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Un capteur révolutionnaire pour détecter les PFAS
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Elles font quasiment figure d'ennemis publics numéros 1. Et pour cause, les PFAS, ces substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées souvent qualifiées de polluants éternels, figurent en tête des produits qui dégradent la qualité de l'eau. Une invention, développée à l'Institut de Science des Matériaux de Mulhouse (IS2M), pourrait bien contribuer à faciliter leur traque.
Le détecteur baptisé Attomip est utilisable sur le terrain pour identifier et doser précisément ces molécules dangereuses à partir d'une simple goutte d'eau. Une avancée importante puisque jusqu'à présent il fallait passer par des analyses en laboratoire pratiquées sur de gros appareils et qui exigeaient des jours avant d'obtenir des résultats.
Les PFAS qui n'existent pas à l'état naturel ont séduit de multiples industries, car leur squelette de carbone et d'atomes de fluor les rend très stables, les empêchant ainsi de se dégrader. C'est justement ce qui les rend dangereuses aussi bien pour l'environnement, dans lequel elles s'accumulent que pour la santé humaine. « Nous avons fait une première preuve de concept avec la molécule PFOA, l'un des principaux 'polluants éternels' », explique Olivier Soppera, directeur de recherche à l'IS2M (CNRS/université Haute-Alsace).
Pour traquer cette molécule, les chercheurs ont combiné deux technologies. L'une, optique, consiste à utiliser une fibre optique dans laquelle circule une lumière blanche avec laquelle les molécules interagissent, trahissant ainsi leur présence. Toute l'originalité du projet est liée à la seconde technologie qui constitue l'une des spécialités de ce laboratoire de chimie des matériaux : les polymères à empreinte moléculaire (PEM).
« Dans le capteur, nous préparons in situ un film de polymère à empreinte moléculaire. C'est un film plastique dans lequel sont réalisées des répliques exactes de la molécule recherchée, mais en négatif, et que celle-ci vient épouser un peu comme dans un moule. Quand les molécules sont piégées dans les empreintes, leur présence modifie la lumière blanche circulant dans la fibre optique », détaille Olivier Soppera.
Plusieurs industriels ont déjà manifesté leur intérêt pour un appareil qui n'existe pas sur le marché. « L'intérêt c'est que nous pouvons réaliser une empreinte de nombreuses molécules organiques différentes et ainsi facilement adapter notre dispositif à d'autres contextes comme le contrôle alimentaire, des applications médicales voire même potentiellement à la détection antidopage », précise Olivier Soppera.
Un brevet a été déposé et le projet est désormais soutenu par la SATT alsacienne Conectus afin d'entrer en phase de maturation. « Nous allons désormais faire mûrir notre technologie et la rendre robuste, quel que soit l'environnement, puis chercher des partenaires industriels afin de la valoriser ».
Les Echos du 17.06.2025 : https://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/polluants-eternels-un-capteur-revolutionnaire-pour-traquer-les-pfas-2171259
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- Publié dans : Chimie
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