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Vers un vaccin ARN efficace et abordable contre le VIH

L'utilisation de l'ARN messager (ARNm), la technologie à l'origine de plusieurs vaccins contre la Covid-19, a permis une forte accélération du rythme de développement des vaccins. Pour rappel, l'ARNm comporte des séquences codant pour des protéines virales. Une fois le vaccin à ARN injecté, l'ARNm migre dans les cellules humaines où il est utilisé pour produire ces protéines virales non pathogènes qui vont déclencher la production d'anticorps. Si le vrai virus pénètre ultérieurement dans l'organisme, le système immunitaire est alors capable de réagir rapidement pour le détruire.

Le recours à la technologie ARNm, utilisée pour produire des vaccins rapidement et à bas prix, permet de démultiplier le nombre de nouveaux candidats pour lutter contre les virus les plus complexes. Ça tombe bien, le VIH est un virus complexe, en raison notamment de sa grande variabilité. En revanche, jusqu'à présent, aucune étude n'est parvenue à identifier une protéine du VIH pouvant déclencher la production d'anticorps conférant une immunité suffisamment puissante pour réellement protéger de l'infection. Mais deux études publiées, le 30 juillet 2025, dans Science Translational Medicine pourraient bien changer la donne.

Les auteurs, des chercheurs du Scripps Research Institute à La Jolla en Californie (États-Unis), ont utilisé des ARNm codant pour une protéine "trimère" présente de manière constante à la surface de l'enveloppe du VIH et appelée "Env". Celle-ci est composée de plusieurs sous-unités, dont une qui est normalement enchâssée dans la membrane virale. De précédentes études ont montré que l'utilisation d'ARNm codant pour ce trimère Env générait efficacement plusieurs types d'anticorps spécifiques des différentes zones de la protéine (épitopes). Problème : la grande majorité de ces anticorps ciblait la partie enchâssée – donc protégée – de la protéine Env, et donc n'entraînait pas la destruction du HIV.

Pour contourner cet obstacle, les chercheurs ont utilisé un ARNm codant pour une protéine déjà liée à la membrane. Leur idée : "forcer" l'organisme à produire en majorité des anticorps sur la partie "accessible" des protéines virales membranaires. Chez des lapins, des singes, puis chez 108 personnes volontaires, ils ont testé deux vaccins : l'un qui délivre une forme soluble du trimère Env et l'autre qui délivre une forme d'Env liée à la membrane. L'objectif était de comparer et d'évaluer l'efficacité et la sécurité de ces deux types de vaccins.

Résultat : chez les animaux, le vaccin lié à la membrane a suscité des anticorps neutralisants plus puissants que le vaccin soluble. Il a également réduit les réponses ciblant la partie intramembranaire de la protéine Env. Chez les humains, le vaccin était dans l'ensemble bien toléré et aucun effet indésirable majeur n'a été observé, à l'exception d'une incidence supérieure à la moyenne d'urticaire (6,5 % des volontaires). Le vaccin à trimère ancré à la membrane a généré des anticorps neutralisants chez 80 % des vaccinés, tandis que le vaccin à trimère soluble n'a généré la même réponse anticorps que chez 4 % des receveurs.

Cet essai clinique de phase 1 est une avancée scientifique majeure, car il suggère que l'utilisation d'ARNm de trimère lié à la membrane est bien plus performante pour générer une réponse immunitaire efficace que la plupart des candidats vaccins précédents. Et ceci, en une seule injection !

Science Translational Medicine : https://www.science.org/doi/10.1126/scitranslmed.ady6831

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