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Une consommation modérée de vin rouge aurait bien un effet cardiovasculaire protecteur

L'étude PREDIMED, utilisant un biomarqueur urinaire pour mesurer objectivement la consommation de vin, semble confirmer qu'une consommation modérée réduit le risque cardiovasculaire. L’idée qu’une consommation modérée de vin puisse protéger le cœur est un sujet de controverse en prévention cardiovasculaire. Si la culture méditerranéenne en a fait presque une évidence, les données scientifiques restent divisées. Le problème vient surtout de la manière dont on mesure cette consommation : les questionnaires alimentaires reposent sur la mémoire et la bonne foi des patients, avec leur lot d’imprécisions et de sous-déclarations. L’étude PREDIMED, déjà connue pour avoir démontré les bénéfices du régime méditerranéen, apporte ici une approche plus concrète : utiliser un marqueur biologique, l’acide tartrique urinaire, pour évaluer la consommation réelle de vin et son lien avec les événements cardiovasculaires.

L’analyse a porté sur 1 232 participants de l’essai PREDIMED, dont 685 ont présenté un événement cardiovasculaire (infarctus, AVC, insuffisance cardiaque ou décès d’origine cardiovasculaire). L’acide tartrique, présent presque exclusivement dans le raisin et donc dans le vin, a été mesuré dans les urines par chromatographie couplée à la spectrométrie de masse, à l’inclusion puis après un an. Les chercheurs ont ensuite classé les participants en cinq groupes selon leur niveau d’excrétion urinaire, correspondant à une consommation estimée allant de moins d’un verre de vin par mois à environ un verre par jour.

L’acide tartrique urinaire s’est avéré corrélé à la consommation de vin déclarée, mais il a surtout permis d’objectiver une relation inverse entre consommation légère à modérée et risque cardiovasculaire. Par rapport aux non-consommateurs, les sujets ayant des concentrations correspondant à 3 à 12 verres par mois présentaient une réduction de risque relatif de 38 %, et ceux entre 12 et 35 verres par mois, une réduction de 50 %. Au-delà de ces niveaux, l’effet protecteur disparaissait. Le signal semblait plus marqué chez les hommes et chez les diabétiques, sans interaction significative selon le sexe. Cependant, les analyses basées uniquement sur les déclarations alimentaires ne retrouvaient aucune association, illustrant bien la limite des questionnaires alimentaires habituels. Ces résultats ne tranchent pas le rôle exact du vin, mais montrent l’intérêt d’un biomarqueur simple et fiable pour évaluer sa consommation réelle. L’acide tartrique urinaire reflète bien l’apport en vin, sans biais de mémoire ni influence sociale. Les effets observés pourraient venir des polyphénols, plus que de l’alcool lui-même, et être renforcés par le régime méditerranéen des participants.

En résumé, cette étude rouvre un vieux débat avec des outils plus modernes. Elle suggère qu’une consommation modérée et régulière de vin, dans le cadre d’un régime méditerranéen, pourrait s’accompagner d’un moindre risque cardiovasculaire. Surtout, elle encourage à aller au-delà des simples déclarations pour adopter une approche plus objective du lien entre alimentation et risque cardiovasculaire.

Oxford Academic : https://academic.oup.com/eurheartj/article/46/2/161/7920812

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