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Première mondiale pour une greffe de trachée

Des médecins européens ont réalisé une première mondiale en greffant chez une femme une trachée dotée de tissus cultivés à partir des propres cellules de la malade, une procédure qui rend inutile le recours à un traitement anti-rejet, souligne une étude publiée en ligne dans la revue médicale "The Lancet". "Cette procédure est très prometteuse", observe le Dr Eric Genden, qui a réalisé une transplantation de trachée en 2005 à l'hôpital Mont Sinaï à New York. Seules quelques greffes de trachée ont été pratiquées à ce jour. Si son succès se confirme, la nouvelle technique pourrait donner lieu à un nouveau mode de traitement, estime le Dr Genden, qui n'a pas participé aux travaux.

La greffe a été réalisée en Espagne sur Claudia Castillo, une Colombienne de 30 ans, résidant à Barcelone, atteinte de tuberculose depuis des années. Après un affaissement grave de son poumon gauche en mars, elle devait se rendre régulièrement à l'hôpital pour faire dégager ses voies respiratoires et ne pouvait plus s'occuper de ses deux enfants.

Les médecins ont d'abord estimé que la seule solution était une intervention chirurgicale pour lui retirer le poumon gauche. Mais le Dr Paolo Macchiarini, chef du département de chirurgie thoracique à l'hôpital clinique de Barcelone, a proposé à la place la greffe de trachée.

Une fois obtenu l'organe, fourni par un donneur, des scientifiques de l'université de Padoue en Italie l'ont dépouillé de ses cellules, ne laissant qu'un tube de tissu conjonctif. De leur côté, des médecins de l'université de Bristol ont apporté leur contribution à cette première en prélevant sur Claudia Castillo un échantillon de moelle osseuse, dont ils ont utilisé les cellules souches pour créer des millions de cellules cartilagineuses et épithéliales destinées à la trachée. Des experts de l'université de Milan ont ensuite utilisé un appareil pour déposer ces cellules dans le greffon, transplanté en juin sur la patiente.

Les chercheurs "ont créé une structure fonctionnelle, biologique qui ne peut être rejetée (par l'organisme)", souligne le Dr Allan Kirk de la Société américaine de transplantation. "C'est une avancée importante, mais fabriquer un organe entier n'est pas encore pour demain. "Fabriquer des tissus avec les propres cellules souches du patient est une piste prometteuse, note le Dr Patrick Warnke, chirurgien à l'université de Kiel qui travaille lui-même sur cette technique. Il estime que les médecins pourraient un jour être capables de produire des organes en laboratoire à l'aide des cellules souches des malades. "Il faudra encore des années, et nous avons besoin d'approches pionnières comme celle-ci", ajoute-t-il en référence à la nouvelle étude.

AP

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