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Découverte d'un gène impliqué dans la régulation de l'appétit

Une étude franco-anglaise dirigée par le professeur Philippe Froguel (CNRS, Institut de biologie de Lille, Institut Pasteur de Lille) révèle que les personnes obèses ayant un appétit excessif présente sans doute une anomalie génétique touchant le gène GAD 2 qui augmente le risque d'obésité sévère, en agissant à la fois sur le comportement alimentaire et sur la production d'insuline. Problème de santé publique aux dimensions d'épidémie internationale, l'obésité touche plus de 300 millions de personnes dans le monde, dont 5,3 millions en France, où elle progresse de 6 % par an. Ses causes sont multiples, mêlant des facteurs de risque environnementaux (accès illimité à la nourriture et sédentarité), des prédispositions génétiques au surpoids et de faibles dépenses énergétiques. Certains gènes, tous exprimés dans la région du cerveau qui contrôle l'appétit - l'hypothalamus -, peuvent être par simple mutation responsables de formes rares d'obésité. La plupart des formes d'obésité sévère relèveraient plutôt de variations de plusieurs gènes de susceptibilité, comme le confirme cette étude franco-anglaise. En étudiant 575 sujets sévèrement obèses et 646 sujets non obèses, l'équipe franco-anglaise a identifié un groupe de variations génétiques agissant comme un facteur protecteur vis-à-vis de l'obésité et une variation accroissant ce risque. Il est apparu que la forme "à risque" du gène GAD 2 multipliait par six son activité. Cette surexpression du gène accroît notablement la quantité du neurotransmetteur GABA au niveau de l'hypothalamus et son effet stimulateur de la prise alimentaire. "Les sujets possédant cette forme particulière du gène GAD 2 sont moins restreints dans leur comportement alimentaire, explique Philippe Froguel. Il s'agit d'un trait génétique qui l'emporte nettement sur des facteurs culturels de comportement." Cet effet d'une variation génétique particulière du gène GAD 2 est renforcé par un autre mécanisme se déroulant, cette fois, non pas au niveau cérébral mais dans le pancréas. Le gène GAD 2 est, en effet, fortement présent dans les cellules de cette glande qui fabrique deux hormones décisives dans la régulation du taux de sucre dans le sang : l'insuline - qui le fait diminuer - et le glucagon - qui l'augmente. Le même polymorphisme génétique responsable de la production excessive du GABA dans le cerveau entraîne une importante modification de la sécrétion d'insuline. Lorsqu'un sujet normal commence à s'alimenter, la sécrétion d'insuline qui va suivre donnera un signal de satiété et le sujet s'arrêtera de manger. Chez des sujets obèses ayant la variation génétique "à risque" de GAD 2, le premier pic de sécrétion d'insuline après le repas, qui est le plus important, est diminué. Ce second mécanisme pourrait donc concourir au développement de l'obésité sévère. Ce neurotransmetteur GABA semble donc bien impliqué de manière déterminante dans la régulation de l'appétit.

Library of Science Biology : http://www.plosbiology.org

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