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Edito : Y-a-t-il de la vie sur Mars ?

Il y a quelques semaines, de grandes quantités de méthane - qui, sur Terre, est principalement produit par des êtres vivants - ont été détectées par trois télescopes. Le niveau d'activité enregistré pour ce gaz atteindrait parfois des niveaux comparables à ceux observés sur Terre, dans des zones où ce gaz est produit en grandes quantités. "Les être vivants produisent plus de 90 % du méthane atmosphérique sur Terre, seuls les 10 % restants ont une origine géochimique. Le méthane martien peut donc résulter de l'un ou l'autre de ces phénomènes" précise la Nasa dans un communiqué.

La sonde européenne Mars Express avait déjà récolté de possibles preuves de méthane sur Mars en 2004, mais la découverte de la Nasa apparaît comme le meilleur argument en faveur d'une vie martienne. Le méthane martien pourrait résulter de l'activité d'organismes méthanogènes, se développant dans l'eau sous la glace du sous-sol.

Pour le professeur Colin Pillinger, dont l'atterrisseur Beagle 2 s'est écrasé sur mars en 2003 durant une mission visant à récolter d'éventuels signes de vie sur la planète, cette découverte pourrait être capitale. "Pour qu'il y ait du méthane dans l'atmosphère martienne, il doit y avoir une source renouvelable de ce gaz. La source la plus évidente, ce sont des êtres vivants. Si vous trouvez du méthane dans une atmosphère, vous pouvez suspecter qu'il y a de la vie. Ce n'est pas une preuve, mais cela pousse à regarder d'un peu plus près."

Une autre découverte, faite il y quelques mois par la sonde de la Nasa Mars Reconnaissance Orbiter, plaide, elle aussi, pour une vie possible sur Mars : la présence, à la surface de Mars, de gisements de carbonate, constitués dans une eau neutre ou alcaline. Le carbonate se forme lorsque l'eau et le dioxyde de carbone se mêlent au calcium, au fer ou au magnésium. Il se dissout rapidement dans l'acide, aussi cette découverte va-t-elle à l'encontre de la théorie voulant que toute l'eau qui se serait trouvée sur Mars fut jadis acide.

Cette découverte "est très stimulante", a expliqué John Mustard, l'un des scientifiques qui ont évoqué cette découverte lors d'une réunion de l'Union géophysique américaine, à San Francisco. Sur Terre, les carbonates comme la craie ou le calcaire préservent parfois des éléments organiques, mais les scientifiques n'ont pas découvert de telles preuves sur Mars. Le carbonate, formé voici 3,6 milliards d'années, a été localisé dans un soubassement en limite d'un cratère de 1.490 km de diamètre.

Jusqu'à présent, le carbonate n'avait été découvert sur Mars que dans des proportions infinitésimales, dans des échantillons de sol prélevés par l'atterrisseur Phoenix Mars Lander. C'est la première fois que des scientifiques découvrent un site où le carbonate s'est formé. Ces gisements, de la taille, approximativement, d'un stade de football, sont blancs et donc nettement visibles sur les photos prises par Mars Reconnaissance Orbiter.

Récemment, la sonde Mars Reconnaissance Orbiter a également révélé l'existence d'immenses glaciers sous des couches rocheuses de la planète Mars, non pas aux pôles mais dans des régions centrales de l'hémisphère nord et sud. Il s'agirait des plus grosses réserves d'eau de la planète rouge. Sous les débris de roches observés dans les deux hémisphères de la planète Mars, aux latitudes moyennes, se cachent d'immenses glaciers. Il pourrait s'agir de la plus grosse réserve de glace de la planète, selon John Holt, l'un des signataires de l'article publié dans la revue Science le 21 novembre.

Quant au sol martien, la sonde Phoenix a montré qu'il est tout à fait propice à la vie. Il est constitué de nutriments non-organiques et est très acide avec un PHP de 8 à 9. Celui-ci est similaire à celui du désert sur la Terre. Les chercheurs américains ont été très surpris en voyant les résultats de ce premier échantillon martien. En effet, celui-ci contient notamment du magnésium, du potassium, du sodium et du chlorure.

Enfin, de récentes découvertes d'une équipe de scientifiques travaillant à partir d'images fournies par la sonde Mars Global Surveyor montrent que de l'eau pourrait avoir coulé ces dernières années sur Mars. En comparant des images de la surface de Mars obtenues à sept années d'intervalle, les scientifiques ont découvert de nouveaux cratères mais surtout vu apparaître de nouvelles ravines qui laissent penser que l'eau coule encore aujourd'hui sur la planète.

Ces différentes découvertes relancent l'hypothèse d'une possible forme de vie primitive sur Mars. C'est pourquoi les scientifiques attendent avec impatience les résultats d'analyse du Mars Science Laboratory, dont le lancement est prévu en 2009. Le MSL va étudier avec une capacité d'analyse sans précédent, les habitats potentiels du vivant comme des roches sédimentaires ou des dépôt hydro-thermiques (actifs ou fossilisés).

Il étudiera la géochimie et la minéralogie de la zone en détail. Pour cela, MSL sera équipé d'un bras lui permettant de ramasser des échantillons du sol pour analyse chimique de façon à découvrir des composés organiques et les conditions environnementales qui pourraient avoir soutenu la vie microbienne maintenant ou dans le passé. Il sera également équipé d'un laser capable de vaporiser une fine couche de surface d'un rocher de façon à analyser sa composition élémentaire. Le MSL est doté d'instruments capables d'identifier les composés organiques tels que les protéines, les acides aminés et autres acides et bases qui se lient au carbone et sont essentiels à la vie.

La découverte d'une forme de vie sur Mars reste donc un enjeu scientifique majeur de ces prochaines décennies et l'Europe doit absolument s'associer de manière plus ambitieuse aux États-Unis dans cette aventure exaltante.

René Trégouët

Sénateur honoraire

Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

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