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Cancer du sein : une révolution en marche

La mise en place du premier plan cancer en 2003, suivi d'un deuxième en 2009, et l'application des bonnes pratiques recommandées par la Haute Autorité de santé permettent désormais aux femmes de bénéficier des meilleures stratégies de soins. «Le bilan est donc positif : on guérit de plus en plus de cancers du sein, alors que leur nombre a doublé en vingt ans, atteignant aujourd'hui 53.000 nouveaux cas par an», indique le Dr Delaloge.

Ce chiffre semble s'être stabilisé depuis trois ans, avec un taux de guérison qui continue à augmenter, atteignant 85 % à cinq ans, grâce aux progrès thérapeutiques et au dépistage. En 2008, le cancer du sein a ainsi conduit à 11.300 décès alors que ce chiffre atteignait encore 17.000 à la fin des années 1990. «Il ne faut cependant pas occulter le fait que, si le cancer du sein est l'un des “bons” cancers, le parcours de soins reste lourd, long et fastidieux pour la majorité des patients», rappelle le Docteur Delaloge.

Lorsqu'une anomalie suspecte est détectée dans un sein, une biopsie est pratiquée pour confirmer le diagnostic de cancer et déterminer la marche à suivre, notamment sur le plan chirurgical. «La chirurgie reste le premier traitement du cancer du sein, mais un diagnostic pré-opératoire complet est essentiel pour bien cibler l'intervention», précise le Dr Delaloge. Avec un dépistage précoce et une tumeur de petite taille, l'intervention peut même être réalisée en ambulatoire, sans hospitalisation. Pour des tumeurs importantes, un traitement médical préalable est parfois nécessaire pour les faire «fondre» afin de faciliter l'intervention et d'en limiter les conséquences.

Les techniques chirurgicales ont beaucoup évolué grâce à une approche pluridisciplinaire désormais établie dans la plupart des services. «La mise en place d'agréments reposant sur le nombre d'interventions réalisées chaque année a largement permis d'améliorer la qualité des soins chirurgicaux», insiste le Dr Delaloge. Les considérations esthétiques sont également prises en compte dès le départ et la chirurgie reconstructrice est proposée à toutes les femmes.

À l'issue de l'intervention, une réunion de concertation pluridisciplinaire est désormais obligatoire, avec au minimum un oncologue médical, un chirurgien et un oncologue radiothérapeute. Cette réunion permet de prendre des décisions sur les traitements à mettre en place, dans le but de réduire le risque de rechute à court et long terme. La radiothérapie est alors prescrite à 80 % des femmes. Il s'agit d'un traitement long et fastidieux, et de nouvelles approches sont en cours d'évaluation pour limiter le nombre et la fréquence des séances par une irradiation plus localisée.

Le choix du traitement médicamenteux, également prescrit à la majorité des femmes, repose largement sur le diagnostic histologique réalisé à partir de la biopsie, car un certain nombre de sous-types de tumeurs ont été identifiés pour mieux cibler les traitements. Les tumeurs de type HER2 +, qui représentent 16 % des cas, bénéficient déjà de molécules adaptées comme l'Herceptin. Les cancers dits triple négatifs, HER2 -et sans récepteurs hormonaux (14 % des cas) reçoivent obligatoirement une chimiothérapie et devraient également bénéficier, dans les années à venir, de traitements ciblés.

Par ailleurs, une hormonothérapie est prescrite aux femmes dont les tumeurs expriment les récepteurs hormonaux, qui réunissent 70 % des cas. «La réduction du risque de rechute est majeure, notamment à long terme, mais il s'agit d'un traitement lourd, pendant au moins cinq ans, que seul un tiers des patientes supporte bien», regrette le Dr Delaloge.

Dans les années qui suivent le traitement initial, une surveillance accrue par mammographie est nécessaire pour détecter toute rechute le plus rapidement possible. La très grande majorité des femmes guérissent définitivement du cancer du sein, avec un taux de survie de 75 % à dix ans.

Le traitement du cancer du sein est au seuil d'une véritable révolution technologique, grâce à ce que l'on appelle le profilage des tumeurs. «On ne parle déjà plus du cancer du sein, puisqu'on a déjà identifié quatre types différents de cancers pour lesquels la stratégie thérapeutique est désormais différente, précise le Dr Fabrice André, oncologue et chercheur Inserm à l'Institut Gustave-Roussy. À terme, il sera possible d'appliquer des traitements adaptés individuellement à chaque type de tumeur.»

L'analyse génomique des tumeurs permet en effet d'identifier quel mécanisme moléculaire est responsable du développement du cancer et de mettre au point un traitement qui le prend spécifiquement pour cible. «Le modèle de ce type de traitement ciblé est le couple HER 2-Herceptin. Dans certaines tumeurs, l'activation amplifiée du gène HER 2 provoque la production excessive d'une protéine. L'Herceptin bloque ce processus, avec un bénéfice thérapeutique très important», explique le Dr André.

En suivant ce modèle, de nombreux gènes ont désormais été identifiés et la plupart des traitements en développement visent ces cibles moléculaires. Un traitement vise ainsi des tumeurs porteuses d'une mutation sur le gène BRCA en bloquant un mécanisme de réparation de l'ADN. Il devrait être disponible d'ici un an et s'appliquerait à 4 % des cancers du sein.

Les résultats d'essais sont attendus, un peu plus tard, pour des molécules ciblant le gène de la PI3-kinase, qui active le cycle cellulaire ou encore le gène FGFR1, responsable de la production d'un facteur de croissance cellulaire. «De plus en plus de données sont désormais recueillies et, d'ici une quinzaine d'années, il sera possible de reconstituer l'historique d'une tumeur et les diverses mutations qui se sont produites afin de proposer une multithérapie visant toutes ces mutations», s'enthousiasme Fabrice André.

Figaro

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