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L'objectif de l'oeil artificiel se rapproche

Les chercheurs de la société allemande Intelligent Medical Implants (IMI) Group à Bonn, ont conçu un implant en or, de la taille d'une pièce de monnaie, dont la puce électronique pilote une petite pastille de 49 électrodes collée sur la rétine au fond de l'oeil. En novembre, ces pastilles ont été fixées dans les yeux de quatre personnes aveugles par un chirurgien ophtalmologiste de la clinique universitaire de Hambourg.

Les puces électroniques, qui seront un jour en relation avec une caméra vidéo par liaison infrarouge, ont été testées en simulant l'envoi de signaux visuels. Quand un ordinateur a envoyé les signaux de motifs simples comme des lignes ou des taches, trois patients ont vu les lignes et ont pu localiser les taches. Un des patients a même pu voir la simulation d'un mouvement horizontal, a rapporté le 2 mai Thomas Zehnder, le directeur médical de IMI, à une rencontre de l'Association for Research in Vision and Ophtalmology (Arvo).

La société est maintenant en compétition avec un nombre croissant de groupes de recherche publics et privés, dont l'objectif est de mettre au point le premier «oeil» artificiel. Au moins cinq équipes à ce jour ont implanté des appareils expérimentaux chez l'homme et une sixième va bientôt le faire. Les systèmes qui font l'objet d'une évaluation préclinique sont aussi de plus en plus nombreux : on en compte au moins 23, soit le double d'il y a quatre ans.

Pour l'instant, les appareils les plus avancés n'ont fourni que des images rudimentaires en noir et blanc, encore insuffisantes pour se repérer dans un milieu inconnu. La plupart des yeux artificiels en développement ne profiteront qu'à la minorité de gens rendus aveugles par des maladies telles que la rétinite pigmentaire ou la dégénérescence maculaire liée à l'âge, où seules les cellules photosensibles sont touchées. Ils ne seront pas applicables à des personnes aveugles de naissance, dont le système visuel n'a pu se développer correctement.

On se rapproche néanmoins du rêve d'une vision artificielle grâce à de meilleures techniques chirurgicales, une miniaturisation de l'électronique et des progrès à la fois dans les électrodes et dans les connaissances pour greffer sans risques de tels appareillages électroniques. «Pour nous tous, voir ces progrès est passionnant», confie Eberhart Zrenner, neuro-ophtalmologiste de l'université de Tübingen en Allemagne.

Depuis 2002, le groupe d'Humayun, maintenant à l'University of Southern California à Los Angeles, a implanté son dispositif chez six personnes devenues aveugles après une rétinite pigmentaire. Elles ont toutes pu distinguer les motifs lumineux d'une assiette, d'une tasse et d'une cuillère en déplaçant leur caméra pour analyser l'objet, ont annoncé les chercheurs au meeting de l'Arvo. Certaines d'entre elles ont aussi pu détecter le mouvement d'un faisceau de lumière dans une pièce obscure. Leur perception était grossière. «Mais pour elles, c'est déjà énorme», souligne Weiland.

Weiland, Humanyun et leurs collègues travaillent maintenant sur des implants épirétiniens contenant des centaines d'électrodes qui pourraient fournir selon eux assez de points lumineux pour permettre aux patients de reconnaître des figures et lire de gros caractères. Le groupe développe aussi une minuscule caméra vidéo qui sera intégrée à un cristallin artificiel destiné à remplacer le cristallin naturel. Ceci devrait permettre aux patients d'utiliser les mouvements naturels de leur oeil au lieu de devoir effectuer un déplacement particulier de la tête. Second Sight prévoit aussi de commencer cette année les tests d'un implant de 60 électrodes.

Cette technologie entrera en compétition directe avec la grille de 49 électrodes de l'IMI à côté de laquelle un très petit récepteur infrarouge sera placé pour recevoir, via un processeur de poche, les images vidéo d'une caméra. Cet été, ce nouvel appareil implanté chez dix personnes devrait leur permettre, selon Hans-Jürgen Tiedke, l'ingénieur électricien qui dirige les chercheurs de la société, de reconnaître des objets de taille comme une table, une chaise, une porte et peut-être même une tasse à café.

Figaro

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