce levier de progrès. Désormais, l’allongement de la vie ne peut provenir que de gains chez les personnes très âgées, un défi autrement plus complexe.

La pandémie de Covid-19 a, par ailleurs, mis en lumière la fragilité de ces acquis, causant un recul notable de l’espérance de vie dans de nombreux pays, des États-Unis à l’Europe. Cet événement a rappelé que les habitudes de vie, l’accès aux soins et les inégalités, restent des facteurs déterminants. La lutte contre l’obésité ou la consommation d’alcool devient donc un enjeu de santé publique tout aussi crucial que la recherche médicale de pointe. Si la médecine a fait des miracles pour traiter les maladies chroniques, elle se heurte aujourd’hui à la biologie fondamentale du vieillissement. Le corps humain possède une résilience limitée ; ses cellules ne peuvent se diviser indéfiniment. Stuart Jay Olshansky, expert en gérontologie, explique que nous avons largement exploité les "gains faciles" et que nous faisons maintenant face à la frontière ultime de la longévité humaine. Les projections les plus optimistes butent sur cette réalité biologique.

Les données recueillies dans des pays comme la France, la Suède ou la Corée du Sud sont sans équivoque : la proportion de centenaires restera infime. Même en imaginant des percées majeures en géroscience, leur déploiement à l’échelle de toute une population prendrait des décennies. De plus, les inégalités sociales et économiques freinent la diffusion uniforme des innovations. Une étude parue dans Nature Aging (revue scientifique) confirme que l’âge maximum observé chez les femmes et les hommes stagne, malgré les avancées.

La prévention joue un rôle clé, mais son impact a ses limites. Promouvoir une alimentation saine et lutter contre la sédentarité permet de gagner quelques années de vie en bonne santé, mais pas de repousser le plafond de verre des 100 ans en moyenne. La complexité des interactions génétiques et environnementales rend toute prévision audacieuse hasardeuse. La maladie d’Alzheimer, par exemple, résiste encore largement à nos traitements.

Ce plafonnement de la longévité a des implications profondes pour les politiques publiques. Pendant des décennies, les gouvernements ont ajusté les systèmes de retraite et de dépendance sur l’hypothèse d’une augmentation constante. La stabilisation de l’espérance de vie remet en cause ces modèles. Les projections démographiques doivent être révisées, ce qui aura un impact direct sur le financement de la protection sociale.

L’enjeu n’est plus seulement de vivre plus longtemps, mais de vivre mieux. Les années gagnées ces dernières décennies ne sont pas toujours synonymes de bonne santé ; elles s’accompagnent souvent d’une prolongation de la période de dépendance et de maladies chroniques. Ce phénomène pèse lourdement sur les systèmes de soins et les familles. L’écart d’espérance de vie entre les catégories socio-professionnelles reste important, voire s’aggrave dans certains pays comme les États-Unis. Les habitudes de vie (tabagisme, alcool, obésité) et l’accès inégal aux soins de qualité sont des facteurs déterminants. Une étude menée en Australie et en Suisse montre que le niveau de revenu et d’éducation influence directement le nombre d’années vécues en bonne santé.

Face à ce constat, la priorité absolue est le virage vers la prévention. Investir dans la santé publique pour agir sur les déterminants de la santé (logement, nutrition, activité physique) est plus que jamais nécessaire. La lutte contre l’obésité infantile ou la promotion d’une alimentation équilibrée sont des leviers puissants pour améliorer la qualité de vie des futures générations, même sans repousser la limite absolue.

Certes, la géroscience, discipline émergente qui étudie les mécanismes biologiques du vieillissement, offre des pistes prometteuses. Au lieu de cibler une maladie spécifique, elle vise à ralentir le processus de vieillissement lui-même. Cependant, les chercheurs comme ceux de l’Institut Max Planck pour la recherche démographique restent prudents : ces innovations mettront du temps à faire leurs preuves et à être accessibles à tous. Selon eux, l’objectif à atteindre n'est plus une course au record de longévité, mais l’optimisation de la durée de vie en bonne santé et en pleine autonomie.

PNAS : https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2519179122

Des scientifiques veulent ressusciter un gène vieux de 20 millions d’années pour combattre la goutte
Mercredi, 15/10/2025 - 17:40

La goutte se manifeste par l’apparition de poussées inflammatoires articulaires, récidivantes et spontanément résolutives. La principale cause de cette maladie est la présence excessive d’acide urique dans le sang. Cette molécule, produite naturellement par le corps lors de la dégradation des purines présentes dans de nombreux aliments, comme l’alcool, les viandes rouges ou encore les boissons sucrées, est généralement éliminée lorsque l’on urine. Mais dans le cas des personnes atteintes de la goutte, l’acide urique, en quantité excessive, va former des microcristaux qui vont se déposer au niveau des articulations et des tissus entourant. Si des médicaments anti-inflammatoires existent pour soulager cette maladie, qui touche 3 à 4 fois plus les hommes que les femmes, des scientifiques ont eu une autre idée : ressusciter un gène disparu il y a plus de 20 millions d’années.

Ce gène, c’est l’uricase, capable de produire une enzyme permettant de réduire le taux d’acide urique dans le corps. Disparu il y a 20 à 29 millions d'années, les chercheurs pensent qu’à cette époque, l’excès d’acide urique était utile pour survivre en période de pénurie alimentaire, en transformant notamment le sucre des fruits en graisse.

Ce gène aurait donc progressivement disparu, compte-tenu du fait que la nourriture ne soit plus aussi rare qu’à l’époque. Mais des biologistes de l'Université d'État de Géorgie, aux États-Unis, se sont demandé s’il était possible de "réanimer" l’uricase. Dans une étude publiée le 18 juillet 2025 dans la revue Scientific reports, ils expliquent avoir essayé en utilisant la technique d'édition génétique CRISPR (Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats).

Ils ont travaillé avec des versions fonctionnelles de ce gène encore présentes chez certains animaux, comme les souris, les chats ou encore les oiseaux. Après avoir obtenu un nouveau gène, les chercheurs l’ont testé sur des cellules hépatiques humaines modifiées, qui ont produit de l’uricase. Lais Balico et Eric Gaucher, biologistes à l'Université d'État de Géorgie à l’origine de cette étude, ont observé que le taux d’acide urique, ainsi que les dépôts de graisse issus du sucre des fruits, ont été réduits. « En réactivant l'uricase dans les cellules hépatiques humaines, nous avons réduit l'acide urique et empêché les cellules de transformer l'excès de fructose en triglycérides – les graisses qui s'accumulent dans le foie », a expliqué Eric Gaucher.

Cependant, les chercheurs indiquent que des recherches supplémentaires, qu’ils réalisent notamment sur des animaux, sont attendues pour savoir comment l’enzyme produite par l’uricase s’est retrouvée dans de petits compartiments cellulaires appelés peroxysomes. Les travaux à venir permettront également de voir si l’introduction de ce nouveau gène ne présente aucun risque pour l’Homme. Les résultats sont malgré tout prometteurs et un espoir pour lutter contre d'autres maladies chroniques comme l’insuffisance rénale, l’hypertension artérielle ou le diabète, qui peuvent favoriser l’apparition de la goutte, pathologie qui touche environ 1% de la population, soit 600 000 personnes en France...

Science Alert : https://www.sciencealert.com/scientists-revive-20-million-year-old-gene-to-help-...

Des bactéries capables de transformer les déchets alimentaires en bioplastiques
Mercredi, 15/10/2025 - 17:30

Des chercheurs de l’Université de Binghamton (USA) proposent d’utiliser des bactéries afin de transformer les déchets fermentés en PHA, un plastique biodégradable pouvant notamment servir à la fabrication d’emballages. Les PHA sont une famille de bioplastiques obtenus par fermentation bactérienne, dont la composition et la structure chimique varient suivant différents paramètres : nature du substrat, type de bactérie, conditions de fermentation, etc.

L’équipe de chercheurs américaine propose d’utiliser une bactérie appelée C. necator, afin de convertir les déchets alimentaires en acide lactique, puis en PHB, un monomère de PHA à courtes chaînes carbonées. En milieu aérobie, la dégradation de la matière organique par des micro-organismes conduit forcément à la formation de CO2, puisque les sucres sont complètement transformés en CO2 et en H2O. À l’inverse, le processus de fermentation anaérobie (c’est-à-dire sans oxygène) qui se produit lors de la méthanisation conduit majoritairement à la formation de CH4, un gaz à effet de serre bien plus puissant que le CO2, mais qui a l’avantage d’être utilisable comme biogaz.

De son côté, la fermentation lactique est également un processus anaérobie, mais qui n’émet pas de CO2 ni de CH4, les sucres étant transformés en acide lactique. Or, cet acide lactique est une molécule particulièrement polyvalente, qui peut servir de matière première à de nombreux produits, notamment des polymères biodégradables, des solvants biosourcés (esters lactiques), des plastifiants, mais aussi à de nombreux précurseurs chimiques (propylène glycol, acryliques, etc.). La transformation de déchets alimentaires en acide lactique répond ainsi à un double enjeu environnemental. D’une part, elle évite une partie des émissions de CO2 et d’autre part, elle réduit le gaspillage, puisque le déchet redevient une ressource.

Les travaux conduits par l’équipe de chercheurs de l’Université de Binghamton et publiés dans la revue Bioresource Technology présentent, en outre, un fort intérêt industriel, car ils offrent des perspectives de réduction des coûts de production en PHA. En effet, la production de plastiques biodégradables est actuellement réputée pour être très coûteuse, car elle repose sur des substrats de sucre raffiné et des cultures pures de micro-organismes. Le fait d’utiliser des déchets organiques au lieu du sucre raffiné permet donc de réduire fortement le coût en matière première, tout en diminuant l’impact environnemental. Par ailleurs, le procédé mis en place par les chercheurs est particulièrement robuste, à condition de maîtriser certains paramètres : mélange des types d’aliments dans des ratios connus et contrôle de la température et du pH durant la fermentation, afin de favoriser la croissance des bactéries productrices d’acide lactique. Les résultats de l’étude démontrent également que les déchets utilisés peuvent être stockés pendant au moins une semaine, sans réduire le taux de bioconversion, ce qui offre une certaine flexibilité dans la collecte à échelle industrielle.

Science Direct : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0960852425006856?via%3Dihub

Première mondiale : une opération chirurgicale réalisée au sommet du Tibet, à 4 000 km de distance
Mardi, 14/10/2025 - 18:44

Alors que les besoins médicaux et chirurgicaux ne cessent d'augmenter, du fait de l'augmentation et du vieillissement de la population mondiale, La chirurgie robotique à distance, portée par l’essor de la 5G, ouvre de nouvelles et incroyables perspectives pour opérer en toute sécurité les patients vivant dans des régions  isolées. C’est à Nagqu, une ville tibétaine perchée dans l’un des environnements les plus extrêmes du monde, que cette intervention inédite a eu lieu. Dans cet hôpital isolé, le docteur Wang Yanlong, urologue détaché depuis la province du Liaoning, a collaboré en temps réel avec le professeur Liu Zhiyu, resté dans son établissement d’origine à plus de 4 000 kilomètres. Ensemble, ils ont mené une opération robotisée d’une précision remarquable, rendue possible par la qualité de la transmission 5G.

Cette avancée ne se limite pas à un exploit technique. Elle répond avant tout à une urgence locale. Dans cette région, les pénuries de spécialistes reviennent sans cesse et l’accès aux soins complexes reste hors de portée. De plus, comme l’a souligné Euronews, chaque opération devient un véritable défi. La rareté des compétences, la rudesse du climat et l’isolement logistique compliquent encore la situation. L’initiative voulait donc prouver qu’un acte chirurgical complexe pouvait être mené dans un territoire médicalement délaissé. La chirurgie robotique à distance permet de dématérialiser la présence du praticien sans réduire la qualité de l’acte. Pour cela, elle repose sur des technologies à la fois robustes et ultrarapides : bande passante élevée, latence infime, transmission vidéo en haute définition et robotique chirurgicale de précision.

Euronews : https://www.euronews.com/health/2025/09/09/worlds-first-5g-remote-robotic-surger...

L’ingénierie de l’ARN autoamplifiant : une nouvelle arme contre le cancer
Mardi, 14/10/2025 - 18:38

Les nouvelles thérapies à base d’ARN suscitent un intérêt croissant en oncologie car elles ouvrent des perspectives transformatrices pour le traitement du cancer. Une piste thérapeutique particulièrement novatrice repose sur l’ARN autoamplifiant (ARNaa), c’est-à-dire capable de se répliquer à l’intérieur des cellules. Cette technologie ouvre la voie à des traitements contre le cancer encore plus efficaces et mieux tolérés pour les personnes atteintes.

Contrairement à la croyance populaire, l’usage thérapeutique de l’ARN n'est pas une technologie née dans l’urgence pandémique, elle l’a simplement révélée au grand public. Les scientifiques travaillaient avec cette molécule bien avant que les vaccins à ARN messager (ARNm) contre la COVID-19 ne la propulsent sur le devant de la scène. L’ARNm est une des formes d’ARN jouant un rôle essentiel, car il transporte l’information – la recette – pour fabriquer les protéines nécessaires au bon fonctionnement des cellules du corps.

Grâce aux avancées scientifiques portées par l’ingénierie moléculaire, on peut fabriquer de l’ARNm de manière synthétique. Il est alors encapsulé dans une nanoparticule lipidique (qui agit comme un transporteur) pour lui permettre de pénétrer dans la cellule. Une fois à l’intérieur, l’ARNm classique produit une protéine – un antigène – qui stimule le système immunitaire à combattre l’intrus. Les vaccins à ARNm classique contre la COVID-19 ne possèdent que les instructions pour produire un antigène.

L’IRCUS étant un milieu particulièrement fertile pour le développement de thérapies à base d’ARN, c’est qui a incité le jeune professeur-chercheur Taha Azad à s’installer à Sherbrooke pour mener son programme de recherche sur l’ARNaa. Les ARNaa thérapeutiques relèvent de l’immunothérapie, lorsqu’ils sont utilisés pour stimuler le système immunitaire contre les cellules cancéreuses. Les applications anticancers des ARNaa sont multiples et promettent de repousser les limites de l’immunothérapie en surmontant les défis qui freinent encore aujourd’hui son efficacité pour de nombreux patients.

Ils peuvent notamment être conçus comme des vaccins thérapeutiques personnalisés, en ajoutant les instructions pour éliminer spécifiquement les cellules cancéreuses d’un patient en ciblant leurs néoantigènes ─ des protéines uniques produites par les cellules cancéreuses ─ absentes des cellules saines. Ces vaccins sur mesure permettent au système immunitaire du corps d’entrer en action et de se "guérir" lui-même. Les ARNaa peuvent également servir de vecteur pour produire, directement dans les cellules cancéreuses, des traitements d’immunothérapie ou des protéines immunostimulantes destinées à renforcer localement la réponse immunitaire antitumorale.

C’est en 2020 qu’on marque on point tournant avec un premier essai clinique chez l’humain réalisé avec un vaccin à ARNaa. Comme les vaccins à ARNm classique, ceux à ARNaa peuvent être utilisés pour entraîner le système immunitaire, mais avec une efficacité renforcée puisqu’il possède, en plus, des instructions pour se répliquer une fois à l’intérieur des cellules. Cette capacité d’autoamplification permet une production prolongée des protéines, ce qui améliore la réponse immunitaire tout en réduisant les doses nécessaires. On peut ainsi imaginer tout le potentiel thérapeutique de l’ARNaa. L’immunothérapie a révolutionné le traitement du cancer, mais de nombreux défis majeurs persistent, dont le faible taux de réponse de plusieurs cancers menant à l’échec des traitements. Cet outil flexible ouvre la voie à une réelle personnalisation des traitements contre le cancer, un atout majeur pour les personnes qui en sont atteintes.

Université de Sherbrooke : https://www.usherbrooke.ca/actualites/nouvelles/sante/details/56173

Des scientifiques japonais réalisent la première "transplantation de comportement"entre espèces au monde
Mardi, 14/10/2025 - 18:36

Des chercheurs ont réussi à transférer un comportement spécifique d’une espèce à une autre. Cette prouesse, réalisée chez deux espèces de mouches à fruits, bouleverse notre compréhension de la génétique et du comportement animal. L’étude, menée par des scientifiques de l’Université de Nagoya, montre qu’un simple gène peut recâbler le cerveau et induire un comportement totalement inconnu chez l’espèce réceptrice.

Au cœur de cette découverte se trouve le gène Fru, présent chez plusieurs espèces de drosophiles. Ce gène contrôle des comportements de parade nuptiale très différents selon les espèces : Drosophila melanogaster se courtise en chantant, tandis que Drosophila subobscura régurgite de la nourriture pour séduire sa partenaire. Les chercheurs ont identifié que ce gène pouvait agir sur des circuits neuronaux spécifiques pour produire ces comportements, mais que ces circuits variaient selon les espèces.

En utilisant des techniques de manipulation génétique et l’optogénétique, l’équipe a activé le gène Fru dans un ensemble précis de neurones producteurs d’insuline chez D. melanogaster. Cette activation a recréé des connexions neuronales inédites, permettant aux mouches chanteuses de réaliser le "don de nourriture", un comportement qui leur était totalement étranger.

La clé de cette réussite réside dans la découverte que certains comportements peuvent rester latents, cachés dans le câblage neuronal d’une espèce. Les scientifiques ont montré que le comportement de don n’exigeait pas l’apparition de nouveaux neurones, mais simplement un recâblage ciblé de neurones préexistants. Cette observation illustre que de petits changements génétiques dans des circuits spécifiques peuvent engendrer des comportements radicalement différents, offrant un aperçu fascinant de l’évolution comportementale.

L’expérience a été conduite en introduisant de l’ADN dans les embryons, de manière à ce que certaines cellules cérébrales produisent des protéines activées par la chaleur. L’activation ciblée de ces neurones a permis d’observer directement le transfert du comportement. Le processus a démontré que la programmation génétique et le câblage neuronal jouent un rôle central dans la manifestation de comportements complexes, indépendamment de tout apprentissage social.

Ces résultats, publiés dans Science, remettent en question l’idée selon laquelle l’évolution de nouveaux comportements nécessite l’émergence de structures neuronales entièrement nouvelles. Au contraire, il suffit parfois de modifier la connectivité d’un petit nombre de neurones pour générer des comportements totalement inédits. Ce mécanisme pourrait expliquer comment certaines espèces ont diversifié leurs stratégies de reproduction au fil des millions d’années.

La recherche met également en lumière des parallèles potentiels avec la biologie humaine. Les drosophiles partagent environ 60 % de leur patrimoine génétique avec l’homme, et de nombreuses maladies génétiques humaines présentent des équivalents chez ces insectes. Comprendre comment un gène unique peut influencer le comportement chez les drosophiles pourrait ouvrir des pistes pour étudier l’impact des gènes sur le comportement et même certaines pathologies neurologiques chez l’Homme.

Ce qui rend cette expérience encore plus remarquable, c’est que le transfert de comportement s’est produit sans apprentissage ou imitation. Les mouches réceptrices ont exécuté des actions totalement étrangères à leur espèce, simplement grâce à la reprogrammation de leurs circuits cérébraux. Les chercheurs considèrent que cette découverte révèle l’existence de « programmes comportementaux » latents, potentiellement présents mais silencieux dans d’autres espèces, y compris l’homme.

Science : https://www.science.org/doi/10.1126/science.adp5831#con1

L'exercice régulier empêche notre cerveau de rétrécir
Lundi, 13/10/2025 - 16:49

L’exercice peut-il vraiment contribue à maintenir nos capacités mentales de cérébrales ? Oui, si l'on en croit les dernières études sur ce sujet. En vieillissant, nos tissus et organes s’altèrent. La capacité des cellules à se multiplier, se réparer et ainsi à maintenir leur fonctionnalité diminue, ce qui s’accompagne d’une perte progressive de tissu. Il est par exemple plus difficile de conserver une musculature développée… Ce phénomène se produit également dans le cerveau, avec pour conséquence une neurodégénérescence ou perte de neurones et des pertes de fonction.

Concrètement, que ce soit lors de pathologies (maladie d’Alzheimer…) ou lors du vieillissement normal, différents changements se produisent : Un amincissement de la zone corticale (zones superficielles), une perte de substance grise (corps des neurones) et de substance blanche (voies nerveuses, axones des neurones), une augmentation du volume des ventricules (ensemble de cavités à l'intérieur du cerveau où circule le liquide céphalorachidien), et une diminution du nombre de neurones dans différentes zones, notamment l'hippocampe (important pour la mémoire, l'orientation dans l'espace, etc.).

Dans une étude impliquant des centaines de volontaires et courant sur plusieurs années, l’étude de Baltimore, il a été démontré que la réduction de la capacité métabolique associée au vieillissement est à relier à l’augmentation du volume du ventricule cérébral, cet espace « creux » du cerveau. Ce qui entraîne une neurodégénérescence accrue et une atrophie de notre organe de la pensée. Si une diminution de notre capacité métabolique entraîne une perte de volume cérébral, on peut en déduire qu’une meilleure utilisation de l’énergie via l’exercice physique pourrait ralentir la perte de tissu cérébral. Et effectivement, l’avènement de méthodes d’imagerie de plus en plus fiables permet de détecter une partie des changements structurels dans certaines zones du cerveau.

Il a ainsi pu être prouvé que l’exercice physique améliore les capacités cognitives et augmente la taille de certaines zones du cerveau, notamment celles liées à la mémoire. Par exemple, en 2011, un article publié dans la revue PNAS indiquait que l’exercice physique augmentait le volume de l’hippocampe. D’autres études menées chez des personnes âgées ont montré que l’exercice physique prévenait également la perte de volume dans cette zone cérébrale. D’autre part, l’exercice physique contrôlé dans une population âgée a montré une corrélation positive entre lui et la quantité de substance grise dans d’autres aires cérébrales sensibles à la dégénérescence liée à l’âge (comme le lobe temporal).

Lorsque nous faisons de l’exercice, nous soumettons notre corps à un stress modéré, car nous obligeons nos cellules à augmenter leur dépense énergétique. Cela implique la mobilisation des nutriments, qui doivent être déplacés des réserves vers les muscles. Tous les changements physiologiques nécessaires pour faire face à ce stress modéré sont connus sous le nom d'"hormèse".

Dans ce processus, les muscles libèrent des substances qui informent le reste des organes que la demande énergétique augmente. Ces substances de communication sont appelées myokines et sont libérées dans le sang, qui les distribue aux autres organes. Certaines de ces myokines atteignent le cerveau où elles induisent l’expression de gênes (et donc la synthèse de protéines) qui vont augmenter la capacité des neurones à établir de nouvelles connexions ou renforcer les connexions existantes. L’une de ces myokines est le BDNF (facteur neurotrophique dérivé du cerveau), qui est essentiel pour que les neurones puissent établir des connexions et donc rester actifs.

De cette manière simple, nous pouvons expliquer pourquoi l’exercice physique maintient le volume du cerveau – dans notre vie de tous les jours, mais également pendant le vieillissement. D’autre part, l’exercice physique augmente également le flux sanguin et l’oxygénation, ce qui a un effet positif sur l’activité cérébrale, y compris chez les personnes âgées. Enfin, d’autres études ont montré que l’exercice physique modéré produit des effets anti-inflammatoires qui peuvent toucher le cerveau, et ainsi réduire par exemple la progression de la maladie d’Alzheimer ou de la démence sénile.

Sud Ouest du 12.09.2025 : https://www.sudouest.fr/sciences-et-technologie/pourquoi-l-exercice-physique-emp...

Une molécule extraite du bouleau pourrait bloquer le VIH, l’Ebola et la dengue
Lundi, 13/10/2025 - 16:43

Deux molécules qu’on retrouve dans différentes plantes, dont une extraite du bouleau, pourraient empêcher des virus aussi redoutables que le VIH, l’Ebola et la fièvre dengue d’infecter l’organisme, démontrent des travaux réalisés au Québec. Cela pourrait un jour mener au développement de traitements prophylactiques antiviraux à large spectre qui seraient administrés aux populations à risque d’être infectées.

« Ces molécules-là s’attachent à un récepteur sur les cellules du système immunitaire et vont bloquer la voie d’entrée du VIH, mais c’est une voie d’entrée qui est également utilisée par le virus Ebola, par le SRAS-CoV-2 et par le virus de la dengue », a résumé le professeur Charles Gauthier, de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). « C’est vraiment un récepteur principal ». Le professeur Gauthier et ses collègues se sont intéressés à l’acide bétulinique, qu’on retrouve notamment dans l’écorce du bouleau et dans le champignon Chaga, et à l’acide échinocystique, qui a été trouvé dans le tournesol et d’autres plantes.

Les scientifiques ont utilisé une méthodologie unique pour modifier ces molécules en y ajoutant un sucre, le Lewis X, ce qui a donné naissance à de nouveaux composés chimériques qui n’avaient jamais auparavant été décrits dans la littérature scientifique, les « saponines ». Ces composés présentent plusieurs avantages par rapport aux molécules originales, notamment d’être beaucoup plus solubles dans l’eau ; de se dissoudre relativement facilement dans des milieux biologiques ; et, ce qui est loin d’être anodin, d’être sans danger pour les cellules humaines. « Nos résultats suggèrent que ces saponines sont prometteuses pour prévenir les premiers stades de l’infection par le VIH-1 tout en étant relativement non toxiques in vivo », écrivent ainsi les auteurs.

Une autre propriété intéressante des saponines réside dans leur capacité à former spontanément des structures appelées « micelles » ou à s’intégrer à des structures ― les liposomes ― qui transportent des substances à travers l’organisme. Cela pourrait permettre, dans des travaux futurs, d’améliorer encore davantage leur efficacité contre le VIH, notamment en facilitant leur ciblage vers les cellules touchées par le virus. De plus, ajoutent les chercheurs, comme les saponines interfèrent avec une voie que plusieurs agents infectieux, et non seulement le VIH, utilisent pour infiltrer les cellules humaines, ils étudient « actuellement l’activité inhibitrice des saponines […] contre d’autres agents pathogènes », comme la fièvre hémorragique Ebola, la fièvre dengue et même le SARS-CoV-2.

Les propriétés antivirales de l’acide bétulinique sont connues depuis longtemps, mais son utilisation était limitée par le fait que la molécule est essentiellement impossible à dissoudre dans l’eau, ce qui rend son administration difficile en médecine. Les travaux du professeur Gauthier et de ses collègues pourraient permettre de surmonter cet obstacle. Et puisqu’on retrouve de l’acide bétulinique en grande quantité dans l’écorce de bouleau, on pourrait envisager une nouvelle valorisation de ce résidu courant de l’industrie forestière. « On ne sait pas quoi faire de ces écorces-là », a dit le professeur Gauthier, qui est également membre de l’Unité mixte de recherche INRS-UQAC en santé durable. « On en fait des panneaux, on les fait brûler… Donc, on pourrait utiliser des résidus d’écorces, isoler ces molécules, ajouter le sucre de type Lewis […] et générer ces molécules qui pourraient prévenir l’apparition du virus du sida ».

Ces travaux pourraient ne représenter que la pointe de l’iceberg, a ajouté le professeur Gauthier, puisqu’il y a des raisons de croire que l’ajout du sucre de type Lewis X à d’autres molécules qu’on retrouve dans la nature pourrait mener au développement d’encore plus de produits aux propriétés intéressantes, comme des adjuvants vaccinaux. Tout ça met en lumière la richesse inimaginable de la nature qui nous entoure et prouve qu’elle recèle encore des surprises au potentiel révolutionnaire.

La Presse : https://www.lapresse.ca/actualites/sciences/2025-07-03/etude/une-molecule-extrai...

Le vaccin contre l’hépatite B pourrait réduire le risque de diabète
Lundi, 13/10/2025 - 16:41

Le vaccin contre l’hépatite B pourrait permettre une réduction significative du risque de diabète chez les personnes ayant reçu ce vaccin, même en l'absence d'infection virale préalable. Pour explorer ce phénomène, l’équipe de Nhu-Quynh Phan à l’université médicale de Taipei a analysé les dossiers de plus de 580 000 adultes répartis sur plusieurs continents. Aucun n'avait contracté l’hépatite B, mais environ la moitié présentait une immunisation, attestée par des marqueurs d’anticorps dans le sang. Les résultats, présentés au congrès européen du diabète à Vienne, indiquent une diminution de 15 % des cas de diabète chez les individus vaccinés. Cette tendance reste valable, même en excluant toute infection antérieure par le virus, ce qui suggère un effet indépendant de la simple prévention virale, selon New Scientist.

Dans une étude parue dans PLOS One, des chercheurs ont associé cette observation. Ils ont montré que les personnes immunisées couraient 33 % de risques en moins de développer un diabète. Cette conclusion rappelle que la seule injection d’un vaccin ne garantit pas la protection. Ce serait surtout la réussite de l’immunisation qui joue un rôle essentiel dans la défense observée. Le lien entre hépatite B et diabète ne date pas d’hier. En affectant le foie, le virus perturbe sa capacité à stocker le sucre et à réguler les hormones métaboliques. Ce déséquilibre peut favoriser l'apparition d’un diabète de type 2. Mais ce que révèlent aujourd’hui les chercheurs, c’est que la vaccination pourrait donc limiter ce dérèglement même sans infection préalable.

L’une des hypothèses avancées est la diminution de l’inflammation chronique. En renforçant l’immunité face à certaines agressions virales, le vaccin réduirait l’activation permanente du système immunitaire. Cette hyperactivité, lorsqu’elle devient chronique, affecte les organes impliqués dans le métabolisme, comme le pancréas et le foie. C’est cette cascade inflammatoire silencieuse qui pourrait jouer un rôle central dans le développement du diabète, notamment par une altération de la production d’insuline. Ce mécanisme reste encore mal compris, mais la présence d’un effet dose-réponse renforce l’idée d’une action biologique. Plus les taux d’anticorps dirigés contre le virus sont élevés, plus le risque de diabète diminue. Cela suggère que le nombre de doses reçues ou la qualité de la réponse immunitaire jouent un rôle essentiel. Si ces résultats se confirment dans des études prospectives, le vaccin contre l’hépatite B pourrait devenir un outil de prévention bien plus large que prévu. L’impact sur la santé publique serait considérable, d’autant que la couverture vaccinale chez les adultes reste très inégale. Aux États-Unis, seuls 30 % des adultes de plus de 19 ans ont reçu les trois doses recommandées, selon les données du CDC.

Ce faible taux de couverture s’explique en partie par le fait que la vaccination ciblait jusqu’à récemment uniquement les personnes à risque. Depuis 2021, les autorités américaines recommandent une vaccination universelle des adultes jusqu’à 59 ans, sans qu’un facteur de risque soit nécessaire. Ce changement de stratégie vise à étendre la protection, mais aussi à contourner les limites des systèmes de détection du risque, souvent inefficaces ou stigmatisants. La perspective d’un effet bénéfique sur le diabète pourrait convaincre les professionnels de santé et les patients d’adhérer davantage à cette recommandation. Dans un contexte où le diabète de type 2 touche des centaines de millions de personnes à travers le monde, chaque levier de prévention compte. La vaccination, initialement conçue pour bloquer une infection, pourrait ainsi devenir un rempart inattendu contre une maladie chronique aux multiples facettes.

New Scientist : https://www.newscientist.com/article/2494690-hepatitis-b-vaccine-linked-with-a-l...

^ Haut
VOTRE INSCRIPTION
Vous recevez cette lettre car vous êtes inscrits à la newsletter RTFLash. Les articles que vous recevez correspondent aux centres d'intérêts spécifiés dans votre compte.
Désinscription Cliquez sur ce lien pour vous désinscrire.
Mon compte pour créer ou accéder à votre compte et modifier vos centres d'intérêts.
PLUS D'INFOS
Suivez-nous sur Twitter
Rejoignez-nous sur Facebook
 http://www.rtflash.fr
back-to-top