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Les robots s'attaquent au coeur

Pour le professeur Daniel Loisance, professeur de chirurgie cardiaque à l'hôpital Henri-Mondor, l'arrivée des nouvelles technologies donne des résultats globalement positifs et permet des opérations de moins en moins invasives. Revers de la médaille : elles sont techniquement difficiles à appréhender. La presse s'est largement fait l'écho des prouesses technologiques de la médecine, mais les appareils sortis il y a deux ans sont désormais dépassés. Surtout, la vision en deux dimensions de l'intérieur du corps humain est insuffisante pour permettre au chirurgien des approches très précises. Sans repère de profondeur, ce dernier peut par accident perforer des organes périphériques. Ce type d'erreur devrait être évité avec le nouveau système Da Vinci, développé par Intuitive Surgical. Cette machine complexe permet une vision interne en trois dimensions rendue à l'aide de deux caméras, et d'un poignet articulé pour effecteur les gestes techniques à l'intérieur du corps du patient. Le tout, manipulé à distance par un chirurgien dont les gestes sont reproduits en temps réel par un ordinateur ultra puissant. La France ne compte aujourd'hui que trois machines de ce type. Chacune d'elle a coûté entre un million et un million et demi de dollars. Le professeur Loisance en a obtenu une dès mai 2000 pour son service de chirurgie thoracique et cardiovasculaire à Henri-Mondor : l'achat a été financé par l'homme d'affaires François Pinault. Un deuxième système Da Vinci est arrivé à Nancy depuis trois semaines seulement et le troisième est en cours d'installation à l'hôpital européen Georges-Pompidou de Paris. Aujourd'hui, seul 2 à 3 % des opérations cardiaques ont pu bénéficier de cette technologie, c'est-à-dire les patients qui présentent le moins de risques opératoires. En outre, si l'équipe de l'hôpital Henri Mondor a suivi une formation spécifique à la manipulation du matériel, les temps opératoires demeurent plus longs que lors d'interventions traditionnelles. Avec de la pratique, ces délais devraient toutefois se réduire. Avec de tels outils, on se prend à rêver d'opérations à distances, mais celles-ci ne sont pas tout à fait à l'ordre du jour. "Il est nécessaire d'avoir un chirurgien traditionnel sur place", explique le professeur Loisance . Mais il n'exclut pas, d'ici quelques années, le recours à la télémédecine internationale, mettant par exemple en relation un chirurgien italien et des spécialistes internationaux équipés du même matériel. Au cours d'une opération, si le premier rencontrait une situation imprévue, il pourrait ainsi bénéficier des conseils, voire des techniques de ses pairs. À condition toutefois de bénéficier d'une connexion Internet suffisamment puissante et sécurisée pour transmettre des informations en streaming, sans le moindre ralentissement. Ce qui demanderait sans doute l'instauration d'une sorte d'Internet parallèle à haut débit à destination du corps médical. En attendant d'en arriver là, on attend en France la prochaine innovation technologique venue du Japon : il s'agit d'un ensemble software/hardware sur lesquels travaillent les ingénieurs de Toshiba, capable de modéliser en trois dimensions les organes internes d'un patient, de telle façon que les chirurgiens puissent se livrer à une véritable simulation avant la première intervention. Le produit est actuellement en développement. À son arrivée en France, il devrait coûter dans les huit millions de francs. Reste à savoir qui mettra la main à la poche pour offrir cette merveille de technologie au corps médical français.

Transfert :

http://transfert.net/fr/techno/article.cfm?idx_rub=89&idx_art=2907

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