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Cancer du colon : vers une chimiothérapie génétiquement personnalisée

Des chercheurs de l'Institut Curie estiment avoir découvert une nouvelle piste pour rendre plus efficaces les chimiothérapies pratiquées sur des patients souffrant de cancer colorectal avancé, selon une étude paraissant jeudi dans la revue spécialisée Oncogene.La chirurgie est généralement efficace sur des tumeurs dépistées tôt. Mais, en présence de métastases cancéreuses, la chimiothérapie ne permet pas toujours "une amélioration significative de la survie", soulignent les chercheurs.

Lors d'essais sur des souris, ils ont constaté que l'un des médicaments utilisés en chimiothérapie, l'irinotecan ou "CPT-11" (nom commercial: Campto) était moins efficace lorsqu'une mutation du gène suppresseur de tumeur P53 était retrouvée dans les cellules cancéreuses. Gardien de l'intégrité du génome, le gène P53 entraîne normalement la production d'une protéine qui peut déclencher le "suicide" (apoptose) d'une cellule dont l'ADN a subi des lésions trop graves. En cas de mutation du gène P53, cet ordre n'est plus donné.

Or, une mutation du gène P53 est constatée dans près de 70% des cancers du colon, rappellent les auteurs de l'étude. L'irinotecan, est généralement associé à deux autres molécules (le 5-fluoro-uracile et la leucovorine) lors des chimiothérapies. Lorsque le gène P53 est normal, l'administration d'irinotecan entraîne la réduction de la prolifération des cellules tumorales aussi bien in vitro que lors des expériences sur des souris chez lesquelles une tumeur colorectale humaine avait été greffée.

Quand le gène P53 présente une mutation, outre une moindre efficacité de l'irinotecan, les chercheurs ont constaté l'accumulation anormale d'une protéine particulière de la famille des kinases (Cdk1) dans les cellules cancéreuses. Elle pourrait, selon eux, jouer un rôle déterminant dans la résistance à la chimiothérapie. Pour en contrecarrer les effets, ils ont testé un inhibiteur de cette protéine, le CYC-202.

Les essais sur des cellules cancéreuses humaines en culture ou greffées sur des souris ont alors montré que l'association du CYC-202 avec l'irinotecan augmentait l'efficacité de la chimiothérapie (par rapport à l'irinotecan seul) dans les cancers où le gène P53 est muté, selon les équipes de Marie-France Poupon, Sylvie Robine et de Patricia de Cremoux. Il reste, dans une "étape ultérieure", à faire la preuve de l'efficacité clinique de cette association, lors d'essais sur des patients, a précisé Patricia de Cremoux (Institut Curie). Deuxième cause de mortalité par cancer dans les pays occidentaux, le cancer colorectal fait quelque 16.000 morts par an en France.

Institut Curie : http://www.curie.fr/upload/presse/270204_fr.pdf

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