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Les effets secondaires des antipsychotiques mieux compris

Les antipsychotiques typiques aussi appelés « de première génération » sont encore majoritairement utilisés dans le traitement de psychoses telles que la schizophrénie, en cas de résistance au traitement par antipsychotiques de deuxième génération.

Cependant, bien qu’ils soulagent le patient, ces médicaments engendrent des effets indésirables qui, sur le long terme, peuvent se révéler particulièrement invalidants. Ce sont, par exemple, des troubles du mouvement, assimilables à ceux observés chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson (mouvements anormaux, rigidité, contractures musculaires involontaires). Trop pénibles pour certains patients, ils provoquent l’interruption du suivi du traitement malgré les bénéfices sur leur santé psychologique.

Au niveau moléculaire, les antipsychotiques classiques agissent en bloquant le récepteur de la dopamine de type D2 localisé sur les neurones du striatum, une région du cerveau impliquée dans les mouvements volontaires et la motivation. Or, depuis quelques années, les travaux menés par le laboratoire du Docteur Borrelli à l’Université de Californie à Irvine, et par d’autres instituts, montrent que la présence du récepteur n’est pas restreinte au striatum mais peut aussi être localisée à la surface d’autres populations neuronales ; son activation aura donc des conséquences différentes selon l’endroit où il est exprimé.

Grâce à la création de plusieurs modèles de souris génétiquement modifiées dont le récepteur D2 a été enlevé spécifiquement dans certaines populations de neurones (anzalone e al., 2012), l’équipe du Professeur Borrelli a étudié les différentes fonctions du récepteur D2 dans le cerveau et a décrypté le mécanisme cellulaire à l’origine de ces effets indésirables des antipsychotiques classiques.

Dans un de ces modèles murins, l’équipe a empêché l’expression du récepteur D2 sur les interneurones cholinergiques, qui ne représentent qu’environ 1-2 % des neurones du striatum. Karen Brami-Cherrier, chercheur post-doctorante, co-première auteure de l’étude, fait alors une découverte surprenante : ces souris transgéniques ne présentent plus de catalepsie (rigidité musculaire, immobilité de posture) lorsqu’elles sont traitées par des antipsychotiques.

Autrement dit, sans le récepteur D2 de ces neurones spécifiques, ces souris ne souffrent plus des effets secondaires normalement engendrés par un traitement aux antipsychotiques.

Pour mieux comprendre le lien entre les récepteurs D2 des interneurones cholinergiques et ces effets secondaires, les chercheurs ont utilisé différentes techniques d’imagerie et d’enregistrement d’activité des neurones. Grâce à celles-ci, ils ont constaté que cette ablation spécifique du récepteur D2 entraînait une diminution de la libération d’acétylcholine par ces interneurones cholinergiques.

Sans cette acétylcholine, les neurones voisins ne sont plus activés ce qui empêche l’apparition de la catalepsie. Lorsque les chercheurs traitent les souris avec un inhibiteur du récepteur à l’acétylcholine, ces dernières ne présentent alors plus de catalepsie lorsqu’elles reçoivent des antipsychotiques. Cette observation confirme les précédents résultats de l’équipe.

Ainsi, cette étude pourrait avoir des retombées cliniques importantes, tant pour la recherche de nouvelles molécules dans le traitement des psychoses sans effets indésirables, que pour la recherche sur la maladie de Parkinson dont les symptômes sont communs aux troubles moteurs induits par les antipsychotiques.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

France Diplomatie

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