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Les vertus du vin liées au mode de consommation

Depuis des décennies, la question des bienfaits, en particulier pour le coeur, d'une consommation modérée de vin passionne les chercheurs. Et embarrasse les autorités sanitaires, d'autant que les effets délétères de fortes doses d'alcool sur l'organisme sont, eux, parfaitement établis. Une étude française publiée dans le British Medical Journal (BMJ) apporte une nouvelle pierre à l'édifice.

En comparant deux populations d'hommes quinquagénaires, en France et en Irlande du Nord, l'équipe du Pr Jean Ferrières (cardiologue, CHU de Toulouse) démontre qu'à dose égale la façon de consommer l'alcool compte pour beaucoup. Par rapport aux buveurs modérés et réguliers de vin (typiquement les Français), les adeptes des bitures express du week-end (typiquement les Irlandais) ont un risque doublé d'infarctus du myocarde. Dans les deux pays, le taux d'infarctus est nettement plus bas (d'environ 40 %) chez les buveurs de vin que chez les abstinents.

Dès 1991, le chercheur Serge Renaud avait émis l'hypothèse que le «paradoxe français» -apparente contradiction entre la faible mortalité cardio-vasculaire des Français et leur alimentation riche en graisses et en sauces- avait à voir avec leur goût pour le vin rouge. Depuis, des études épidémiologiques ont confirmé son intuition, tandis que des recherches fondamentales expliquaient pourquoi.

Les effets cardioprotecteurs d'une consommation modérée de vin rouge (de l'ordre de un à trois verres par jour) sont attribués en partie à la présence d'éthanol et de polyphénols. À dose modérée, moins de 30 g/jour, l'éthanol -commun à toutes les boissons alcoolisées- est antiathéromateux et antiagrégant plaquettaire.

Quant aux polyphénols, groupe complexe de composés dont le plus connu est le resvératrol, leurs vertus sont nombreuses : cardiovasculaires, anticancer, antivieillissement... Plusieurs études, dont une publiée en 2004 par le Pr Ferrières, suggèrent toutefois que les effets sont en partie indirects. Les consommateurs réguliers de vin auraient une hygiène de vie plus saine ; ils mangent davantage de fruits et légumes, sont plus actifs.

La nouvelle publication des chercheurs français, solide puisqu'elle inclut près de 10.000 hommes de 50 à 59 ans, suivis pendant dix ans, est frappante. L'incidence de l'infarctus (nombre de nouveaux cas par an) s'avère deux fois plus élevée chez les Irlandais que chez les Français, alors que l'analyse de leurs habitudes respectives vis-à-vis de l'alcool montre des comportements très contrastés.

La proportion d'abstinents est bien plus forte en Irlande (40 %) qu'en France (10 %). Chez les consommateurs d'alcool, les quantités ingérées par semaine sont comparables dans les deux pays, mais les modalités diffèrent. Les Irlandais boivent surtout pendant le week-end alors que la consommation des Français est plus répartie dans la semaine.

Et ils ne trinquent pas avec les mêmes produits : plus de 90 % des Français boivent du vin, alors qu'à Belfast ce sont plutôt la bière et les alcools forts qui ont la cote. «La différence entre Français et Irlandais vis-à-vis du risque d'infarctus s'explique par trois groupes de facteurs, comptant chacun pour un tiers, synthétise le Pr Ferrières. Il y a la façon de consommer régulière -ou binge drinking-, le type d'alcool -vin rouge ou autre- et les facteurs de risque classiques cardio-vasculaires -hypertension, diabète, tabac...» Le suivi de cette cohorte continue pour savoir ce qu'il en est des risques de cancers dans les deux populations.

Plusieurs vastes études, dont celle d'une élève de Serge Renaud, Dominique Lanzmann-Petithory, ont montré que la mortalité par cancer des hommes préférant le vin est diminuée de 15 % par rapport à celle d'individus consommant d'autres alcools, a observé cette nutritionniste en travaillant sur une base de données de 100.000 dossiers, avec un recul de vingt-cinq ans.

Figaro

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