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Edito : Vaccins à ARN : une révolution médicale qui ne fait que commencer

Avant-propos :

Cette semaine notre cagnotte a fait un bond de 2.290 euros en passant de 2.650 euros la semaine dernière à un total de 4.940 euros cette semaine. Mais ce bond est essentiellement dû au don d’un lecteur belge qui a viré 1.500 euros sur le compte bancaire de l’ADIST. Je le remercie car ce don est exceptionnel. Mais soyons réalistes, si nous n’avions pas reçu ce don de 1.500 euros venant de Belgique, notre cagnotte n’aurait progressé que de 790 euros, cette semaine. Nous sommes très loin du parcours nominal, comme le diraient nos amis spationautes. Si vous ne réagissez pas fortement, nous n’atteindrons pas notre objectif minimal de 15.000 euros au 31 Décembre.

Aussi, je vous invite à cliquer sur le lien ci-dessous (en bleu) pour que vous retrouviez directement sur le site de Hello Asso, pour y faire votre don annuel :

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Bien Cordialement
René Trégouët
Sénateur Honoraire
Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat
Créateur de RT Flash, il y a 27 ans

Editorial :

Vaccins à ARN : une révolution médicale qui ne fait que commencer

Cinq ans après la pandémie de Covid-19, les vaccins à ARN messager (ARNm) continuent de transformer la médecine et la santé publique. Après avoir permis de sauver au moins 20 millions de vies au cours de la crise sanitaire — sur environ 30 millions de décès estimés, faisant du Covid-19 la pandémie la plus meurtrière depuis la grippe espagnole de 1918-1919 (50 millions de morts) — cette technologie confirme son immense potentiel. En France, la vaccination aurait évité près de 120 000 décès entre décembre 2020 et mars 2023, soit une réduction de plus de 55 % de la mortalité liée au virus, selon l’OMS et les données nationales.

L’ARNm, en stimulant le système immunitaire pour reconnaître précisément un agent pathogène, ouvre aujourd’hui la voie à une nouvelle génération de traitements. Les laboratoires travaillent notamment sur des vaccins antigrippaux à ARNm : Pfizer a lancé les premiers essais cliniques, tandis qu’un premier vaccin ARNm hors Covid a été approuvé aux États-Unis et par la Commission européenne contre le virus respiratoire syncytial (VRS) responsable de la bronchiolite. Développé par Moderna, il cible les plus de 60 ans — une première dans l’Union européenne pour un vaccin ARNm hors coronavirus.

Moderna prépare également un vaccin combiné grippe-Covid à ARNm, avec des résultats cliniques encourageants. Comme le souligne son Directeur général, Stéphane Bancel :

« Un vaccin grippe ARNm a le potentiel de coller plus étroitement aux souches en circulation, de répondre plus rapidement à une future pandémie et ouvre la voie à des vaccins combinés ».

L’avantage essentiel de l’ARNm réside en effet dans sa capacité à permettre — pour la première fois — une production rapide, industrielle et à faible coût de vaccins nouveaux, tant en remplacement de vaccins classiques qu’en réponse à des virus ou bactéries jusque-là impossibles à cibler. C’est notamment le cas du VIH, dont la grande variabilité rend le développement vaccinal extrêmement complexe.

VIH : des avancées décisives

Deux études récentes ouvrent des perspectives inédites contre le Sida. Des scientifiques du Scripps Research Institute (La Jolla, Californie) ont utilisé des ARNm codant une protéine trimère constante du VIH, "Env". Les résultats sont spectaculaires : le vaccin à trimère ancré à la membrane a généré des anticorps neutralisants chez 80 % des patients, contre seulement 4 % pour un trimère soluble, sans effets indésirables majeurs (Science Translational Medicine).

En Europe, la Vrije Universiteit Brussel (VUB), l’UZ Brussel et l’Université de Gand (UGent) ont mis au point un vaccin ARNm renforçant les cellules immunitaires CD8+ capables de détruire les cellules infectées. Testé avec succès chez l’animal, ce candidat-vaccin pourrait s’avérer efficace chez l’humain, y compris dans l’intestin où le VIH se cache (VUB).

Cancer : une révolution inattendue

Au-delà des maladies infectieuses, l’ARNm bouleverse désormais la lutte contre le cancer. Les vaccins thérapeutiques reposent sur l’introduction d’ARNm codant des antigènes tumoraux, permettant au système immunitaire d’identifier et détruire spécifiquement les cellules cancéreuses.

Tous les grands centres mondiaux se sont lancés dans cette course ; plusieurs vaccins arrivent en fin d’essais cliniques et devraient être disponibles entre 2026 et 2030.

Cancer du sein

La Cleveland Clinic initie la phase 1b de son essai sur un vaccin préventif contre le cancer du sein triple négatif chez des patientes à risque élevé. Ce vaccin cible la protéine α-lactalbumine, exprimée dans ce type de cancer (Cleveland Clinic).

Cancer du mélanome

BioNTech et le gouvernement britannique accélèrent les essais d’immunothérapies ARNm personnalisées visant 10 000 patients d’ici 2030. La FDA a accordé une désignation de thérapie innovante au vaccin mRNA-4157/V940 de Moderna associé au KEYTRUDA de Merck : codant jusqu’à 34 néo-antigènes, il augmente significativement la survie sans récidive.

Cancer du poumon

En Suisse, un vaccin ARNm contre le cancer du poumon (CPNPC) développé par Moderna, associé au Keytruda, réduit de 65 % les récidives et décès, déjà impressionnant face à l’efficacité de 40 % de l’immunothérapie seule.

BioNTech développe également le vaccin BNT116, codant six antigènes tumoraux. Un patient britannique a reçu la première injection en juillet dernier (Doc Wire News).

L’essai inclut 34 sites dans sept pays, avec six injections hebdomadaires puis mensuelles pendant un an : les premières données montrent une forte stimulation immunitaire et une bonne tolérance.

Cancer du pancréas

Au Memorial Sloan Kettering (États-Unis), un vaccin ARNm personnalisé administré à 16 patients après chirurgie a induit une réponse immunitaire chez huit d’entre eux ; six n’ont pas rechuté trois ans après, un résultat exceptionnel pour ce cancer. La présence ou non de la rate pourrait influencer la réponse.

Vers un vaccin universel contre le cancer ?

Une étude de l’Université de Floride (juillet 2025) révèle que même un ARNm non spécifique pourrait activer le système immunitaire contre des tumeurs, ouvrant la voie à un vaccin universel (University of Florida Health).

Allergies : une nouvelle piste thérapeutique

Des chercheurs de Pennsylvanie et Cincinnati ont conçu un vaccin ARNm empêchant — chez la souris — des réactions allergiques sévères en "rééduquant" le système immunitaire face aux allergènes (The Journal of Clinical Investigation). Selon Drew Weissman, prix Nobel, cette approche pourrait révolutionner le traitement des allergies alimentaires, saisonnières et de l’asthme.

Une nouvelle ère médicale

D’ici 2030, vaccins et thérapies ARNm deviendront des outils essentiels pour prévenir et traiter des maladies majeures : grippe, Covid-19, VIH, cancers, allergies, et potentiellement maladies neurodégénératives à composante immunitaire comme Alzheimer, Parkinson ou la sclérose en plaques.

Souhaitons que la France, berceau de la découverte de l’ARN, mobilise les moyens nécessaires pour rester dans la course et proposer rapidement à nos concitoyens ses propres vaccins ARNm.

René TRÉGOUËT

Sénateur honoraire

Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

e-mail : tregouet@gmail.com

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