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Voitures électriques et hybrides mettront au moins dix ans à s'imposer

Electriques et hybrides ont beau être les stars des salons automobiles, les technologies coûteuses sur lesquelles ils reposent pourraient mettre une dizaine d'années à s'imposer sur les routes européennes, nécessitant la poursuite de l'amélioration des moteurs classiques pour tenir à court terme les objectifs de CO2. Le lancement cette année des premières voitures entièrement électriques de Nissan, Daimler et Mitsubishi, ainsi que l'arrivée de modèles hybrides chez les constructeurs européens a relancé l'engouement médiatique pour les alternatives aux motorisations uniquement thermiques comme solution d'avenir pour réduire les émissions de dioxyde de carbone.

Mais la plupart des constructeurs présents cette semaine au salon de l'auto Genève précisent que le moyen le plus simple pour atteindre l'objectifs européen de 130g/km d'émissions moyennes de CO2 en 2015 reste d'améliorer les performances des moteurs classiques, de réduire la taille des voitures, ou de proposer plus de diesel, carburant 20 à 30 % plus économe que le moteur à essence.Je pense que l'opportunité pour les hybrides en Europe est assez restreinte", a ainsi indiqué le vice-président Europe de Hyundai, Allan Rushforth.

Alors que Hyundai développe par ailleurs des voitures hybrides et électriques, Rushford a précisé que la seule introduction de moteurs diesels plus propres et de voitures à essence améliorées permettrait au premier constructeur sud-coréen de réduire ses émission de CO2 en Europe à 115g/km en 2015, au lieu de 142 g/km l'an dernier.

Au Japon et aux Etats-Unis, des primes vertes généreuses ont contribué à lancer de nombreux véhicules hybrides sur les routes, tandis que de leur côté l'Europe privilégie depuis longtemps le diesel, carburant moins taxé et alimentant des moteurs à la durée de vie bien plus longue. Avec des volumes de ventes si faibles, Honda, l'un des rares constructeurs mondiaux de voitures hybrides à grande échelle, mais qui ne détient que moins de 1 % du marché automobile européen, n'a quasiment pas bénéficié de sa spécialisation. La firme japonaise aura ainsi besoin dans sa gamme d'un petit véhicule diesel pour atteindre ses objectifs au-delà de 2015, a indiqué à Reuters le P-DG de Honda lors du salon. "Je pense que les Européens ne se sont pas pressés pour lancer des véhicules hybrides parce que ceux-ci ne sont pas forcément plus économes en carburant que les diesels", analyse Michael Tyndall, spécialiste automobile chez Nomura International.

"Le rapport coût-bénéfice ne leur est pas forcément favorable aux yeux des consommateurs européens, car un véhicule hybride sera plus cher à l'achat et la différence ensuite en terme d'économie de carburant n'est pas suffisante pour justifier cet investissement initial", a-t-il ajouté. Toyota, le leader des véhicules hybrides, a dans le même temps réduit drastiquement ses émissions à 130,1 g/km l'an dernier - seul Fiat, qui construit des voitures petites, a fait mieux - mais il doit surtout cette performance à la pénétration en Europe de sa berline compacte Yaris, selon l'étude menée par l'entreprise JATO Dynamics. Toyota a vendu 44.000 Prius, son célèbre hybride, l'an dernier en Europe, à comparer aux 210.000 Yaris écoulées.

Même l'alliance Renault-Nissan, qui proposera à partir de 2011-2012 une gamme complète de véhicules électriques, a souligné que ces voitures "zéro émission à l'usage" ne suffiront pas à atteindre les objectifs européens de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les constructeurs automobiles affirment qu'une réduction plus conséquente du CO2 à 95g/km d'ici 2020 nécessiterait une technologie hybride, des véhicules entièrement électriques, ou bien des véhicules à pile à combustible fonctionnant à l'hydrogène. C'est pour cette raison que certains constructeurs comme BMW et Volkswagen ont prévu eux aussi de présenter des voitures électriques et diesels dans les salons.

PSA Peugeot Citroen, qui proposera l'an prochain un hybride diesel, s'attend également à ce que l'électrification de la propulsion, sous une forme plus ou moins poussée, gagne du terrain d'ici une dizaine d'années. "Si l'on compare le marché tel qu'il est aujourd'hui et tel qu'il sera en 2020 (...) nous estimons que les véhicules électriques et hybrides devraient constituer jusqu'à 15% du marché" a assuré le président du directoire du groupe, Philippe Varin.

LP

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