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Alzheimer : une protéine potentiellement active contre la maladie

C'est une nouvelle piste pour une pathologie qui atteint désormais 800 000 personnes en France et qu'aucun traitement n'est parvenu jusqu'ici à ralentir. Une protéine naturellement présente dans le cerveau, appelée FKBP52, pourrait peut-être permettre de lutter contre la maladie d'Alzheimer, selon des travaux préliminaires publiés dans les comptes rendus de l'Académie américaine des sciences par l'équipe du Pr Étienne-Émile Baulieu. À 83 ans, l'infatigable endocrinologue et biochimiste, célèbre pour ses découvertes concernant la DHEA et la pilule abortive RU486, poursuit ses recherches sur le vieillissement.

Le cerveau des malades d'Alzheimer se caractérise par deux types de lésions : d'une part des dépôts de plaques de protéines bêta-amyloïde autour des neurones ; d'autre part l'accumulation de protéine tau dans ces cellules, qui altère leur fonctionnement. Jusqu'à présent, c'est majoritairement la piste bêta-amyloïde qui a été explorée pour mettre au point des traitements. Avec un certain nombre d'échecs, et beaucoup d'essais en cours, notamment avec des vaccins.

Les chercheurs se penchent aussi sur les anomalies de la protéine tau, impliquées également dans d'autres dégénérescences cérébrales. Mais pour l'instant, un seul médicament «anti-tau», le Rember, a été testé chez des malades (lire nos éditions du 31 juillet 2008). C'est également à cette voie que s'attaque le Pr Baulieu avec son FKBP52. Découverte et clonée par son équipe vers 1992, cette substance appartient à la famille des immunophilines, des protéines qui se lient à certains médicaments immunosuppresseurs. La présence en grande quantité dans le cerveau du FKBP52 avait suggéré au chercheur que cette protéine avait peut-être d'autres fonctions qu'immunologiques.

En 2007, Étienne-Émile Baulieu et Béatrice Chambraud (Inserm) ont découvert que cette protéine interagit avec les microtubules cérébraux - des petits canaux indispensables au bon fonctionnement des neurones et aux communications de ces cellules. Ils viennent de franchir une nouvelle étape en démontrant, sur des cellules, que le FKBP52 peut en fait bloquer les développements délétères de la protéine tau (qui s'accroche aux microtubules). Pour le Pr Baulieu, c'est un nouvel espoir pour tenter de freiner ou de corriger les anomalies des protéines tau. Il envisage maintenant de tester cette approche sur des modèles animaux de la maladie d'Alzheimer, grâce à des collaborations avec des équipes britanniques et australiennes.

«Nos recherches ouvrent aussi des possibilités pour un diagnostic précoce de la maladie, les anomalies biochimiques étant présentes au moins cinq à dix ans avant les signes cliniques», poursuit le chercheur. Le Dr Claude Sebban (hôpital Charles-Foix, Ivry) confirme qu'une collaboration s'institue avec l'Institut de longévité de Paris, notamment pour mettre au point des méthodes de dosage.

Figaro

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