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Roboscope va révolutionner la neurochirurgie

Se faire ouvrir la boîte crânienne, quoi de plus terrifiant ? Si aujourd'hui les chirurgiens n'y vont plus à la scie, la trépanation constitue encore une des opérations les plus délicates qui soient. La technique a beau être ancienne, elle nécessite continuellement de nouvelles innovations.A ce titre, les IRM (imagerie par résonance magnétique), scanners et autres ultrasons (échographie) ont constitué une avancée certaine dans la connaissance de ce qui se déroule à l'intérieur de notre tête, avec toujours plus de précision dans les détails. Ces dernières années sont également apparus divers robots neurochirurgicaux - ou plus exactement des bras articulés - susceptibles de remplacer les doigts du chirurgien. Toutefois, jusqu'à présent, les deux opérations étaient indépendantes : un endoscope d'un côté pour observer l'intérieur du corps au plus près avant l'opération, un outil " passif ", dirigeable à distance de l'autre. Combiner les deux est un rêve que poursuit depuis longtemps le professeur Auer, un neurochirurgien allemand réputé. En collaboration avec seize partenaires de huit pays européens, il monte une "dream team " susceptible de réaliser son projet. Roboscope obtient un important financement de la communauté européenne (la moitié des 3,3 millions d'euros). En juin 1998, les équipes se lancent. Parmi celles-ci, le Fraunhofer Institute (Allemagne) et Kretz-Technik (Autriche) développent une nouvelle sonde ultrasonore adaptée à l'acquisition d'images per-opératoires (durant l'acte), Fokker Control Systems (Allemagne) et l'Imperial College (Royaume Uni) s'occupent du robot, l'INRIA de Sophia Antipolis (Nice) gère les problèmes de traitement d'image. Les difficultés sont de plusieurs ordres. Au niveau des images tout d'abord. Le chirurgien a planifié l'opération sur une IRM pré-opératoire. Lors de l'intervention, la sonde fournit des images ultrasonores en 3D qu'il faut recaler avec la précédente et fusionner avec la position du bras articulé, pour localiser en temps réel non seulement la position de l'instrument chirurgical mais également la déformation des structures anatomiques. A la fin officielle du projet, en août 2000, l'équipe d'Epidaure avait mis au point un algorithme suffisamment résistant pour assurer le recalage d'une IRM pré-opératoire à une image ultrasonore per-opératoire. Le second niveau de difficulté se situe au niveau de la construction. Le trou effectué dans le crâne pour l'opération est d'un diamètre inférieur à 12 mm. Or, il doit laisser passer l'endoscope et l'outil. Miniaturisation et précision extrême sont donc nécessaires. Le bras articulé possède l'avantage d'être entièrement manipulable par le chirurgien, tout en étant " bridé " mécaniquement pour éviter tout mouvement brusque. Grâce à un système de retour d'effort (une première), le bras ne peut être forcé dans une direction considérée préalablement comme dangereuse. Sa trajectoire respecte le "geste parfait" souhaité par le chirurgien tout en prenant en compte les déformations du cerveau et ses mouvements en temps réel. L'avantage de Roboscope tient également au fait qu'il permettra aux neurochirurgiens de préparer leur intervention en la simulant, à partir des images préalablement recueillies auprès de leur patient. Il servira aussi aux étudiants pour s'entraîner : refaire les gestes autant de fois que nécessaire pour gagner en confiance et efficacité. Aujourd'hui, la faisabilité du projet Roboscope a été clairement établie. Sur le plan strictement médical, les spécialistes s'accordent à reconnaître qu'il faciliterait leur tâche tout en garantissant une minutie dont l'homme est incapable à de telles échelles (inférieures à 1 mm). Quant aux aspects financiers, l'utilisation des images ultrasonores garantit des coûts moindres à ceux de l'IRM. Les éléments de la machine elle-même sont issus d'une génération de robot antérieure, ce qui facilite sa construction.Toutefois, l'engin doit encore attendre pour entrer en fonction. Les médecins doivent maintenant valider le concept pratiquement, après une batterie de tests sur des " fantômes ", des mannequins sophistiqués compatibles à la fois aux IRM et aux ultrasons. Ensuite - enfin -, le nouvel outil sera utilisé sur l'homme, aux alentours de 2006 ou 2008.

Besok : http://www.besok.com/homme/index.cfm

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