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Le cartilage enfin réparé

On a fabriqué du cartilage à partir de cellules de graisse." L'expérience annoncée triomphalement lors du dernier congrès de l'Orthopedic Research Society, à San Francisco (Etats-Unis), ouvre des perspectives thérapeutiques inespérées pour traiter les traumatismes cartilagineux. Une pathologie fréquente chez les sportifs de haut niveau ou plus banalement chez les skieurs du dimanche. Cette découverte permettrait aussi de disposer d'une source de cartilage inépuisable et aisément accessible. Trois donneurs se sont prêtés à l'expérience de l'équipe du Dr Farshid Guilak, du Duke University Medical Center de Durham (Caroline du Nord, Etats-Unis). Celle-ci a prélevé par lipo-aspiration des cellules du tissu adipeux afin de les soumettre à un traitement enzymatique (collagénase) avant de les plonger dans un bain chimique composé d'un cocktail de glucocorticoïdes et de facteurs de croissance. Détail important, les cellules recueillies et cultivées sont des cellules "non différenciées" : un pedigree biologique équivalent à celui des cellules souches localisées d'ordinaire chez l'embryon ou dans la moelle osseuse de l'adulte (lire l'encadré p. 91). Après deux semaines de croissance, ces cellules naturellement programmées pour fabriquer des adipocytes (c'est-à-dire de la graisse) ont donné des chondrocytes, autrement dit des cellules cartilagineuses. "Ce n'est pas la première fois que l'on fabrique des chondrocytes à partir de cellules indifférenciées, explique Anne Coulombel, directrice de recherche à l'Unité 474 Inserm de l'hôpital Cochin (Paris). En mettant en culture des cellules indifférenciées de la moelle osseuse qui donnent d'ordinaire naissance aux cellules sanguines (globules blancs et rouges), on peut obtenir des cellules osseuses (ostéoblastes), graisseuses (adipocytes) et même cartilagineuses (chondroblastes). La destinée des cellules est dirigée vers l'une des ces trois voies grâce au dosage précis des substances de croissance et autres produits nutritifs utilisés." La maîtrise de la "plasticité" des cellules souches est l'un des enjeux majeurs actuels des recherches en biologie cellulaire et de leur application en thérapie cellulaire. "La médecine regénérative qui consiste à greffer non pas un organe mais les cellules souches qui les composent et qui ont pour fonction de fabriquer d'autres cellules est une avancée primordiale mais encore mal maîtrisée", souligne Gérard Dine, de l'Ecole centrale de Paris. De fait, la thérapie cellulaire utilise depuis bientôt quinze ans déjà des cellules souches adultes mais dans des domaines extrêmement restreints. Par exemple, les cellules souches sanguines choisies, en cas de greffe de la moelle osseuse, pour traiter les leucémies et certaines anémies. Ce sont également des cellules souches adultes qui servent dans les greffes de peau des grands brûlés. L'expérience américaine si elle se confirme pourrait donc permettre de greffer un morceau de cartilage obtenu à partir d'une simple ponction dans le gras du patient ! Le Docteur Guilak avance même "que ce traitement pourrait devenir opérationnel dans 3 à 5 ans".

Sciences&Avenir : http://www.sciencesetavenir.com/vivre/page90.html

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