Edito : Le Forum Économique Mondial et les technologies qui pourraient changer le monde
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Résumé de l’édito de ce jour :
Le Forum Économique Mondial (WEF) a identifié sept technologies émergentes susceptibles de transformer le monde.
1°/ Les composites structuraux pour batteries (SBC) intègrent les batteries directement dans les matériaux de construction (véhicules, bâtiments), rendant ces derniers plus légers et plus écologiques.
2°/L'énergie osmotique génère de l'électricité à partir de la différence de salinité entre l'eau douce et l'eau salée, avec un potentiel énergétique mondial considérable.
3°/Les petits réacteurs modulaires (SMR) sont une nouvelle génération de réacteurs nucléaires plus petits, plus sûrs et moins coûteux.
4°/Les thérapies vivantes utilisent des micro-organismes modifiés pour traiter des maladies de manière ciblée.
5°/Les médicaments repositionnés, comme ceux contre le diabète, se révèlent efficaces contre des maladies neurodégénératives comme Alzheimer.
6°/Les capteurs biochimiques autonomes surveillent en continu des données corporelles ou environnementales (hydratation, pollution).
7°/Les filigranes génératifs sont des tatouages numériques invisibles qui permettent de vérifier l'authenticité des contenus créés par l'IA et de lutter contre la désinformation.
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EDITORIAL :
Le Forum Économique Mondial (WEF), fondé en 1971 par l'économiste Klaus Schwab, est une fondation à but non lucratif qui rassemble 1000 des entreprises les plus influentes de la planète. Son objectif est d'« améliorer l'état du monde » en favorisant la coopération entre les secteurs public et privé. Son sommet annuel de Davos réunit des chefs d'État, des dirigeants d'entreprise, des ONG et des experts. Le Conseil du WEF est composé de 22 membres, dont des figures clés comme le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, et la présidente de la BCE, Christine Lagarde.
Le sommet de Davos 2025, sur le thème de « La collaboration à l'ère de l'intelligence », a accueilli plus de 3000 participants. Un temps fort a été la présentation du rapport "L'avenir du travail 2025" (voir World Economic Forum/). L'étude révèle que la transformation du marché du travail concernera 22 % des emplois d'ici 2030, avec la création nette de 78 millions d'emplois. Elle souligne que 40 % des compétences requises vont changer et que le déficit de compétences reste l'obstacle le plus important pour les entreprises. Cependant, les compétences humaines comme la pensée créative et la flexibilité demeureront essentielles.
Cette année, le WEF a également mis l'accent sur les conséquences économiques du changement climatique. Selon plusieurs experts, les phénomènes météorologiques extrêmes pourraient coûter jusqu'à 12 500 milliards de dollars en pertes économiques d'ici la fin du siècle. Face à ce défi, le WEF propose de créer un fonds mondial de 100 milliards de dollars pour la préservation des forêts et de doubler les investissements en reforestation d'ici 2030. D'autres engagements ont été pris, comme la création d’un fonds de transition énergétique pour les pays en développement et l'objectif de neutralité carbone d'ici 2040 pour les entreprises présentes à Davos. Le Forum a aussi souligné l'apport de l'IA pour relever les défis climatiques, comme en Inde où des drones analysent la qualité des sols pour optimiser les rendements agricoles et réduire l'utilisation de pesticides.
Les technologies de rupture
C'est dans ce contexte que le WEF a sélectionné plusieurs technologies émergentes qui, selon lui, vont bouleverser nos économies et nos sociétés (voir WEF). Ces innovations s'inscrivent dans quatre grandes tendances : la sécurisation numérique, les biotechnologies pour la santé, la production durable et l'énergie, et la synergie entre différentes disciplines.
1. Les batteries structurales
La première technologie est celle des composites structuraux pour batteries (SBC), qui permettent aux matériaux de servir à la fois de structure et de batterie. Les SBC pourraient intégrer la batterie au châssis des véhicules électriques, les rendant plus légers et plus performants. Le professeur Emile Greenhalgh, de l'Imperial College de Londres, dirige un programme de recherche pour y parvenir d'ici 2030. Au-delà des transports, les structures des bâtiments pourraient également devenir des batteries. Une équipe franco-espagnole a présenté une batterie solide zinc-ion qui utilise un polymère à base de métakaolin (voir Material Horizons).
2. L'énergie osmotique
La deuxième innovation est l'énergie osmotique, qui produit de l'électricité à partir de la différence de salinité entre l'eau douce et l'eau salée. Grâce aux progrès des nanomatériaux, cette énergie propre est en plein essor. La France est un leader dans ce domaine. Une centrale expérimentale, résultat d'un partenariat entre Sweetch Energy, la Compagnie nationale du Rhône et EDF Hydro, a démarré fin 2024 à Port-Saint-Louis-du-Rhône, en Camargue. Le potentiel mondial est considérable, estimé à 13 000 TWh, soit 15 % de la consommation mondiale d'électricité prévue en 2050 (voir EIC Scaling Club).
3. Les petits réacteurs modulaires (SMR)
La troisième innovation concerne les réacteurs nucléaires miniatures (SMR), moins coûteux et plus flexibles. Ils pourraient répondre à la demande croissante d'électricité décarbonée. Aux États-Unis, la Tennessee Valley Authority (TVA) a demandé l'autorisation de construire un SMR BWRX-300 pour une commercialisation à l'horizon 2033 (voir Tennessee Valley Authority). En Europe, un consortium a été lancé pour développer l'EAGLES-300, un SMR de 4e génération refroidi au plomb, qui devrait être commercialisé en 2039 (voir World Nuclear News).
4. Les thérapies vivantes
La quatrième innovation est celle des thérapies vivantes, qui utilisent des micro-organismes génétiquement modifiés pour une action thérapeutique ciblée. Les entreprises développent des solutions pour que microbes, cellules ou champignons agissent comme de minuscules usines à médicaments. L'entreprise américaine Chariot Bioscience travaille sur des plates-formes qui libèrent des agents thérapeutiques en une seule dose. La société japonaise NEC utilise une souche de Salmonella pour renforcer le système immunitaire contre les cellules cancéreuses (voir NEC).
5. Les médicaments "repositionnés"
La cinquième innovation est le repositionnement de médicaments. Une classe de médicaments initialement conçue pour le diabète et l'obésité (agonistes du récepteur GLP-1) s'avère prometteuse pour les maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson. Des études récentes ont confirmé que ces médicaments réduisent l'inflammation cérébrale et favorisent l'élimination des protéines toxiques (voir JAMA Neurology).
6. Les capteurs biochimiques autonomes
La sixième innovation concerne les capteurs biochimiques autonomes, de petits dispositifs fiables et économes en énergie qui analysent en continu des données corporelles ou environnementales. Ils peuvent détecter des marqueurs de maladies ou de pollution. L'exemple le plus connu est le glucomètre portable. Des chercheurs de l'Université du Texas à Austin ont mis au point un nouveau capteur d'hydratation sans fil, plus simple et plus rapide (voir PNAS).
7. Les filigranes génératifs
Enfin, la dernière innovation est celle des filigranes génératifs. Ces marqueurs numériques, invisibles et infalsifiables, servent à garantir l'authenticité des contenus créés par l'IA. Ils aident à lutter contre la désinformation et à renforcer la confiance dans le contenu numérique. Fin 2024, Google a présenté SynthID, une solution qui intègre une signature numérique invisible mais traçable dans les métadonnées des fichiers (voir Google).
Conclusion
Le WEF considère que les technologies de production d'énergies décarbonées, les nouveaux outils de bio-ingénierie et de repositionnement pharmaceutique, ainsi que les outils de traçabilité numérique, vont bouleverser nos économies d'ici 2030. Ces derniers pourraient restaurer la confiance nécessaire à l'utilisation généralisée des IA.
La France est bien positionnée dans ces secteurs stratégiques grâce à l'excellence de sa recherche. Cependant, face à la montée en puissance de nouveaux compétiteurs comme la Chine, l'Inde et le Brésil, notre pays et notre continent doivent trouver de nouvelles voies de coopération pour intensifier l'effort de recherche dans ces domaines qui transformeront nos sociétés en profondeur.
René Trégouët
Sénateur Honoraire
Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat
Rédacteur en Chef de RT Flash
e-mail : tregouet@gmail.com
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- Publié dans : Avenir Nanotechnologies et Robotique
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