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Première mondiale à Toulouse : pour traiter son cancer, les chirurgiens extraient son rein avant de le retransplanter avec un robot

Une patiente de 68 ans, souffrant d'un cancer du rein, a bénéficié d'un geste chirurgical inédit au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Toulouse en septembre dernier. Pour la première fois, les Docteur Nicolas Doumerc et Thomas Prudhomme, chirurgiens du département d'urologie et transplantation rénale à l'hôpital Rangueil, ont réalisé une ablation de trois tumeurs rénales "hors du corps" de la patiente ("ex-vivo" dans le langage médical), sur une table à côté d'elle, après avoir extrait le rein par chirurgie robotique. Une fois débarrassé des tumeurs cancéreuses, le rein a été auto-transplanté de manière robot-assistée, c’est-à-dire réimplanté un peu plus bas dans l'abdomen de la patiente afin de réparer l'uretère endommagé par des traitements précédents.

L’ensemble de cette séquence, en chirurgie robot-assistée et mini-invasive (une seule incision dans la fosse iliaque), a permis à la patiente de récupérer rapidement, de conserver son rein et de ne plus avoir de poche de recueil des urines (néphrostomie). « L'objectif était vraiment d'éviter l'ablation totale du rein, de préserver le capital néphronique de la patiente. Il fallait bien sûr traiter son cancer mais en essayant de ne pas rendre son quotidien encore plus compliqué avec une néphrostomie (poche de recueil des urines, NDLR). Avec des tumeurs sur les deux reins et des risques de récidive, il est important de préserver chaque rein », souligne le Docteur Nicolas Doumerc.

« Au départ de sa prise en charge, en octobre 2021, la patiente avait été traitée par thermo-ablation percutanée (source de chaleur introduite à travers la peau) en radiologie interventionnelle afin d'éliminer six tumeurs sur le rein gauche et quatre sur le rein droit. La réponse a été complète sur le rein droit mais il restait encore trois tumeurs sur le rein gauche et difficiles d'accès.

La technique thermique avait par ailleurs endommagé une partie de l'uretère, le canal qui relie le rein à la vessie, nécessitant la pose d'une poche pour dériver les urines. Nous avions alors deux options : soit on enlevait complètement le rein, soit on essayait d'enlever le rein pour le traiter avant de le réimplanter sur la partie saine de l'uretère. Extraire un rein par chirurgie robotique, nous le faisons deux fois par semaine dans le cadre des greffes rénales à partir d'un donneur vivant, enlever des tumeurs, ce n'est pas compliqué, et réimplanter un rein à la manière d'une greffe robot-assistée nous savons aussi très bien le faire. Il fallait juste tout mettre bout à bout », explique encore le Docteur Nicolas Doumerc.

L'intervention n'avait donc pas été programmée pour réaliser une première. « À la fin, mon interne, Thomas Poirier, m'a dit que ça n'avait jamais été fait. Il a vérifié en cherchant dans les archives des publications médicales et c'était effectivement une première. Nous n'avions pas réfléchi à ça mais nous avions l'expertise tout au long de la chaîne », résume le Docteur Nicolas Doumerc.

Trois mois après l'intervention, le contrôle par scanner n'a pas montré de lésion ou de reprise du cancer. « Cela montre l'intérêt qu'il y a à conserver le rein. Celui-ci reste accessible, en cas de récidive, pour un traitement radiologique. Dans le cancer du rein, s'il ne reste qu'un rein, c'est toujours plus compliqué de traiter : en cas de complications, on va direct vers l'insuffisance rénale dont on sait qu'elle est un facteur de risque de mortalité. Au CHU de Toulouse, centre universitaire et d'expertise, notre rôle est de montrer qu'il est possible de conserver la fonction rénale tout en traitant le cancer car on vit mieux sans dialyse. Dans le cancer du rein, on suit les patients comme pour une maladie chronique et on jongle en permanence entre les différentes techniques de traitement (thermoablation ou radiofréquence, cryothérapie, chirurgie) », conclut le chirurgien.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

La Dépêche

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