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Edito : Préparons-nous, pour les 5 ans à venir, à une véritable révolution dans tous les objets que nous porterons sur nous !

Le marché mondial des ordinateurs poursuit son déclin inexorable avec une baisse des ventes de 14 % au cours du premier trimestre de cette année, du jamais vu depuis 20 ans !

Quant aux ventes de tablettes, elles ne cessent de progresser et devraient atteindre 191 millions d’unités cette année et 236 millions d’unités en 2014, dépassant alors pour la première fois les ventes d’ordinateurs portables (210 millions d'unités prévues).

À l’horizon 2017, les ventes de tablettes pourraient atteindre les 470 millions d’unités, alors que celles des ordinateurs (tous types confondus) devraient stagner autour de 270 millions d’appareils.

Mais c’est incontestablement la progression du marché mondial des smartphones qui est la plus impressionnante : de 225 millions d’appareils en 2013, les ventes devraient exploser pour atteindre 1,5 milliard d’unités  en 2017.

S'agissant du développement des réseaux à haut et très haut débit, une étude réalisée par la firme Ericsson prévoit que 85 % de la population mondiale sera couverte par la 3G et 50 % par la 4G à l’horizon 2017. Cette même étude souligne que, globalement, 3,6 milliards d’êtres humains auront accès au Web en 2017.

Une autre étude, publiée par l’Idate en juin dernier, prévoit, pour sa part, à l’horizon 2017, un milliard d’abonnés au niveau mondial au réseau 4G, contre moins de 100 millions actuellement.

Rappelons que ce réseau dédié au très haut débit mobile permettra de disposer, sous réserve de posséder un smartphone ou une tablette compatible, d’un débit  de plusieurs dizaines de mégabits par seconde, équivalent à celui proposé actuellement par une ligne fixe Internet à très haut débit.

En France, ce nouveau réseau 4G devrait également se développer très rapidement, si l’on en croit les prévisions d’investissement des différents opérateurs qui sont conscients des enjeux économiques que représente ce marché des données mobiles. Globalement, on estime que 40 % de la population française devraient être couverts par la 4G dès la fin de cette année et 70 % fin 2014.

On voit donc que, d’ici seulement cinq ans, deux basculements majeurs vont avoir lieu au niveau mondial : en premier lieu,  plus de la moitié de l'humanité va avoir accès à l’Internet à haut débit ; en second lieu, cet accès au Web ne se fera plus essentiellement par nos ordinateurs mais via nos smartphones qui seront deux fois plus nombreux, à cette échéance, que l’ensemble des ordinateurs et tablettes numériques de la planète !

Signe des temps, dans la plupart des pays développés et notamment aux États-Unis, les tablettes et téléphones portables sont devenus les premiers terminaux d’accès à l’information devant la télévision et dépasseront d’ici deux ou trois ans les ordinateurs comme moyen d’accès à l’Internet.

Aux États-Unis, bien qu’un Américain sur cinq n’ait toujours pas d’accès à l’Internet, la consommation d’informations et de contenus en ligne est désormais passée devant celle des programmes télévisés. En 2013, on estime qu’un Américain passe en moyenne plus de cinq heures par jour en ligne, tous terminaux confondus, contre seulement 4 heures et demi devant la télévision.

On observe le même phénomène en France, comme le souligne Ipsos dans l’une de ses dernières études qui montre que, dans notre Pays, les 13-19 ans passent 13 h 30 par semaine sur le Web contre 11 h 15 devant la télévision classique.

En fait, le public des 13-25 ans n’a jamais consommé autant d’images et de vidéos, qu’il s’agisse de clips musicaux, de séries ou de films. Mais à présent, ce jeune public a pris l’habitude de se concocter lui-même son programme « à la carte » et veut pouvoir regarder à tout moment ses vidéos préférées en utilisant l’Internet.

C’est ce qui explique le succès phénoménal de sites comme YouTube ou Dailymotion qui sont d’ailleurs maintenant disponibles sur un nombre croissant de téléviseurs que l’on peut connecter au Web via les nouvelles « box » proposées par les différents fournisseurs d’accès à l’Internet.

Cette nouvelle génération ne veut plus consommer la télévision de façon passive, séquentielle et ritualisée, comme le faisaient ses parents. Elle regarde des vidéos en permanence, en jonglant avec les différents appareils numériques qu’elle possède et toujours de manière « désynchronisée » et conviviale, c’est-à-dire en faisant autre chose en même temps et en partageant, via les réseaux sociaux, ses avis sur les programmes consommés.

Cette véritable « phagocitation » de la télévision par le Web est à l’origine d’une révolution culturelle dont nous n’avons pas encore pris la mesure et qui ne fait que commencer. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si YouTube est à présent juste derrière Google, le moteur de recherche le plus utilisé aux États-Unis.

Face à cette évolution fulgurante du paysage numérique mondial, il est frappant de constater à quel point les géants de l’informatique et de l’électronique, comme Intel, IBM, Microsoft, ont largement raté le virage technologique et culturel des terminaux numériques mobiles et notamment des smartphones et des tablettes.

Le marché ne s’y est pas trompé et l’action Microsoft, depuis la prise de fonction de Steve Ballmer, a perdu près de 45 % de sa valeur, passant de 52 à 35 dollars et il n’est pas certain que le récent rachat de Nokia par Microsoft puisse inverser cette tendance. Quant à la firme japonaise Sony, longtemps en pointe en matière d’innovation technologique, elle a enchaîné les erreurs stratégiques et a perdu plus de 60 % de sa valeur boursière depuis cinq ans.

L’économie numérique est à présent largement dominée par Apple, qui pèse environ 400 milliards de dollars en bourse, Google (295 milliards de dollars de capitalisation boursière) qui est passé devant Microsoft (263 milliards de dollars), Samsung (190 milliards de dollars) et Facebook (100 milliards de dollars).

Mais dans ce paysage numérique en pleine ébullition et alors que des ordinateurs, qu’ils soient domestiques ou portables, semblent voués, du moins sous la forme que nous leur connaissons, à un déclin inexorable, deux nouveaux types de terminaux numériques sont en train de faire irruption et pourraient bien créer la surprise au cours de ces prochains mois.

Il s’agit d’une part des « Phablettes », terminaux hybrides qui fusionnent un smartphone et une tablette et proposent des écrans de très haute résolution d’une taille allant de cinq à sept pouces (12 à 18 cm).

Dans ce nouveau créneau très porteur, Samsung, qui a misé sur une stratégie d'investissements massifs en recherche et développement, est en train de s’imposer avec des appareils d’une qualité tout à fait remarquable, comme le dernier « Galaxy » Note 3 ou le « Mega », de véritables "couteaux suisses" numériques dont la polyvalence, la puissance et la souplesse d’utilisation sont en train de séduire tous les publics, y compris les seniors.

Certes, ces terminaux ne disposent pas de clavier physique amovible, comme cela est le cas d’un nombre croissant de tablettes hybrides, mais ce handicap est en train d’être compensé par la combinaison de la reconnaissance vocale et scripturale qui rend leur utilisation particulièrement agréable et intuitive. Ces « Phablettes » que l’on peut, contrairement aux tablettes numériques, mettre dans sa poche et avoir partout avec soi peuvent, dans 90 % des cas, se substituer avantageusement à un ordinateur portable.

Mais un autre type d’appareil numérique devrait également connaître un succès fulgurant : la « montre intelligente », dont les premiers modèles viennent d’être présentés il y a quelques jours.

Même si pour l’instant ces montres communicantes doivent être utilisées en association et en synergie avec un Smartphone ou une tablette (comme c’est le cas pour la montre intelligente que vient de dévoiler Samsung), pour déployer toutes leurs potentialités, les géants de l’électronique et du numérique planchent déjà sur la deuxième génération qui sera beaucoup plus autonome et va généraliser pour le grand public l’accès à la télémédecine et à la santé mobile.

En effet, au-delà de la communication interpersonnelle, de l’information, des jeux et des loisirs en ligne (avec l’intégration complète de la télévision sur le Net), c’est bien dans ce champ stratégique d’application, porteur d’immenses potentialités économiques et répondant à des besoins sociaux non moins considérables, que vont s’engouffrer ces nouveaux terminaux portatifs.

Présentant l’avantage décisif de pouvoir être conservées en permanence en contact avec le corps, ces montres d’un nouveau genre - et les smartphones qui y seront associés - vont devenir en quelques années des auxiliaires médicaux aussi précieux qu’indispensables.

Ils pourront non seulement surveiller et transmettre en permanence les principaux paramètres biologiques (rythme cardiaque, tension artérielle, acidité de la peau, etc.) mais également nous rappeler de manière infaillible nos prescriptions médicamenteuses, nous prodiguer des conseils en matière de nutrition et de santé ou encore détecter les chutes et pertes de conscience et déclencher à bon escient les alertes appropriées aux situations et pathologies détectées.

Quant aux prochaines générations de smartphones et de tablettes, elles seront capables, si l’on en croit certaines études, comme celle récemment publiée par des chercheurs de l’Université de l’Illinois, de réaliser des diagnostics médicaux instantanés et à faible coût, en combinant leur puissance de traitement électronique et informatique, la sensibilité de leurs biocapteurs et leurs possibilités optiques (Voir News Bureau Illinois).

Selon les chercheurs de ce groupe d’étude, ce type de smartphone spécialement adapté sera ainsi capable, pour un coût matériel d’environ 150 €, de réaliser des analyses biologiques et chimiques aussi fines et précises que celles faites en laboratoire avec un spectromètre valant 40 000 € !

On imagine sans peine la révolution que va provoquer la généralisation rapide de ce type de mobiles et de terminaux, conçus pour être à la fois de véritables laboratoires portables et des assistants médicaux polyvalents !

Que ce soit dans nos pays développés, confrontés aux défis immenses de la prise en charge et du suivi médical d’une population de plus en plus âgée, ou dans les pays émergents qui doivent également relever de redoutables défis sanitaires et médicaux mais n’ont pas les moyens d’investir dans des infrastructures sanitaires et médicales coûteuses, cette arrivée rapide et massive de la médecine numérique mobile va profondément bouleverser nos économies et nos sociétés.

Mais gageons que ces montres intelligentes et smartphones de prochaine génération céderont à leur tour leur place, dans un avenir bien plus proche qu’on ne l’imagine, à des vêtements interactifs et connectés et à différents types d’implants corporels qui permettront à chaque être humain de devenir, en tant que système physique, cognitif et sensible, une entité complètement intégrée et interconnectée à l’Internet mondial.

Cet avenir peut légitimement nous interroger et même nous effrayer mais nous pouvons également considérer que cette évolution peut avoir d’immenses effets bénéfiques pour l’humanité et le bien-être de chacun, à condition évidemment de ne pas la subir et d’en être les acteurs responsables, éclairés et vigilants.

Mais pour être acceptée, tant sur le plan humain que social et culturel, cette prochaine révolution de l’Internet transparent, ubiquitaire et intracorporel devra se faire au profit de tous et non au service de quelques-uns et devra s’inscrire dans le cadre incontournable du débat démocratique et éthique, plus que jamais nécessaire pour définir les règles et fixer les limites de cette évolution vers la société numérique.

René TRÉGOUËT

Sénateur Honoraire

Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

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