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L'internet en "grille" pourrait offrir à chaque utilisateur une puissance de calcul phénoménale

Aux Etats Unis, La National Science Foundation a commencé à installer le matériel nécessaire au TeraGrid, un superordinateur à l'échelle du pays, qui devrait être à la puissance de calcul ce qu'Internet est aux documents. Dans un premier temps, des ensembles de micro-ordinateurs sophistiqués seront aménagés sur quatre sites : le National Centre for Supercomputing Applications (NCSA) de l'université de l'Illinois, à Urbana-Champaign, le Laboratoire national de recherche énergétique du ministère de l'Energie, situé à Argonne, près de Chicago, le California Institute of Technology, à Pasadena, en Californie, et le Centre de superordinateurs de l'université de Californie à San Diego. Puis, d'ici au début de l'année prochaine, ces quatre ensembles seront si bien reliés entre eux qu'ils fonctionneront comme une seule entité. Le TeraGrid est un très bon exemple de ce que l'on appelle la “grille de calcul” - l'intégration massive de systèmes informatiques, destinée à offrir des performances qui autrement ne pourraient être atteintes par de simples ordinateurs. Cette intégration sera si discrète que l'utilisateur n'aura plus conscience d'être sur un réseau. Ses partisans espèrent que cela marquera le début de l'ère de la grille accessible à tous. Depuis un ou deux ans, des dizaines de projets similaires ont été annoncés en Europe, en Asie et aux Etats-Unis, et ce n'est pas terminé. Les concepteurs de la grille définissent actuellement une nouvelle norme, le Globus Toolkit, qui permettra aux projets encore balbutiants d'appartenir à un réseau mondial à la puissance de calcul inépuisable. “C'est une véritable révolution”, estime Larry Smarr, le directeur de l'Institut californien des technologies de l'information et de la communication et du calcul en réseau. “Tout d'abord, nous avons tendu les câbles et relié tous les ordinateurs. Puis, avec le Net, nous avons commencé à lier tous les documents en ligne”, explique-t-il. Il ne reste plus aujourd'hui qu'à connecter tout le reste, conclut-il. Ce qui signifie que les utilisateurs commenceront à percevoir Internet comme un univers informatique infini. Des logiciels d'application aux bases de données en passant par les données vidéo et audio, tout prendra la forme de services présents dans le cyberespace, et ces derniers seront en interaction constante pour effectuer les différentes tâches avec une grande facilité. Une fois connecté à la grille, un ordinateur de bureau pourra acquérir la puissance phénoménale de l'ensemble des ordinateurs connectés. Selon M. Smarr, “nous assistons à l'émergence d'une nouvelle infrastructure sur laquelle la science tout d'abord, puis l'économie tout entière seront bâties”. Afin de parvenir à l'universalité pour la grille, la communauté américaine des utilisateurs de cette technologie s'est associée à celles d'Europe et d'Asie pour fonder le Global Grid Forum, une organisation calquée sur le modèle de l'Internet Engineering Task Force (IETF), le comité chargé de la standardisation sur le Net. Ce forum a pour mission de garantir une parfaite interaction de Globus et des autres protocoles de grille comme Legion . “Si chaque ordinateur utilise des méthodes standard pour gérer l'authentification et l'autorisation, décrire les capacités de ressources et négocier l'accès aux ressources, avance M. Foster, ce sera une avancée considérable.” L'industrie informatique semble désormais prendre très au sérieux cette technologie, le meilleur exemple étant IBM. En août 2001, alors qu'elle obtenait le contrat pour la mise au point de grilles nationales au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, ainsi que de TeraGrid aux Etats-Unis, l'entreprise américaine annonçait qu'elle allait adapter nombre de ses réseaux de serveurs aux grilles. Huit autres fabricants d'ordinateurs - Compaq, Cray, Silicon Graphics, Sun Microsystems et Veridian aux Etats-Unis, ainsi que les Japonais Fujitsu, Hitachi et NEC - ont annoncé, en novembre dernier, qu'ils allaient équiper leurs machines de Globus Toolkit, faisant ainsi office de plate-forme standard pour le calcul distribué. Microsoft aurait signé un contrat avec Argonne afin de traduire Globus pour son système d'exploitation Windows XP. Dans le futur tel que l'imagine M. Smarr, des grilles de toutes tailles seront interconnectées. Les “supernoeuds” comme TeraGrid rassembleront des ensembles de superordinateurs connectés entre eux, opérant à l'échelle nationale ou internationale. Il n'y aura qu'à connecter son ordinateur personnel à la grille afin d'exploiter la puissance requise. Imaginons, par exemple, que les membres d'un mouvement citoyen soient inquiets face à une proposition de projet de développement. Ils pourront se servir de la grille pour réaliser les mêmes simulations que celles utilisées par les développeurs du projet. Ils pourront ainsi observer les effets du projet dans tous les domaines, de la nappe phréatique à la circulation, en passant par l'emploi. En utilisant des technologies de télé-immersion grâce à la grille, les citoyens pourront même déambuler dans une représentation virtuelle du projet et ainsi se faire une idée réaliste des changements opérés.Grâce à la révolution de la technologie sans fil, les “micronoeuds” seront partout. “En raison de la miniaturisation des composants, les terminaux que sont les capteurs, les mécanismes d'accès et les processeurs intégrés se compteront par milliards. Ils seront partout, ils surveilleront les ponts, l'environnement - à la fin, même nos corps en seront pourvus, ils contrôleront notre activité cardiaque”, s'enthousiasme M. Smarr. C'est la raison pour laquelle, insiste-t-il, nous devons construire dès à présent une base solide pour la grille, assurer la sécurité et tout le reste dès le début. “Nous ne pouvons pas réagir après coup, ajoute-t-il. La planète est en train de fonder l'infrastructure sur laquelle le reste du XXIe siècle reposera.”

Technologyn Review : http://www.technologyreview.com/articles/waldrop0502.asp

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