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Calixar rêve de lancer un vaccin universel contre la grippe

Jamais la recherche médicale n'a été aussi peu performante dans le monde. Les budgets de recherche ont doublé au cours des dix dernières années, tandis que le nombre de nouvelles molécules trouvées a été divisé... par deux ! L'un des freins recensés jusqu'à présent est la difficulté à travailler sur les protéines membranaires qui entourent les cellules et qui constituent la cible de 60 % des médicaments.

Ces médicaments ne se révèlent pas toujours performants car lors des phases de tests, ces protéines sont altérées, réduisant le développement desdits médicaments ou d'anticorps, atténuant plus ou moins fortement l'effet thérapeutique recherché.

Or, à l'issue de recherches menées depuis 2007 par quatre équipes, l'Institut de Biologie et de Chimie des Protéines (IPCB) basé à Lyon-Gerland (150 personnes) a mis au point un procédé qui permet de produire ces protéines membranaires sans aucune altération, ouvrant de ce fait, d'importantes perspectives.

Elles constituent un tiers des protéines humaines et 60 % des cibles thérapeutiques - notamment dans le cancer, Alzheimer, le diabète - et pourtant les protéines membranaires sont très mal connues. « On en connaît 0,3 % et on estime qu’il faudrait cent cinquante ans pour les connaître toutes », explique Pierre Falson, directeur de recherche au CNRS, à l’Institut de biologie et chimie des protéines (IBCP) de Gerland.

Le problème vient du fait que les techniques d’extraction et d’isolement de ces protéines sont mal maîtrisées : elles altèrent leur structure et du coup, « souvent cela donne des anticorps et des vaccins peu efficaces », explique Pierre Falson. Mais le chercheur a mis au point une nouvelle technique d’extraction qui préserve, elle, la structure de ces protéines et améliore donc leur qualité, permettant alors de produire des anticorps, des vaccins et des médicaments plus fiables et plus efficaces. C’est en tout cas l’espoir de Pierre Falson et d’Emmanuel Dejean qui ont fondé la société Calixar pour développer les deux brevets du chercheur lyonnais.

Créée en janvier avec le soutien du secteur « valorisation » du CNRS et via l’incubateur CREALYS, Calixar propose aux laboratoires pharmaceutiques, aux biotechs et aux équipes de recherche académique des services d’extraction, de solubilisation et de purification de protéines membranaires. Lauréate de plusieurs prix, la société Calixar a pour objectif « de tester sa technologie sur toutes les grandes catégories de protéines membranaires pour couvrir tous les domaines thérapeutiques. Au sein de l’IBCP où ils seront hébergés pour quatre ans au maximum, les quatre salariés de la société travaillent notamment sur le vaccin de la grippe avec l’ambition de produire un vaccin « haute performance » qui n’aurait plus besoin d’adjuvant - source potentielle d’effets secondaires - pour être très efficace.

« On devrait savoir d’ici six à huit mois si l’antigène produit est de meilleure qualité qu’actuellement », indique Emmanuel Dejean. A moyen terme, l’entreprise lyonnaise a aussi l’espoir de mettre au point un vaccin « universel » qui serait pérenne et permettrait d’éviter le renouvellement annuel de l’injection. Son but est aussi « d’être rentable rapidement, fin 2012 », remarque Emmanuel Dejean qui possède 51 % de la société. Le chiffre d’affaires devrait être de 100 000 euros en 2011 et de 700 000 euros dans trois ans.

CNRS

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