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Un riz transgénique pourrait servir de vaccin oral contre le choléra

Les vaccinations de demain seront peut-être effectuées en mangeant du riz. Une équipe japonaise a publié, lundi 11 juin, dans les Comptes rendus de l'Académie nationale des sciences américaine (PNAS) un article présentant un prototype de vaccin par voie muqueuse. Administré oralement, ne nécessitant pas d'injection, pouvant rester à température ambiante pendant plus d'un an et demi et n'étant pas détruit par les enzymes digestives, il a été testé chez la souris. Ce procédé de vaccination au moyen de riz génétiquement modifié pourrait représenter une voie prometteuse pour les pays du Sud.

Une partie des agents infectieux pénètre dans l'organisme en traversant une muqueuse. C'est le cas aussi bien pour le VIH, le virus grippal ou le vibrion agent du choléra, qui s'introduisent respectivement par les muqueuses génitale, respiratoire ou digestive. Il serait particulièrement intéressant de pouvoir développer une réponse immunitaire locale, au niveau même de cette porte d'entrée. La plupart des vaccins utilisés actuellement sont injectés et induisent la formation d'anticorps dans tout l'organisme, mais pas au niveau des muqueuses.

C'est dans cette optique que l'équipe d'Hiroshi Kiyono (université de Tokyo) a travaillé à la mise au point d'un riz génétiquement modifié pour que l'ADN de ses grains exprime un antigène. L'antigène utilisé pour la démonstration a été la sous-unité "B" de la toxine du choléra (CTB). Chaque grain contenait ainsi 30 microgrammes de CTB, qui se sont montrés résistants à une enzyme, la pepsine. Cela semble indiquer que l'antigène pourrait résister aux conditions d'acidité de l'estomac et de l'intestin.

Le riz, utilisé sous forme crue, réduit en poudre et mis en suspension, a ensuite été introduit chez les souris directement dans une anse intestinale comprenant dans sa paroi des formations lymphoïdes riches en cellules immunitaires, les plaques de Peyer. Les chercheurs ont constaté que le vaccin muqueux porté par le riz était capable d'y induire la production d'anticorps (immunoglobulines A, IgA) spécifiques de l'antigène. Le vaccin s'est également révélé plus stable que la seule sous-unité purifiée utilisée comme antigène. Enfin, l'équipe de scientifiques a montré que la CTB exprimée par le riz transgénique entraînait une immunité protectrice contre la toxine cholérique.

Théoriquement, le procédé a beaucoup d'avantages. Il serait moins onéreux que la production industrielle. Si le vaccin est exprimé par les composants de la plante, il n'y aurait pas besoin de le purifier. Le système minimiserait les risques de contamination liés au matériel d'injection. Ne nécessitant pas le recours à une chaîne du froid, comme c'est le cas pour les vaccins actuels, ce nouveau procédé représenterait une option particulièrement adaptée aux pays du tiers monde.

LM

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