RTFlash

Quand les caméras deviennent intelligentes

Rien dans les mains, rien dans les manches. Juste une feuille cartonnée posée sur une table. Et sur cette feuille, un système projette l'image d'un gros bonhomme jaune souriant et de deux carrés, un rouge et un vert. Vu de Montbonnot, près de Grenoble, la vidéoconférence du futur a des allures de jouet pour bébé. Et pourtant ! Passez un doigt sur le carré vert et - surprise ! - l'image sera modifiée : la béatitude du bonhomme sera transformée en perplexité. Soulevez, transportez et bougez ensuite en tous sens ce support de papier et, comme «collée» à sa surface, l'illustration suivra le mouvement. Enfin, jetez vos bras en avant, et celle-ci bondira sur le mur vous faisant face, pour s'afficher agrandie sur le tableau qui y est accroché ! Fonctionnant grâce à six caméras et vidéoprojecteurs répartis dans la pièce, ce système de «surface interactive» est destiné à équiper, un jour, des salles de réunion.

Mais pour l'heure, il est surtout considéré par ses concepteurs comme un outil de démonstration chargé d'illustrer les activités du Gravir, un étonnant laboratoire spécialisé dans la robotique, la vision, la réalité virtuelle, la visualisation et l'animation. Installé dans le bâtiment en forme de paquebot blanc de l'Inria Rhône-Alpes, ce centre, créé il y a dix ans, regroupe 157 personnes, dont quarante chercheurs permanents.

En son sein, une incroyable panoplie d'équipements : « workbench », ou « plan de travail virtuel », qui permet de manipuler des données visuelles avec ou sans retour d'effort ; cave et studio où un utilisateur peut s'immerger et interagir avec des objets disposés dans un paysage virtuel ; machines « Koala » à quatre roues « évolutionnistes » ; « cybercars », ou voitures sans chauffeurs habillées de capteurs télémétriques. Et même un robot bipède mis au point voici quelques années dans un tout autre cadre mais fièrement exhibé ici au bout d'une chaîne comme un témoin vieillissant des progrès de ces technologies !

Son savoir-faire dans les procédés de « suivi et interprétation » - des logiciels permettant de détecter, de suivre la trajectoire et même de reconnaître des objets à travers les images prises par des caméras - est, notamment, réputé. Au point que les scientifiques du laboratoire en sont aujourd'hui à développer les premières applications. Mis au point il y a cinq ans déjà, l'un de leurs logiciels, dit de « suivi robuste », est ainsi consacré au comptage sélectif : il permet de dénombrer à l'aide d'une caméra les humains passant à proximité d'un lieu déterminé. Désormais commercialisée et utilisée pour la surveillance de zones aéroportuaires, cette étonnante technologie a été testée avec succès, en 2003, sur la vitrine d'un magasin à Madrid. Sa mission : déterminer le pourcentage de badauds qui s'arrêtaient pour admirer les marchandises exposées !

CNRS

Noter cet article :

 

Vous serez certainement intéressé par ces articles :

Recommander cet article :

back-to-top