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RTFLASH Recherche & Technologie
NUMERO 1327
Lettre gratuite hebdomadaire d’informations scientifiques et technologiques
Créée par René Trégouët rapporteur de la Recherche et Président/fondateur du Groupe de Prospective du Sénat
Edition du 12 Septembre 2025
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Egalement dans ce numéro
Matière
Une nouvelle technologie membranaire pourrait élargir l’accès à l’eau pour l’agriculture et l’industrie
Un matériau spongieux et l’énergie solaire éliminent le sel de l’eau de mer
Terre
Transformer le CO2 industriel en matériau de construction
Vivant
Une biopsie liquide à base d'ARN détecte un cancer colorectal précoce avec une grande précision
Un test sanguin unique pour des milliers de maladies rares
Maladie de Parkinson : le côté atteint prédit l’évolution de la maladie
La bactérie Helicobacter pylori serait responsable d'une majorité des cancers de l'estomac
Un capteur bon marché détecte le cancer ou le VIH depuis chez vous en auto-test
Les cellules de la peau, un indicateur de vieillissement en bonne santé
Obésité : le rôle insoupçonné des astrocytes
L'exercice améliore considérablement les chances de survie à un cancer du côlon
Les hormones produites par le placenta jouent un rôle majeur dans le développement du cerveau
La formation de la vie commence avant même la formation des étoiles
Un régime alimentaire riche en lipides protégerait le cerveau de la démence
Des bactéries de la bouche à l'origine de plusieurs types de cancer
Edito
Le Forum Économique Mondial et les technologies qui pourraient changer le monde



Résumé de l’édito de ce jour :

Le Forum Économique Mondial (WEF) a identifié sept technologies émergentes susceptibles de transformer le monde.

1°/ Les composites structuraux pour batteries (SBC) intègrent les batteries directement dans les matériaux de construction (véhicules, bâtiments), rendant ces derniers plus légers et plus écologiques.

2°/L'énergie osmotique génère de l'électricité à partir de la différence de salinité entre l'eau douce et l'eau salée, avec un potentiel énergétique mondial considérable.

3°/Les petits réacteurs modulaires (SMR) sont une nouvelle génération de réacteurs nucléaires plus petits, plus sûrs et moins coûteux.

4°/Les thérapies vivantes utilisent des micro-organismes modifiés pour traiter des maladies de manière ciblée.

5°/Les médicaments repositionnés, comme ceux contre le diabète, se révèlent efficaces contre des maladies neurodégénératives comme Alzheimer.

6°/Les capteurs biochimiques autonomes surveillent en continu des données corporelles ou environnementales (hydratation, pollution).

7°/Les filigranes génératifs sont des tatouages numériques invisibles qui permettent de vérifier l'authenticité des contenus créés par l'IA et de lutter contre la désinformation.

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 EDITORIAL :

Le Forum Économique Mondial (WEF), fondé en 1971 par l'économiste Klaus Schwab, est une fondation à but non lucratif qui rassemble 1000 des entreprises les plus influentes de la planète. Son objectif est d'« améliorer l'état du monde » en favorisant la coopération entre les secteurs public et privé. Son sommet annuel de Davos réunit des chefs d'État, des dirigeants d'entreprise, des ONG et des experts. Le Conseil du WEF est composé de 22 membres, dont des figures clés comme le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, et la présidente de la BCE, Christine Lagarde.

Le sommet de Davos 2025, sur le thème de « La collaboration à l'ère de l'intelligence », a accueilli plus de 3000 participants. Un temps fort a été la présentation du rapport "L'avenir du travail 2025" (voir World Economic Forum/). L'étude révèle que la transformation du marché du travail concernera 22 % des emplois d'ici 2030, avec la création nette de 78 millions d'emplois. Elle souligne que 40 % des compétences requises vont changer et que le déficit de compétences reste l'obstacle le plus important pour les entreprises. Cependant, les compétences humaines comme la pensée créative et la flexibilité demeureront essentielles.

Cette année, le WEF a également mis l'accent sur les conséquences économiques du changement climatique. Selon plusieurs experts, les phénomènes météorologiques extrêmes pourraient coûter jusqu'à 12 500 milliards de dollars en pertes économiques d'ici la fin du siècle. Face à ce défi, le WEF propose de créer un fonds mondial de 100 milliards de dollars pour la préservation des forêts et de doubler les investissements en reforestation d'ici 2030. D'autres engagements ont été pris, comme la création d’un fonds de transition énergétique pour les pays en développement et l'objectif de neutralité carbone d'ici 2040 pour les entreprises présentes à Davos. Le Forum a aussi souligné l'apport de l'IA pour relever les défis climatiques, comme en Inde où des drones analysent la qualité des sols pour optimiser les rendements agricoles et réduire l'utilisation de pesticides.

Les technologies de rupture

C'est dans ce contexte que le WEF a sélectionné plusieurs technologies émergentes qui, selon lui, vont bouleverser nos économies et nos sociétés (voir WEF). Ces innovations s'inscrivent dans quatre grandes tendances : la sécurisation numérique, les biotechnologies pour la santé, la production durable et l'énergie, et la synergie entre différentes disciplines.

1. Les batteries structurales

La première technologie est celle des composites structuraux pour batteries (SBC), qui permettent aux matériaux de servir à la fois de structure et de batterie. Les SBC pourraient intégrer la batterie au châssis des véhicules électriques, les rendant plus légers et plus performants. Le professeur Emile Greenhalgh, de l'Imperial College de Londres, dirige un programme de recherche pour y parvenir d'ici 2030. Au-delà des transports, les structures des bâtiments pourraient également devenir des batteries. Une équipe franco-espagnole a présenté une batterie solide zinc-ion qui utilise un polymère à base de métakaolin (voir Material Horizons).

2. L'énergie osmotique

La deuxième innovation est l'énergie osmotique, qui produit de l'électricité à partir de la différence de salinité entre l'eau douce et l'eau salée. Grâce aux progrès des nanomatériaux, cette énergie propre est en plein essor. La France est un leader dans ce domaine. Une centrale expérimentale, résultat d'un partenariat entre Sweetch Energy, la Compagnie nationale du Rhône et EDF Hydro, a démarré fin 2024 à Port-Saint-Louis-du-Rhône, en Camargue. Le potentiel mondial est considérable, estimé à 13 000 TWh, soit 15 % de la consommation mondiale d'électricité prévue en 2050 (voir EIC Scaling Club).

3. Les petits réacteurs modulaires (SMR)

La troisième innovation concerne les réacteurs nucléaires miniatures (SMR), moins coûteux et plus flexibles. Ils pourraient répondre à la demande croissante d'électricité décarbonée. Aux États-Unis, la Tennessee Valley Authority (TVA) a demandé l'autorisation de construire un SMR BWRX-300 pour une commercialisation à l'horizon 2033 (voir Tennessee Valley Authority). En Europe, un consortium a été lancé pour développer l'EAGLES-300, un SMR de 4e génération refroidi au plomb, qui devrait être commercialisé en 2039 (voir World Nuclear News).

4. Les thérapies vivantes

La quatrième innovation est celle des thérapies vivantes, qui utilisent des micro-organismes génétiquement modifiés pour une action thérapeutique ciblée. Les entreprises développent des solutions pour que microbes, cellules ou champignons agissent comme de minuscules usines à médicaments. L'entreprise américaine Chariot Bioscience travaille sur des plates-formes qui libèrent des agents thérapeutiques en une seule dose. La société japonaise NEC utilise une souche de Salmonella pour renforcer le système immunitaire contre les cellules cancéreuses (voir NEC).

5. Les médicaments "repositionnés"

La cinquième innovation est le repositionnement de médicaments. Une classe de médicaments initialement conçue pour le diabète et l'obésité (agonistes du récepteur GLP-1) s'avère prometteuse pour les maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson. Des études récentes ont confirmé que ces médicaments réduisent l'inflammation cérébrale et favorisent l'élimination des protéines toxiques (voir JAMA Neurology).

6. Les capteurs biochimiques autonomes

La sixième innovation concerne les capteurs biochimiques autonomes, de petits dispositifs fiables et économes en énergie qui analysent en continu des données corporelles ou environnementales. Ils peuvent détecter des marqueurs de maladies ou de pollution. L'exemple le plus connu est le glucomètre portable. Des chercheurs de l'Université du Texas à Austin ont mis au point un nouveau capteur d'hydratation sans fil, plus simple et plus rapide (voir PNAS).

7. Les filigranes génératifs

Enfin, la dernière innovation est celle des filigranes génératifs. Ces marqueurs numériques, invisibles et infalsifiables, servent à garantir l'authenticité des contenus créés par l'IA. Ils aident à lutter contre la désinformation et à renforcer la confiance dans le contenu numérique. Fin 2024, Google a présenté SynthID, une solution qui intègre une signature numérique invisible mais traçable dans les métadonnées des fichiers (voir Google).

Conclusion

Le WEF considère que les technologies de production d'énergies décarbonées, les nouveaux outils de bio-ingénierie et de repositionnement pharmaceutique, ainsi que les outils de traçabilité numérique, vont bouleverser nos économies d'ici 2030. Ces derniers pourraient restaurer la confiance nécessaire à l'utilisation généralisée des IA.

La France est bien positionnée dans ces secteurs stratégiques grâce à l'excellence de sa recherche. Cependant, face à la montée en puissance de nouveaux compétiteurs comme la Chine, l'Inde et le Brésil, notre pays et notre continent doivent trouver de nouvelles voies de coopération pour intensifier l'effort de recherche dans ces domaines qui transformeront nos sociétés en profondeur.

René Trégouët

Sénateur Honoraire

Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

Rédacteur en Chef de RT Flash

e-mail : tregouet@gmail.com


Matière
Matière et Energie
Une nouvelle technologie membranaire pourrait élargir l’accès à l’eau pour l’agriculture et l’industrie
Mercredi, 10/09/2025 - 18:15

On estime que 40 % de l’approvisionnement en eau des États-Unis provient des réserves d’eau souterraines, mais il existe beaucoup plus d’eau souterraine saumâtre, dont une grande partie est toutefois trop salée en raison de sa teneur en calcium et en magnésium pour être utilisée à des fins pratiques. En fait, selon les estimations de l’U.S. Geological Survey, la quantité d’eau souterraine saumâtre aux États-Unis est plus de 800 fois supérieure à la quantité d’eau souterraine douce pompée chaque année à partir de toutes les autres sources. En traitant suffisamment les eaux souterraines saumâtres pour séparer les sels et autres contaminants, les États-Unis pourraient considérablement augmenter leur approvisionnement en eau disponible.

Une nouvelle technologie dote les membranes utilisées dans le processus de dessalement par osmose inverse d’une conductivité électrique, améliorant ainsi leur capacité à séparer les sels et autres contaminants des eaux difficiles à traiter. Active Membranes, une entreprise basée en Californie, a obtenu la licence de cette technologie développée par l’université de Californie à Riverside et l’université de Californie à Los Angeles afin de poursuivre son développement et de la commercialiser.

Son équipe a reçu un financement pour ces travaux de la part de la National Alliance for Water Innovation (NAWI), un partenariat public-privé dirigé par le Lawrence Berkeley National Laboratory (Berkeley Lab) du département américain de l’Énergie. La NAWI se concentre sur le développement de technologies permettant l’utilisation de sources d’eau non conventionnelles dans des conditions réelles. Outre le soutien fédéral, la NAWI bénéficie du soutien de plusieurs agences californiennes chargées de l’eau, ce qui reflète le vif intérêt de la région pour la sécurisation de l’approvisionnement en eau.

Selon Peter Fiske, directeur exécutif de la NAWI, la nouvelle membrane active permet de traiter efficacement les eaux usées qui remontent à la surface lors de l’extraction du pétrole et du gaz. Cette « eau produite » est chargée de sels, de particules et d’hydrocarbures, qui contribuent tous à l’entartrage et à l’encrassement rapides des membranes conventionnelles. « Dans un puits de pétrole normal, il y a beaucoup plus d’eau produite que de pétrole, et l’élimination de cette eau limite souvent la production de pétrole et de gaz. Le traitement et le dessalement de l’eau produite pourraient permettre à ces "eaux usées" de devenir une source d’irrigation pour l’agriculture », a déclaré M. Fiske.

Une méthode largement utilisée pour éliminer les sels dissous et autres contaminants de l’eau est l’osmose inverse (RO). La RO utilise des membranes ultrafines qui permettent à l’eau sous pression de passer à travers la membrane tout en bloquant le sel et les autres contaminants. Un problème courant lié à la purification de l’eau par membrane est l’accumulation de sels et de matières organiques sur la membrane, deux phénomènes appelés respectivement "entartrage" et "encrassement". Pour éviter l’entartrage, les membranes RO doivent être fréquemment lavées à contre-courant et nettoyées, ce qui augmente les coûts et réduit la production d’eau. Pour surmonter ce problème, Active Membranes a mis au point une nouvelle approche pour maintenir les membranes propres. En appliquant un revêtement ultra-fin et électriquement conducteur sur la membrane, puis en chargeant la surface avec une faible tension, les ions de sel et autres espèces chargées présentes dans l’eau sont repoussés de la surface de la membrane, ce qui réduit l’entartrage et l’encrassement. Lors d’un récent essai pilote mené dans le comté de Ventura, qui a comparé les membranes électriquement « actives » aux membranes conventionnelles, les membranes actives ont démontré une amélioration de 20 à 30 % de la production d’eau.

Berkeley Lab : https://newscenter.lbl.gov/2025/06/30/new-membrane-technology-could-expand-acces...

Un matériau spongieux et l’énergie solaire éliminent le sel de l’eau de mer
Mercredi, 10/09/2025 - 18:13

Il existait déjà des matériaux spongieux qui utilisent la lumière du soleil comme source d’énergie durable pour nettoyer ou dessaler l’eau. Par exemple, un hydrogel inspiré du luffa, contenant des polymères dans ses pores, a été testé sur de l’eau contaminée au chrome et, lorsqu’il a été chauffé par le soleil, l’hydrogel a rapidement libéré une vapeur d’eau propre et récupérable par évaporation. Mais alors que les hydrogels sont mous et remplis de liquide, les aérogels sont plus rigides et contiennent des pores solides qui peuvent transporter de l’eau liquide ou de la vapeur d’eau. Les aérogels ont été testés comme moyen de dessalement, mais ils sont limités par leur performance d’évaporation, qui diminue à mesure que la taille du matériau augmente.

L'équipe chinoise de Xi Shen a voulu concevoir un aérogel poreux pour le dessalement qui conserve son efficacité à différentes tailles. Les chercheurs ont fabriqué une pâte contenant des nanotubes de carbone et des nanofibres de cellulose, puis l’ont imprimée en 3D sur une surface gelée, en laissant chaque couche se solidifier avant d’ajouter la suivante. Ce processus a permis de former un matériau spongieux avec de minuscules trous verticaux répartis uniformément, chacun d’environ 20 micromètres de large. Ils ont testé des morceaux carrés de ce matériau, dont la taille variait de 1 centimètre à environ 8 centimètres de large, et ont constaté que les plus grands morceaux libéraient de l’eau par évaporation à des taux aussi efficaces que les plus petits.

Lors d’un test en extérieur, les chercheurs ont placé le matériau dans un récipient contenant de l’eau de mer, recouvert d’un couvercle en plastique transparent incurvé. La lumière du soleil a chauffé la partie supérieure du matériau spongieux, évaporant uniquement l’eau, et non le sel, en vapeur d’eau. La vapeur s’est condensée sur le couvercle en plastique sous forme de liquide, déplaçant l’eau désormais propre vers les bords, où elle s’est écoulée dans un entonnoir et un récipient placés sous le gobelet. Après 6 heures d’exposition à la lumière naturelle du soleil, le système a généré environ 3 cuillères à soupe d’eau potable. « Notre aérogel permet un dessalement à pleine capacité, quelle que soit la taille », précise Shen, « ce qui offre une solution simple et évolutive pour un dessalement sans énergie afin de produire de l’eau propre ».

Science Daily : https://www.sciencedaily.com/releases/2025/07/250702214145.htm

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Terre
Sciences de la Terre, Environnement et Climat
Transformer le CO2 industriel en matériau de construction
Mercredi, 10/09/2025 - 18:16

Des chercheurs, dirigés par Charles McCrory de l’Université du Michigan, ont mis au point une méthode d’électroréduction du CO₂ aboutissant à la formation d’oxalates métalliques. Il s’agit de petits composés solides, des sels simples, qui représentent un matériau très intéressant pour la fabrication de ciment. Les oxalates métalliques peuvent en effet servir d’agrégat ou d’additif, représentant ainsi une alternative au procédé standard (dit Portland). Il faut rappeler que cette industrie est aujourd’hui pointée du doigt comme étant particulièrement énergivore et émettrice de CO₂. L’intérêt de cette innovation est donc double : transformer une émission problématique en ressource utile, tout en réduisant l’impact carbone de l’industrie cimentière.

La synthèse d’oxalates à partir de CO₂ est un procédé connu qui implique l’utilisation d’électrodes métalliques (principalement composées de plomb) dans une solution d’électrolytes non aqueuse. Le plomb est en effet un catalyseur dans ce contexte. Toutefois, ce procédé présente un inconvénient majeur, qui est l’utilisation d’importantes quantités de plomb, connu pour être un élément toxique pour l’Homme et l’environnement. Les chercheurs ont donc tenté de réduire de manière significative la quantité de plomb mis en jeu dans cette réaction. Un objectif obtenu grâce à l’utilisation de polymères permettant de contrôler le micro-environnement immédiat autour des sites catalytiques. Dans ce nouveau procédé, la quantité de plomb est ainsi passée à l’état de trace.

La production d’oxalates métalliques se déroule alors en deux étapes, impliquant l’utilisation d’un jeu d’électrodes. En premier lieu, le CO₂ est converti en oxalate au niveau d’une électrode, tandis que dans le même temps, la seconde électrode libère des ions métalliques (typiquement du fer, du calcium ou autres) qui réagissent avec les oxalates pour former des oxalates métalliques précipités. Le solide ainsi formé est collecté et prêt à être incorporé dans un procédé cimentier. Cette innovation permet ainsi de solidifier le CO₂ sous forme stable, réduisant définitivement les émissions cumulées. On peut en effet parler de captage fixe de CO₂ : une fois solidifié en oxalate métallique, le CO₂ ne retourne pas dans l’atmosphère. Concernant sa mise en application au niveau industriel, les auteurs estiment qu’une mise à l’échelle du procédé est tout à fait réalisable. La réduction drastique des besoins en plomb est d’ailleurs un atout majeur pour une industrialisation durable.

Ces résultats montrent un potentiel important pour développer des filières cimentaires à plus faible empreinte carbone. L’utilisation de CO₂ recyclé permettrait notamment de réduire la dépendance aux ressources fossiles et de minimiser les émissions. Selon McCrory, les prochaines étapes consistent désormais à optimiser la production en masse des oxalates, à tester leur performance dans les formulations réelles de ciment et à s’assurer de l’absence d’effets indésirables (toxicité, stabilité mécanique). Pour présenter un intérêt industriel, il faut en effet que le procédé soit avant tout compétitif face aux matériaux traditionnels. Cette étude marque une avancée significative dans la valorisation du CO₂ capturé, en le transformant en matière utile pour l’industrie cimentière. Grâce à une ingénierie fine du catalyseur et la maîtrise du micro-environnement, les chercheurs offrent un nouveau prototype de ciment à faible émission carbone. La démarche combine captage, décarbonation, valorisation et durabilité.

Advanced Energy Materials : https://advanced.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/aenm.202501286

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Vivant
Santé, Médecine et Sciences du Vivant
Une biopsie liquide à base d'ARN détecte un cancer colorectal précoce avec une grande précision
Mercredi, 10/09/2025 - 18:18

Des chercheurs de l'Université de Chicago ont maintenant développé un test de biopsie liquide plus sensible qui utilise l'ARN au lieu de l'ADN pour détecter le cancer. En utilisant des échantillons de sang de patients atteints d'un cancer colorectal, le test a pu détecter les premiers stades de la maladie avec une précision à 95 %, améliorant considérablement les méthodes de test non invasives actuelles, disponibles dans le commerce. Lorsque les cellules tumorales meurent, elles se désintègrent et libèrent des particules de matériel génétique dans la circulation sanguine. Les biopsies liquides standard s'appuient sur cet ADN flottant, appelé ADN sans cellules circulant (CFDNA) pour détecter le cancer. Dans les premiers stades de la maladie, lorsque les cellules tumorales se développent et prospèrent, cependant, il n'y a pas beaucoup d'ADNc dans la circulation sanguine.

« Cela a été un défi majeur pour le diagnostic précoce. Vous n'avez tout simplement pas assez d'ADN tumoral libéré dans le sang » a déclara Chuan He,  PhD, Professeur de chimie distingué de chimie John T. Wilson et professeur de biochimie et de biologie moléculaire à Uchicago. « C'était un défi pour nous et tout le monde de faire un diagnostic précoce du cancer du côlon, nous avons donc décidé de regarder l'ARN à la place ». Le Docteur He est l'auteur principal de la nouvelle étude, publiée dans Nature Biotechnology.

L'ARN est une forme transitionnelle de code génétique qui copie et réalise les instructions de l'ADN pour produire des protéines dont les cellules ont besoin. L'analyse de l'ARN est un bon indicateur indirect de l'activité génétique, car la présence d'ARN signifie que les cellules sont occupées à faire des choses et à construire des protéines.

Pour la nouvelle étude, l'étudiant diplômé Cheng-Wei Ju et Li-Sheng Zhang, PhD, un ancien postdoc dans le Dr He's Lab, qui est maintenant membre du corps professoral de l'Université des sciences et technologies de Hong Kong, a commencé à étudier la possibilité d'utiliser l'ARN sans cellules en circulation (CFRNA), au lieu de l'ADNc, pour le diagnostic et la détection de cancer.

La mesure de l'abondance simple des molécules d'ARN dans le sang n'est cependant pas toujours fiable, car les quantités peuvent varier considérablement en fonction du moment et de la préparation des échantillons. Le Dr He's Lab est spécialisé dans l'étude des fonctions biologiques des modifications de l'ARN, les changements chimiques apportés aux molécules d'ARN qui modifient leur activité. Ainsi, pour la nouvelle étude, les chercheurs se sont concentrés sur l'analyse des niveaux de modification de l'ARN dans les échantillons de sang, qui restent relativement stables, peu importe la quantité d'ARN présente. Par exemple, si un transcrit d'ARN est modifié de 30 %, ce pourcentage demeure le même, qu'il soit mesuré à 100 ou 1 000 exemplaires.

L'équipe a travaillé avec des échantillons de patients atteints de cancer colorectal fournis par le gastro-entérologue et collaborateur de longue date Marc Bissonnette, MD, professeur agrégé de médecine à Uchicago. À leur grande surprise, non seulement ils ont pu mesurer les modifications sur le CFRNA des cellules humaines, mais ils ont également pu détecter l'ARN à partir de microbes intestinaux. Des milliards de bactéries coexistent avec nous à l'intérieur du système digestif et en présence d'une tumeur cancéreuse, leur activité change également.

S'appuyant sur des recherches antérieures dans les plantes, le Docteur He et son équipe savaient que les niveaux de modification de l'ARN reflètent l'état d'un organisme : plus l'organisme est actif, plus les modifications sont apportées à certains ARN pour maintenir cette activité. Ce même motif a également été observé dans les échantillons de cancer colorectal.

« Nous avons constaté que l'ARN libérait des microbes a des différences substantielles entre les patients cancéreux par rapport aux individus en bonne santé », a déclaré le Docteur He. « Dans l'intestin, lorsque vous avez une tumeur en croissance, le microbiome à proximité doit être remodelé en réponse à cette inflammation. Cela affecte les microbes à proximité ».

La population de microbiome se retourne également beaucoup plus rapidement que les cellules humaines, avec plus de cellules mourant plus souvent et libérant des fragments d'ARN dans la circulation sanguine. Cela signifie qu'un test mesurant des modifications sur l'ARN microbien peut détecter une éventuelle activité cancéreuse beaucoup plus tôt que les tests qui reposent sur l'ADN libéré par les cellules tumorales humaines.

Les tests commerciaux qui mesurent l'abondance de l'ADN ou de l'ARN dans les selles sont précis à environ 90 % pour les stades ultérieurs du cancer, mais leur précision baisse en dessous de 50 % pour les premiers stades. Le nouveau test basé sur la modification de l'ARN était près de 95 % précis dans l'ensemble, et également précis aux premiers stades du cancer. « C'est la première fois que les modifications d'ARN sont utilisées comme biomarqueur potentiel pour le cancer, et cela semble être beaucoup plus fiable et sensible par rapport à l'abondance de l'ARN », a déclaré le Docteur He. « Être capable de détecter le cancer à ces premiers stades est sans précédent ».

The University of Chicago : https://biologicalsciences.uchicago.edu/news/liquid-biopsy-rna-cancer

Un test sanguin unique pour des milliers de maladies rares
Mercredi, 10/09/2025 - 18:11

C’est une nouvelle méthode de test rapide qui va faciliter considérablement le diagnostic des maladies rares chez les nourrissons et les enfants, qui vient d’être présentée lors de la Réunion annuelle de l’European Society of Human Genetics (ESHG). Cette approche diagnostique développée à l’Université de Melbourne, va changer la vie des centaines de millions de patients atteints de ces maladies rares dans le monde et dont la moitié, avec les options actuelles, ne sont pas diagnostiqués. Si les maladies génétiques rares sont rares, il existe en effet plus de 7.000 types de maladies causées par des mutations dans plus de 5.000 gènes connus, ce qui rend le diagnostic de chaque cas difficile. Cependant, au total, ces maladies touchent environ 300 millions de personnes dans le monde.

Les méthodes de dépistage existantes pour ces affections sont généralement lentes, ciblées sur une maladie spécifique et pas toujours sensibles. Cela peut signifier que leur diagnostic peut mettre des années, voire des dizaines d’années d’investigations non concluantes et de tests invasifs. Cette lenteur du diagnostic et les nombreux examens constituent une source de détresse pour les patients et leurs familles. Cette équipe de biologistes de l’Université de Melbourne présente une méthode d’analyse sanguine de milliers de protéines via un test unique et non ciblé. Ce test protéomique est unique car il séquence les protéines plutôt que les gènes eux-mêmes. Les données recueillies permettent de comprendre comment les modifications de la séquence génétique affectent la fonction de la protéine correspondante et conduisent à la maladie. Ce test est applicable à des milliers de maladies différentes et peut même en détecter de nouvelles en fournissant les preuves nécessaires identifiant la modification génétique, cause de la maladie.

Un test rapide et peu invasif, car il ne nécessite qu’1 ml de sang du nourrisson et les résultats sont disponibles en moins de 3 jours pour les patients en soins intensifs. Lorsque le test est également réalisé sur des échantillons de sang des parents, on parle d’analyse trio. Dans les maladies héréditaires récessives, cela permet de différencier considérablement les porteurs, qui ne possèdent qu’une seule copie du gène défectueux, des personnes atteintes, qui en portent deux. Ce test ouvre la voie vers un accès plus rapide au traitement adapté, s’il est disponible : pour les familles, comme pour le patient, un diagnostic peut signifier l’accès à des options de procréation médicalement assistée afin de prévenir la survenue de la maladie. Et pour les systèmes de santé, le remplacement d’une batterie de tests ciblés par une analyse unique devrait permettre de réduire les coûts de santé.

Les chercheurs espèrent que leur test deviendra un élément clé du diagnostic standard des maladies génétiques rares et autres maladies génétiques en laboratoire clinique. « La possibilité d’utiliser si peu de sang du nourrisson et de produire des résultats fiables dans des délais rapides est une véritable révolution pour les familles ».

EurekAlert : https://www.eurekalert.org/news-releases/1084790

Maladie de Parkinson : le côté atteint prédit l’évolution de la maladie
Mardi, 09/09/2025 - 16:49

La maladie de Parkinson touche environ 10 millions de personnes dans le monde. Elle débute généralement de façon asymétrique, affectant d’abord un seul côté du corps. Si elle se manifeste d’abord par des symptômes moteurs – comme des tremblements, une lenteur des mouvements ou une rigidité musculaire – elle entraîne aussi des troubles cognitifs, anxieux ou dépressifs, dont l’évolution est encore peu étudiée. Ces résultats constituent une avancée cruciale pour l’étude des symptômes non moteurs de la maladie, longtemps mésestimés par les recherches.

Dans de récents travaux, une équipe de l’UNIGE et des HUG montre pour la première fois que le côté d’apparition des premiers symptômes influence non seulement les troubles moteurs mais aussi les manifestations cognitives et émotionnelles de la maladie. Ainsi, les patients et patientes avec des symptômes moteurs du côté droit (signes d’un dysfonctionnement de l’hémisphère gauche du cerveau) présentent un déclin cognitif plus global et un risque de démence plus élevé, tandis que les individus présentant des symptômes du côté gauche (dysfonctionnement de l’hémisphère droit) sont plus souvent confrontés à des problèmes psychiatriques tels que la dépression, l’anxiété et l’altération de la reconnaissance des émotions.

« Ces résultats constituent une avancée cruciale pour l’étude des symptômes non moteurs de la maladie, longtemps mésestimés par les recherches », explique Julie Péron, professeure associée au Laboratoire de neuropsychologie clinique et expérimentale de la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation et au Centre des sciences affectives de l’UNIGE, ainsi qu’au Service de neurologie du Département des neurosciences cliniques des HUG, qui a dirigé ces travaux.

L’étude plaide pour une intégration systématique de cette variable symptomatique lors du diagnostic afin d’assurer une prise en charge personnalisée de la personne touchée. « Cette prise en compte permettrait une vraie anticipation et une orientation de la personne vers des thérapies ciblées en fonction de son pattern parkinsonien », indique Philippe Voruz, chercheur post-doctorant au Laboratoire de neuropsychologie clinique et expérimentale de la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’UNIGE, au Service de neurochirurgie des HUG, ainsi qu’au Laboratoire de géochimie biologique de l’EPFL, premier auteur de l’étude.

Ces résultats ont été obtenus grâce à l’analyse de 80 études publiées sur le sujet durant ces cinq dernières décennies. Pour l’équipe de recherche, la prochaine étape consistera à répondre à plusieurs questions méthodologiques – par exemple, comment mesure-t-on précisément l’asymétrie de la maladie sur la base des symptômes observables ? – et à vérifier ses résultats sur d’autres troubles liés à la maladie.

UNIGE : https://www.unige.ch/medias/2025/parkinson-le-cote-atteint-predit-levolution-de-...

La bactérie Helicobacter pylori serait responsable d'une majorité des cancers de l'estomac
Mardi, 09/09/2025 - 16:47

Helicobacter pylori, qui séjourne dans les muqueuses gastriques, pourrait être responsable des trois quarts des cancers de l’estomac dans les années à venir, selon une nouvelle étude du Centre international de recherche sur le cancer de Lyon (Circ). Actuellement, les tumeurs gastriques malignes sont la 5e forme de cancer la plus fréquente dans le monde, tuant environ 770.000 personnes par an. Mais son impact sur la santé et les systèmes de soin pourrait être encore plus important dans les mois à avenir. Après avoir étudié les données de 185 pays, les chercheurs de l’organisme lié à l'OMS pensent qu'il y aura 15,6 millions de cas de cancers de l’estomac parmi les personnes nées entre 2008 et 2017. Par ailleurs, 76 % d’entre eux seront imputables à la bactérie H. pylori, déjà connue pour être un facteur de risque du cancer.

Le continent asiatique sera le plus touché par la maladie, réunissant 68 % des diagnostics de cancers de l’estomac (10,6 millions de cas). Il sera suivi par les Amériques (13 %), l’Afrique (11 %). L’Europe devrait comptabiliser pour sa part 8 % des cas, soit 1,2 million de cas. La bactérie H.pylori pourrait être responsable à elle seule de 8 millions de cancers gastriques en Asie, 1,5 million aux Amériques et 1,4 million en Afrique. « Alors que les changements démographiques devraient accroître la charge de morbidité liée au cancer gastrique dans de nombreuses régions du monde, il est urgent de mettre en place des stratégies de prévention coordonnées et de préparer les systèmes de santé régionaux à gérer cette charge croissante », prévient le Docteur Jin Young Park, responsable de l’équipe de prévention du cancer gastrique du CIRC et co-auteur de la nouvelle étude. Le scientifique et ses collègues appellent ainsi les autorités de chaque pays à investir dans la prévention et le traitement des infections par H. pylori. Ils estiment en effet que ce type de mesures pourrait réduire le nombre de cas de cancer de l'estomac attendu jusqu'à 75 %.

Nature Medicine : https://www.nature.com/articles/s41591-025-03793-6

Un capteur bon marché détecte le cancer ou le VIH depuis chez vous en auto-test
Mardi, 09/09/2025 - 16:45

Des chercheurs du MIT ont mis au point un capteur électrochimique, au coût d’à peine 50 centimes, qui détecte des gènes spécifiques aux maladies et se conserve jusqu’à deux mois à température ambiante. La technologie utilise une électrode recouverte d’ADN et exploite une enzyme basée sur CRISPR, Cas12. Quand le capteur rencontre un gène cible d’un virus ou d’une cellule cancéreuse, l’enzyme s’active et commence à détruire l’ADN sur l’électrode. Le résultat affiché est donc positif. Bien que prometteur, le défi majeur de cette technologie se situe au niveau de la fragilité du revêtement ADN qui limite la durée de conservation du capteur à quelques jours.

Ariel Furst, professeur de l’équipe du MIT, a résolu ce problème en appliquant un revêtement simple et peu coûteux d’alcool polyvinylique PVA, un polymère très commun. Le PVA agit comme une bâche protectrice qui stabilise l’ADN et permet au capteur d’être stocké et expédié sans réfrigération. L’équipe a confirmé que les capteurs détectent encore avec précision un gène associé au cancer de la prostate suite à deux mois de stockage à des températures qui atteignent 65,56°C. « Notre attention porte sur les diagnostics auxquels beaucoup de personnes ont un accès limité et notre objectif est de créer un capteur d’utilisation immédiate. Les gens n’auraient même pas besoin d’être dans une clinique pour l’utiliser, vous pourriez le faire à la maison », déclare le professeur Ariel Furst. Cette technologie est polyvalente pour tester aussi bien les cancers que le VIH ou le HPV. Seules de l’urine ou de la salive sont nécessaires pour détecter certains cancers.

MIT : https://news.mit.edu/2025/mit-engineers-develop-electrochemical-sensors-cheap-di...

Les cellules de la peau, un indicateur de vieillissement en bonne santé
Mardi, 09/09/2025 - 16:42

Alors que le vieillissement représente un défi sociétal majeur, la recherche en santé s’est longtemps focalisée sur des marqueurs biologiques liés à l’âge chronologique, en les déconnectant souvent de l’état de santé global ou fonctionnel des individus. Pour mieux comprendre la place du vieillissement cellulaire dans le processus global de vieillissement, les fibroblastes se présentent comme une cible d’étude privilégiée. Présents dans l’ensemble des tissus de l’organisme, on les retrouve dans le derme cutané où ils assurent un rôle structurel essentiel en sécrétant la matrice extracellulaire – un réseau de protéines qui soutient les tissus et permet aux cellules qui y résident de réaliser leurs fonctions. Les fibroblastes sont également impliqués dans la régénération et la cicatrisation de la peau ainsi que dans son immunité. Facilement accessibles via de simples biopsies de peau, ils constituent de précieux modèles pour identifier de nouveaux marqueurs biologiques liés au vieillissement.

Une équipe de chercheuses et chercheurs, menée par Isabelle Ader, chercheuse Inserm, et Louis Casteilla, professeur à l’université de Toulouse, au sein du laboratoire Geroscience and Rejuvenation Research Center – RESTORE (Inserm/Université de Toulouse/CNRS/EFS), et en collaboration avec l’IHU Health Age, s’est ainsi intéressée à la façon dont les fibroblastes pourraient renseigner sur l’état de santé au cours du vieillissement, grâce à l’identification de marqueurs biologiques spécifiques. Leur étude s’est appuyée sur l’analyse de fibroblastes prélevés à partir de biopsies cutanées réalisées chez 133 femmes et hommes âgés de 20 à 96 ans, présentant des profils de santé variés. Ces participants, inclus dans la cohorte française Inspire-T, étaient classés comme étant plus ou moins fragiles ou robustes en fonction de leur âge et de leur état de santé relatif.

Les scientifiques ont soumis ces fibroblastes à différents facteurs de stress mimant ceux rencontrés au cours de la vie (stress métaboliques, infectieux, chimiothérapie…). Ils ont ensuite évalué leur fonctionnalité globale à travers trois de leurs grandes fonctions : structurelle, immunitaire/inflammatoire et métabolique. L’objectif était d’identifier des marqueurs biologiques associés à l’état de santé général et fonctionnel des donneurs, en lien avec les différentes étapes du vieillissement. Deux marqueurs de l’état de santé fonctionnelle ont attiré l’attention de l’équipe : les fibroblastes issus de personnes pré-fragiles ou fragiles présentaient une activité réduite de leurs mitochondries – les « centrales énergétiques » des cellules. Ces cellules sécrétaient en outre moins de périostine, une protéine de la matrice extracellulaire. La diminution de cette dernière était également observée chez les personnes présentant une faible capacité intrinsèque, un indicateur de vieillissement défavorable et de moindre état de santé général. « Ces deux marqueurs biologiques, liés à la fonctionnalité métabolique et structurelle des fibroblastes et indépendants de l’âge chronologique ou du sexe, apparaissent comme des indicateurs de la fragilité cellulaire d’un individu, et ce, même lorsque les fibroblastes sont cultivés en laboratoire après biopsie », indique Isabelle Ader. « En cela, ils reflètent ce que l’on pourrait qualifier d’une “mémoire de santé” au niveau cellulaire et présentent un potentiel intéressant pour la détection précoce de la fragilité et de la mauvaise santé avant tout signe clinique », ajoute la chercheuse.

La périostine apparaît en outre pour la première fois comme un marqueur biologique clé associé à la capacité intrinsèque telle que définie par l’OMS, et donc comme un potentiel indicateur de la santé fonctionnelle des individus. Ces résultats mettent en lumière les signaux fiables que les cellules de notre corps pourraient fournir sur l’état de santé global d’un individu. « Nos travaux ouvrent des perspectives concrètes dans la détection précoce des signes de fragilité ou de baisse des capacités physiques et cognitives en médecine préventive », complète Isabelle Ader. « Identifier précocement les altérations de la santé cellulaire pourrait permettre de développer des stratégies ciblées de médecine personnalisée pour mieux préserver la santé fonctionnelle et prolonger l’autonomie tout au long de la vie », conclut la chercheuse.

Presse Inserm du 07/07/2025 : https://presse.inserm.fr/vieillir-en-bonne-sante-le-secret-pourrait-se-trouver-d...

Obésité : le rôle insoupçonné des astrocytes
Lundi, 08/09/2025 - 16:25

Des scientifiques du CNRS et de l’Université Paris Cité ont découvert que les régimes gras et l’obésité affectent la structure et le fonctionnement des astrocytes, ces cellules du cerveau en forme d’étoile, localisées dans le striatum, une région cérébrale impliquée notamment dans la perception du plaisir généré par la consommation des aliments. Plus étonnant encore, la manipulation de ces astrocytes in vivo chez la souris permet d’influencer son métabolisme, mais aussi de corriger certaines altérations cognitives associées à l’obésité (capacité à réapprendre une tâche par exemple).

Ces découvertes renforcent la reconnaissance du rôle clé des astrocytes dans le fonctionnement du cerveau, pourtant longtemps négligé au profit de celui des neurones. Elles témoignent pour la première fois de leur capacité à restaurer une fonction cognitive dans le contexte de l’obésité. Elles ouvrent également la voie à de nouvelles perspectives de recherche pour identifier le rôle exact des astrocytes dans le métabolisme énergétique. Une combinaison d’approches ex vivo et in vivo chez le rongeur a permis d’établir ces conclusions, dont des techniques de chimiogénétique, d’imagerie cérébrale, des tests de locomotion, de comportement cognitif et de mesures du métabolisme énergétique de l’organisme.

CNRS du 07/07/2025 : https://www.cnrs.fr/fr/presse/obesite-le-role-insoupconne-des-astrocytes

L'exercice améliore considérablement les chances de survie à un cancer du côlon
Lundi, 08/09/2025 - 16:24

Des chercheurs de l'université de Waterloo (Canada) et du Réseau régional de santé de Waterloo (WRHN) ont montré que suivre un programme d’exercice réduit les risques de décès et de récidives des patients atteints d’un cancer du côlon. Pour déterminer précisément les effets du sport sur le pronostic du cancer colorectal, les scientifiques ont suivi 889 patients atteints de la maladie, répartis dans 55 centres de soin canadiens. Ces volontaires ont suivi le programme UW WELL-FIT. Ce dernier propose aux personnes ayant reçu un traitement contre le cancer de participer à 12 semaines d’exercices. Ils sont axés sur la restauration et l'amélioration de la fonction physique et de la qualité de vie des patients.

L’analyse des données obtenues lors de l’étude confirme que l'intégration de l'exercice physique aux soins améliore l'état de santé des malades. Plus exactement, ils ont vu leur risque de décès diminuer de 37 % par rapport aux patients qui ne suivent pas le programme sportif. Par ailleurs, leur risque de récidive ou d’avoir un autre cancer baisse de 28 %. « Nous savons depuis longtemps que l'exercice physique est bénéfique pour les patients atteints de cancer, mais constater des améliorations aussi nettes en termes de survie sans maladie et de survie globale, confirmées par des données rigoureuses, est extraordinaire. Ces résultats suggèrent que l'exercice physique devrait être intégré à la prise en charge du cancer, non seulement comme une recommandation, mais comme partie intégrante du plan de traitement, du diagnostic à la survie », explique la Docteure Stacey Hubay, oncologue médicale et chercheuse principale au WRHN.

University of Waterloo : https://uwaterloo.ca/health/news/structured-exercise-significantly-improves-surv...

Les hormones produites par le placenta jouent un rôle majeur dans le développement du cerveau
Lundi, 08/09/2025 - 16:22

Des chercheurs des universités de Cambridge et d'Oxford suggèrent que les hormones produites par le placenta ont influencé le développement cérébral. Ces substances, comme la testostérone et les œstrogènes, jouent un rôle dans la cognition et les interactions sociales dès la vie fœtale. Les mini-cerveaux, créés en laboratoire à partir de cellules souches, ont permis d'observer l'impact de ces hormones. La testostérone augmenterait la taille du cerveau, tandis que les œstrogènes amélioreraient les connexions entre neurones. Ces découvertes ouvrent de nouvelles perspectives sur notre évolution.

La capacité humaine à former de grands groupes sociaux pourrait aussi découler de ces mécanismes hormonaux. Contrairement à d'autres primates, les humains présentent des différences sexuelles moins marquées, ce qui favoriserait la cohésion sociale. Le placenta, en régulant ces hormones, aurait ainsi joué un rôle central. Des études antérieures montrent que les niveaux d'œstrogènes sont plus élevés chez les femmes enceintes humaines que chez les autres primates. Cette particularité pourrait expliquer certaines caractéristiques physiques et comportementales propres à notre espèce.

L'enzyme aromatase, plus présente chez l'homme, transforme la testostérone en œstrogènes. Cette conversion pourrait avoir réduit la compétition entre mâles et augmenté la fertilité des femelles, facilitant ainsi l'émergence de sociétés. Cette hypothèse place la grossesse au cœur de l'évolution humaine. Le placenta, en modulant les hormones sexuelles, aurait non seulement permis le développement d'un cerveau plus gros et plus connecté, mais aussi l'apparition de traits cognitifs et sociaux uniques. Les hormones produites par le placenta, comme la testostérone et les œstrogènes, ont un impact direct sur la formation du cerveau. Elles agissent sur la prolifération des neurones et la création de synapses, les connexions entre ces cellules.

Ces substances traversent la barrière placentaire et atteignent le fœtus, où elles modulent la croissance cérébrale. Des niveaux élevés d'œstrogènes, par exemple, favorisent une meilleure connectivité neuronale, essentielle pour les fonctions cognitives complexes. Des déséquilibres dans ces hormones peuvent avoir des conséquences sur le développement neurologique. Cela pourrait expliquer certaines variations dans les capacités sociales et cognitives observées chez les individus. Cette découverte souligne l'importance du milieu intra-utérin dans la formation du cerveau. Elle ouvre aussi des pistes pour comprendre certaines conditions neurodéveloppementales, comme l'autisme.

La taille des groupes sociaux humains dépasse largement celle observée chez nos plus proches cousins primates. Cette particularité serait liée à des adaptations hormonales survenues au cours de notre évolution. Les hormones placentaires, en réduisant les différences sexuelles, auraient diminué la compétition entre mâles. Cette réduction des conflits aurait permis une meilleure coopération au sein des groupes. Simultanément, l'augmentation des niveaux d'œstrogènes aurait amélioré la fertilité des femelles. Une population plus nombreuse et plus stable aurait ainsi pu se maintenir, favorisant l'expansion des sociétés humaines.

Wiley : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/evan.70003

La formation de la vie commence avant même la formation des étoiles
Lundi, 08/09/2025 - 16:21

Des chercheurs de l'université de Colombie britannique ont repéré une nouvelle molécule complexe dans l'espace, appelée cyanocoronène. Il s'agit d'un type d'hydrocarbure formé de plusieurs anneaux de carbone. Ce genre de molécule, très stable, joue un rôle important dans sa chimie de la vie. La découverte a été réalisée avec le radiotélescope de Green Bank. Il a permis de détecter le cyanocoronène dans une région de l'espace appelée le nuage moléculaire du Taureau, un endroit connu pour sa richesse en molécules.

Ces molécules riches en carbone, appelées HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques), pourraient être impliquées dans la formation des étoiles et des planètes. Cette découverte renforce l'idée que des molécules organiques complexes peuvent apparaître bien avant la naissance d'un système planétaire.

Les scientifiques ont utilisé une méthode de détection très précise. Ils ont comparé les signaux radio enregistrés par le télescope à ceux obtenus en laboratoire. Chaque molécule a une “empreinte” unique, comme une signature, ce qui a permis de confirmer leur présence. Comprendre comment ces molécules se forment peut éclairer l'histoire des briques de la vie. Les chercheurs veulent maintenant savoir comment elles réagissent à leur environnement spatial, notamment face aux rayons cosmiques et à la lumière ultraviolette.

Dans l'espace, certaines zones froides et denses, les nuages moléculaires, offrent les conditions idéales pour créer des molécules organiques. La poussière présente dans ces régions aide les atomes à se combiner. Malgré les conditions extrêmes de l'espace – très basses températures et fortes radiations – des réactions chimiques complexes peuvent s'y produire. Des molécules comme les cyanures permettent aux structures carbonées de s'assembler, formant des composés toujours plus grands, comme le cyanocoronène. Ces molécules pourraient ensuite voyager dans l'espace, jusqu'à être intégrées dans les planètes en formation. Cela ouvre la possibilité qu'elles aient joué un rôle dans l'émergence de la vie.

Les radiotélescopes captent les ondes radio émises naturellement par les molécules dans l'espace. Chaque molécule émet une fréquence bien précise, ce qui permet de l'identifier. Contrairement aux télescopes classiques, les radiotélescopes peuvent observer à travers les nuages de poussière qui cachent certaines régions de l'espace. Cela les rend très utiles pour étudier les zones où naissent les étoiles. Ces instruments très sensibles permettent désormais de repérer des molécules de plus en plus complexes. En comparant les données observées avec des résultats de laboratoire, les scientifiques peuvent identifier avec certitude les composés présents dans l'Univers.

Greenbank Observatory : https://greenbankobservatory.org/front-page-news/a-cosmic-chemical-breakthrough-...

Un régime alimentaire riche en lipides protégerait le cerveau de la démence
Lundi, 08/09/2025 - 16:19

Une étude danoise a montré que le régime cétogène, basé sur une forte réduction de la consommation de glucides et sur une augmentation de la consommation de lipides, augmente de 22 % le débit sanguin cérébral et stimule la production du BDNF, une protéine clé pour la mémoire et la plasticité neuronale. Ces résultats, observés chez des adultes en bonne santé cognitive, ouvrent de nouvelles pistes pour prévenir le déclin lié à l’âge.

Lorsqu’on limite fortement l’apport en glucides, le corps entre en cétose et produit des cétones, une source d’énergie alternative pour le cerveau. Dans cette étude, 11 participants ont suivi deux régimes distincts : l’un classique, l’autre cétogène. Les analyses ont révélé que sous régime cétogène, le cerveau était mieux irrigué et les niveaux de BDNF augmentaient de 47 %. Ce “super-engrais” pour le cerveau soutient la survie des neurones et favorise l’apprentissage, deux leviers clés pour contrer la démence.

L’un des constats majeurs de l’étude concerne le lien entre taux de cétones et performance cérébrale. Plus les concentrations de cétones étaient élevées, plus le cerveau recevait de sang. Cet afflux pourrait prévenir le déclin cognitif, souvent associé à une irrigation réduite. Même si l’échantillon était limité à 11 participants en surpoids, les résultats étaient cohérents, sans effets secondaires notables, ce qui renforce la crédibilité des données. Si l’étude reste exploratoire, ses implications sont majeures. Elle suggère qu’une simple modification alimentaire pourrait améliorer le fonctionnement cérébral, même sans pathologie.

Oxford Academic : https://academic.oup.com/jcem/advance-article-abstract/doi/10.1210/clinem/dgaf20...

Des bactéries de la bouche à l'origine de plusieurs types de cancer
Lundi, 08/09/2025 - 16:17

Les bactéries qui se développent dans la bouche pourraient augmenter le risque de cancer situé au niveau de la tête et du cou, selon une étude récente. Le carcinome épidermoïde, qui naît dans les cellules squameuses de la peau, peut se développer au niveau de la tête et du cou, mais aussi de la bouche, du nez et de la gorge ; plus de 150 000 personnes sont diagnostiquées chaque année en Europe.

Ces cancers touchent plus souvent les hommes et tuent plus de la moitié des patients dans les cinq ans. Cette nouvelle étude, menée par des chercheurs de l’université de New York (NYU) a révélé que 13 des centaines d'espèces de bactéries présentes dans la bouche des individus étaient liées à une probabilité accrue de 30 % de développer un CSHN. « Ces bactéries pourraient servir de biomarqueurs aux experts pour repérer les personnes à haut risque », a déclaré Soyoung Kwak, chercheur à la faculté de médecine de l'université de New York.

L'étude a été menée auprès de 236 personnes atteintes de HNSCC et de 458 patients sains. Les patients atteints de cancer avaient tendance à avoir une consommation plus élevée de tabac et d'alcool, ainsi qu'un taux plus élevé d'une souche particulièrement dangereuse de papillomavirus humain oral (HPV). Cependant, même en prenant en compte ces éléments, les 13 bactéries sont toujours apparues comme des facteurs de risque.

Des séquençages bactériens antérieurs et des études de moindre ampleur ont suggéré qu'il pouvait y avoir un lien entre la santé bucco-dentaire et le cancer du col de l'utérus, mais la nouvelle analyse est la première à identifier les bactéries qui posent problème.

« Comme les résultats sont basés sur un peu plus de 200 cas de cancer, des recherches plus approfondies sont nécessaires pour explorer le lien entre l'hygiène bucco-dentaire et le cancer de la tête et du cou », a déclaré à Euronews Health le Docteur Claire Knight, responsable de l'information en matière de santé chez Cancer Research UK, qui n'a pas participé à l'étude. Mais les chercheurs estiment que le lien semblait suffisamment fort pour rappeler l'importance d'une bonne hygiène bucco-dentaire.

« Se brosser les dents et utiliser du fil dentaire peut non seulement aider à prévenir les maladies parodontales, mais aussi protéger contre le cancer au niveau de la tête et du cou », a déclaré le Docteur Richard Hayes, coauteur de l'étude et professeur à l'école de médecine de l'université de New York. Selon les chercheurs, la prochaine étape consistera à identifier comment ces bactéries contribuent précisément à accroître les risques de cancer – et comment elles peuvent être stoppées dans ce processus.

NYU Langone : https://nyulangone.org/news/bacteria-involved-gum-disease-linked-increased-risk-...

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