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Pollution urbaine : un impact réel sur l'espérance de vie et la mortalité

La pollution atmosphérique urbaine est devenue un problème majeur de santé publique et la prise de conscience des impacts sanitaires de la pollution de l’air a conduit à la mise en place d’une règlementation dans le cadre de loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie du 30 décembre 1996. Les principaux polluants de l’air sont suivis quotidiennement dans les grandes agglomérations françaises et la population est informée de la pollution mesurée et prédite pour les jours suivants.

La réglementation prévoit pour certains polluants des seuils d’information et de recommandations et des seuils d’alerte. Lorsque les concentrations journalières dépassent ces seuils, des procédures d’information de la population sont activées, et dans le cas des seuils d’alertes, des mesures sont prises pour limiter la pollution. Ces seuils concernent le dioxyde d’azote (NO2), le dioxyde de soufre (SO2), l’ozone (O3) et les particules de diamètre inférieur ou égal à 10 ?m (PM10).

L’InVS est régulièrement interrogé par les Agences régionales de santé (ARS) sur l’intérêt de surveiller temporairement l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique lorsque les niveaux mesurés dépassent les valeurs habituelles pendant quelques jours (situation des « pics » de pollutions), correspondant ou non à des dépassements des valeurs réglementaires. Cette note fait le point sur les impacts attendus de la pollution atmosphérique urbaine et sur les actions de santé publique possibles en cas de pics de pollution.

Plusieurs études épidémiologiques documentent les impacts sanitaires à court-terme de la pollution atmosphérique. On entend par là des effets survenant quelques jours après une exposition à la pollution. Ils sont évalués via des études multicentriques utilisant des méthodes statistiques d’analyse des séries temporelles pour mettre en évidence un lien entre niveaux de polluant et santé. Ces études nécessitent plusieurs années de données et prennent en compte de nombreux facteurs de confusions comme par exemple la température ou les tendances temporelles.

Des études nationales et internationales menées ainsi avec des méthodes robustes et comparables s’accordent sur un impact significatif de l’ozone sur la mortalité et les hospitalisations pour cause respiratoires. Les PM10 sont également associées à une augmentation de la mortalité toutes causes confondues et une augmentation des hospitalisations pour causes respiratoires et cardiovasculaires.

Toutes ces études ont mis en évidence, à l’échelle de la population, l’absence de seuil protecteur en-deçà duquel aucun impact sanitaire ne serait observé. Autrement dit, les effets de la pollution atmosphérique sur la santé sont observés dès les concentrations les plus faibles, en l’absence même de pics de pollution. Sur une année, l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique est donc essentiellement dû aux niveaux moyens de pollution atmosphérique, en dehors des pics.

De plus, il a été montré par plusieurs études de cohorte qu’une exposition chronique à la pollution de l'air peut contribuer au développement de pathologies chroniques (cancer du poumon, pathologies cardiaques…). Ainsi, l’impact à long terme de l’exposition chronique aux PM2,5 sur la mortalité, notamment cardiovasculaire, a été clairement établi. Les résultats sont moins concluants en ce qui concerne le lien entre exposition chronique à l’ozone et mortalité respiratoire. En termes de santé publique, le poids de ces impacts à long terme est largement supérieur à celui des impacts à court terme.

Ceci est illustré par les résultats des évaluations de l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique urbaine réalisées dans le cadre du projet Aphekom (www.aphekom.org). Ce projet portait sur 25 villes européennes dont neuf villes françaises : Lille, Le Havre, Rouen, Paris, Strasbourg, Bordeaux, Lyon, Toulouse et Marseille, totalisant 12 millions d’habitants.

Sur ces neuf villes, pour la période 2004-2006, en considérant les effets à court terme, une diminution de 5 ?g/m3 de la moyenne annuelle des PM10 aurait conduit à différer 230 décès, et à éviter 330 hospitalisations cardiaques et 630 hospitalisations respiratoires chaque année. Une diminution de 5 ?g/m3 des maxima journaliers sur 8h de l’ozone aurait conduit à différer 120 décès et à éviter 200 hospitalisations respiratoires. En considérant les effets à long terme, une diminution de 5 ?g/m3 des niveaux moyens annuels de PM2,5 aurait conduit à un gain moyen d'espérance de vie à 30 ans de l'ordre de 4 à 5 mois, soit un gain annuel total de plus de 71 000 années de vie.

Cela aurait été équivalent à l’évitement de plus de 2 200 décès en moyenne par an, dont près de 1 200 de causes cardiovasculaires. Ces résultats montrent que la pollution de l’air a un impact important sur la santé des français, y compris lorsque les concentrations sont inférieures aux seuils réglementaires. Ils confirment également que l’impact à long terme de la pollution est beaucoup plus important en termes de santé publique que l’impact à court terme.

INVS

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