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Vers un élargissement de l'utilisation de la thérapie génique dans le traitement de cancers

Une étude récente réalisée par des chercheurs du "National Cancer Institute" (NCI) et publiée dans le "Journal of Clinical Oncology" annonce des résultats encourageants en terme de thérapie génique dans le traitement de certains cancers. Cette étude, utilisant une méthode appelée thérapie cellulaire adoptive, montre pour la première fois une régression de tumeurs sur des patients atteints d'un sarcome synovial, cancer dit "à tissus mous" touchant principalement les adolescents et jeunes adultes.

La thérapie cellulaire adoptive ou "adoptive cell therapy" (ACT), est une technique de thérapie génique utilisée dans le traitement de certains cancers comme les mélanomes. Le principe est simple : des lymphocytes T, cellules du système immunitaires, sont prélevés sur des patients atteints de cancer puis génétiquement modifiés afin qu'ils puissent exprimer un récepteur capable de reconnaître des antigènes présents à la surface des cellules cancéreuses.

Ces lymphocytes sont ensuite réinjectés dans les tumeurs des patients afin qu'ils puissent détruire les cellules cancéreuses. Une des particularités de cette technique est qu'elle utilise des lymphocytes T spécifiques, les lymphocytes infiltrant des tumeurs (TIL), qui sont déjà présents dans les tumeurs des patients ; le but de la modification génétique étant de les rendre plus efficaces dans la reconnaissance des cellules cancéreuses cibles.

L'intégration du gène se fait via l'injection d'un virus incompétent pour la réplication mais capable de s'intégrer dans le génome de l'hôte. La première étude utilisant cette technique a été réalisée en 1988. L'ACT peut également être utilisée avec d'autres cellules du système immunitaire tells que des cellules NK cells, macrophages, or des cellules B.

Au cours de cette nouvelle étude, l'équipe du Docteur Steven Rosenberg a utilisé sur des malades atteints de sarcome synovial un traitement habituellement employé pour soigner des mélanomes en phase métastasique. Le sarcome synovial est qualifié de "cancer à tissus mous" et touche principalement les adolescents et les jeunes adultes. Les essais cliniques ont étés réalisés sur des patients âgés de plus de 18 ans, présentant une résistance aux traitements classiques et atteints de tumeurs exprimant la protéine NY-ESO-1 à leur surface.

Les lymphocyes T prélevés sur les patients ont étés génétiquement modifiés afin qu'ils expriment à leur surface des récepteurs capables de reconnaître cette protéine. Les résultats de cette étude montrent une régression des tumeurs pour 4 patients sur 5 présentant un sarcome synovial et 5 sur 11 pour des patients atteints de mélanomes. "NY-ESO-1 étant exprimée, en plus des mélanomes et des sarcomes synoviaux, dans un nombre important de cancers, cette protéine est une cible intéressante pour de futures thérapies" commente le Dr. Steven Rosenberg, directeur du département chirurgie du NCI. En effet, NY-ESO-1 est une protéine exprimée dans plus de 50 % des mélanomes, des cancers du sein, de la prostate, de l'oesophage, des poumons et des ovaires et dans 80 % des cas de sarcome synovial.

Le Dr. Rosenberg est l'un des pionniers en terme de recherche et de développement d'immunothérapie dans la guérison de cancers. Avec ce dernier succès, son équipe de recherche compte désormais tenter de généraliser ce traitement et étendre son application à d'autres types de cancers possédant également des cellules exprimant la protéine NYESO-1. L'un des principaux avantages de cette approche est la spécificité du traitement. En effet, cette protéine n'est, en dehors des cellules cancéreuses et des testicules, pas exprimée par d'autres cellules de l'organisme. En injectant directement les lymphocytes génétiquement modifiés dans les tumeurs des patients, le risque "d'attaque" de cellules saines est très faible.

Ce type de thérapie permet d'obtenir des traitements spécifiques pour chaque patient, aboutissant à une efficacité plus importante mais également à une diminution des effets secondaires que peuvent présenter les traitements classiques tels que la chimiothérapie ou la radiothérapie. Cette approche ouvre l'ère d'une médecine personnalisée où chaque patient pourra être soigné de façon spécifique et individuelle. Cependant, le problème majeur reste le coût des soins qui s'avère beaucoup plus élevé que pour les traitements oncologiques classiques, cette approche thérapeutique nécessitant un travail important et une grande expertise de la part du laboratoire.

Journal of Clinical Oncology

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