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Une version inhalable du vaccin contre la rougeole développée à l'Université du Colorado

La rougeole est une maladie infectieuse endémique d'origine virale. Elle est fortement contagieuse, se transmet par voie aérienne et peut entraîner des complications pouvant aller jusqu'à la mort chez les malades, principalement les jeunes enfants. Dans de nombreux pays, la plupart des enfants sont vaccinés contre cette maladie avant d'atteindre l'âge d'un an et demi. Cependant, dans certaines zones du monde (principalement l'Afrique Sub-Saharienne et l'Asie du Sud), le taux de vaccination est plus faible.

En conséquence, la rougeole est aujourd'hui l'une des maladies les plus meurtrières chez les enfants, bien qu'un vaccin existe. En 2008, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estimait à 164.000 le nombre de décès dus à cette maladie dans le monde. Les programmes de dons de vaccin mis en place par l'UNICEF ou l'OMS sont soumis à des restrictions en matière de coût de revient. Pour la rougeole, ce coût ne peut excéder 0,10 dollars pour le système de vaccination et 0,17 dollars pour la dose de vaccin elle-même.

C'est dans ce contexte que l'équipe menée par le Professeur Robert Sievers de l'Université du Colorado à Boulder a développé une version inhalable du vaccin contre la rougeole. L'objectif principal de ce projet était de mettre au point un vaccin sous forme autre qu'injectable, l'utilisation fréquente de seringues et d'aiguilles usagées dans les pays ciblés favorisant en effet la propagation de maladies telles que le SIDA. Le développement d'une forme inhalable permet également de provoquer une réponse immunitaire directement dans le système respiratoire, qui constitue le point d'entrée du virus, et ainsi de renforcer l'efficacité de l'immunisation.

Le vaccin se présente sous forme d'une poudre fine mise en suspension dans de l'air et inhalée par le nez et la bouche. Cette poudre est obtenue par un procédé développé et breveté par Aktiv-Dry, la compagnie fondée en 2002 par Sievers. Le procédé, appelé "Nébulisation à l'aide de Dioxyde de Carbone" consiste à mélanger une forme affaiblie du virus et du dioxyde de carbone supercritique. Le mélange forme des bulles et des gouttelettes microscopiques qui sont alors séchées et encapsulées dans des micro-particules constituées de sucres et d'acides aminés.

Les premières étapes des essais cliniques sont prévues pour cet été en Inde et portera sur une cohorte de 1.800 personnes. En parallèle, l'équipe du Pr. Sievers a testé la stabilité de la formulation en expédiant un lot de vaccin d'Inde aux Etats-Unis puis en le faisant voyager entre les côtes Est et Ouest.

Le vaccin s'est révélé stable dans les différentes conditions environnementales testées, une caractéristique nécessaire pour un vaccin destiné à être utilisé dans les conditions climatiques parfois difficiles de l'Inde et des autres pays les plus touchés.

Ce projet est soutenu financièrement par le programme Grand Challenges in Global Health Initiative mené par la Bill & Melinda Gates Foundation. Le prix de revient total actuel de cette nouvelle formulation du vaccin est d'environ 0.26$ par dose. Cette nouvelle technologie pourrait être appliquée à d'autres maladies afin de fournir des vaccins ou des traitements à bas prix et faciles à utiliser. Le Pr. Siever et son équipe espèrent ainsi à terme pouvoir appliquer leur procédé au traitement de tuberculoses multi-résistantes

BE

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