Vivant
- Santé, Médecine et Sciences du Vivant
- Biologie & Biochimie
La radiothérapie ciblée par radioligand ouvre de nouveaux espoirs contre les cancers difficiles
- Tweeter
-
-
0 avis :
C'est bien une nouvelle voie pleine de promesses qui s’ouvre en radiothérapie : celle des radioligands, des médicaments qui associent la puissance de la radioactivité à la précision d’une thérapie ciblée. Une forme de “missile intelligent”, capable d’aller chercher les cellules cancéreuses une par une et de les détruire, tout en épargnant au maximum les tissus sains. Pour comprendre, imaginons une clé et une serrure. La clé, c’est un ligand ou un anticorps, fabriqué pour reconnaître une molécule présente uniquement sur les cellules tumorales. La charge transportée par cette clé, c’est un isotope radioactif. Quand la clé trouve la serrure – c’est-à-dire quand le ligand se fixe à la cellule cancéreuse –, la charge radioactive est délivrée directement à l’intérieur. Comme une micro-bombe qui n’explose qu’au bon endroit.
Contrairement à la radiothérapie classique qui irradie toute une région, le radioligand agit au niveau microscopique, cellule par cellule. Et contrairement à la chimiothérapie qui circule partout dans le corps, il se concentre sur la tumeur.
Les radioligands ne sont pas de la science-fiction. Deux médicaments sont déjà utilisés en routine dans plusieurs pays, y compris en France. Dans le cancer de la prostate métastatique, une protéine particulière – appelée PSMA – est très présente à la surface des cellules tumorales. Les chercheurs ont créé un radioligand, PSMA-617, auquel on accroche un isotope radioactif, le lutécium-177. Des études ont montré que, chez des patients dont la maladie résistait aux traitements classiques, ce radioligand pouvait prolonger la survie et réduire les symptômes. Le médicament est désormais intégré dans certaines recommandations internationales.
Dans les tumeurs neuroendocrines qui sont des cancers rares, souvent difficiles à traiter, un radioligand, qui combine un analogue de la somatostatine et du lutécium-177, a démontré sa capacité à ralentir la progression de la maladie et à améliorer la qualité de vie. Depuis 2017, il est approuvé en Europe et aux États-Unis. Les radioligands offrent plusieurs bénéfices tangibles pour les patients. Leur efficacité est désormais prouvée : ils améliorent la survie dans des cancers où les options thérapeutiques étaient jusque-là limitées. Les études cliniques ont montré que ces traitements prolongent le temps sans progression de la maladie et augmentent les chances de réponse, y compris chez des malades en impasse thérapeutique.
Autre avantage majeur, la tolérance est souvent jugée meilleure que celle des chimiothérapies lourdes. Les effets secondaires existent, en particulier la fatigue, les nausées ou l’atteinte de la moelle osseuse, mais ils sont en général plus supportables que les toxicités classiques des protocoles cytotoxiques. À cela s’ajoute un bénéfice direct sur la qualité de vie : de nombreux patients décrivent une diminution des douleurs, une autonomie accrue et la possibilité de maintenir leurs activités quotidiennes plus longtemps.
Enfin, les radioligands s’inscrivent dans une logique de médecine personnalisée grâce au principe du théranostic. Avant de proposer le traitement, une imagerie TEP permet de vérifier que la tumeur exprime bien la cible du radioligand. Le patient n’est traité que si la cible est présente, garantissant une stratégie adaptée et réellement individualisée. Tout n’est pas réglé et la RIV pose encore plusieurs défis. Sa disponibilité reste limitée, car seuls les centres spécialisés de médecine nucléaire, disposant d’infrastructures adaptées, peuvent les administrer. La logistique est également complexe : les isotopes radioactifs ont une durée de vie courte et doivent être produits puis livrés rapidement, ce qui impose une organisation lourde et fragile. La recherche continue à un rythme soutenu. De nombreux essais cliniques explorent l’efficacité des radioligands dans d’autres types de cancers. Dans le cancer du sein, certains radioligands ciblent spécifiquement les récepteurs HER2. Dans le cancer du rein, les chercheurs explorent la cible CAIX. En hématologie, plusieurs projets portent sur les lymphomes ou le myélome multiple. Enfin, même les tumeurs cérébrales comme le glioblastome commencent à être abordées avec cette stratégie.
Une équipe multidisciplinaire des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) vient ainsi de lancer une étude sur une thérapie innovante par radioligands (RLT) pour guérir des cancers difficiles à traiter, tels que le glioblastome, les tumeurs de l’œsophage ou du pancréas à des stades avancés. La RLT est une approche issue de la médecine nucléaire qui détruit une tumeur maligne par irradiation ciblée. Sa spécificité consiste à utiliser un élément radioactif inclus dans un composé chimique conçu pour se lier spécifiquement aux intégrines, des récepteurs surexprimés dans les tumeurs. Cette étude clinique de phase 1 évalue la sécurité et le dosage adapté du radioligand
Noter cet article :
Vous serez certainement intéressé par ces articles :

L'alimentation est bien une composante majeure du vieillissement
Selon une étude de l'université de Californie San Fransisco, adopter une alimentation saine, notamment raisonnable en sucres, est liée à un âge biologique plus jeune. Au-delà de réaffirmer ...

Plus de protéines végétales pour préserver son cœur
Une étude réalisée par des chercheurs de la Harvard T.H. Chan School of Public Health a montré qu'il est possible de réduire de près de 20 % le risque de maladie cardiovasculaire et de près de 30 % ...

Addiction à la nicotine : un frein naturel caché dans le cerveau
Lorsque la nicotine contenue dans le tabac est inhalée, elle agit sur plusieurs structures du système nerveux. Plus précisément, elle active des neurones dans une zone spécifique du cerveau, l’aire ...
Recommander cet article :
- Nombre de consultations : 0
- Publié dans : Biologie & Biochimie
- Partager :