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Une vaste étude confirme le rôle majeur de l'hypertension comme facteur de risque cardio-vasculaire

Une idée neuve nous vient d'Australie et de Nouvelle-Zélande: puisque l'hypertension artérielle est un facteur de risque d'attaques vasculaires cérébrales, peut-on proposer aux patients ayant eu un premier accident vasculaire cérébral de les traiter préventivement ? Rappelons qu'il meurt chaque année cinq millions de personnes des suites des attaques d'apoplexie. Quinze autres millions sont touchés, dont un tiers reste durablement handicapé par des hémiplégies, ou des aphasies secondaires à la destruction du tissu cérébral. Elles-mêmes sont consécutives à l'interruption du flux sanguin (qu'il s'agisse d'hémorragies ou au contraire d'infarctus en raison de la formation d'un caillot). Or le risque de récidive est important: environ un individu sur cinq ou sur six est à nouveau victime d'une seconde attaque dans les cinq ans suivant la première. Certes, il existe déjà quelques parades: ainsi, l'utilisation d'antiagrégants plaquettaires réduit d'un sixième environ le risque d'attaque ischémique (par caillot sanguin): elle est prescrite en routine à cette catégorie de malades. On peut aussi utiliser une technique chirurgicale, l'endartériectomie carotidienne, pour déboucher une artère carotide resserrée par l'athérome. Et un traitement anticoagulant réduit le risque d'accident vasculaire cérébral chez les patients ayant un trouble du rythme cardiaque (la fibrillation auriculaire), qui favorise l'envoi de pluies d'emboles et de caillots dans les artères cérébrales. Mais, comme l'annoncent en préambule les auteurs de l'étude «Progress», «chacun de ces traitements ne convient qu'à une faible proportion des patients victimes d'attaques cérébrales ischémiques ou d'accidents ischémiques transitoires. Aucun traitement n'a fait la preuve qu'il pouvait réduire le risque des récidives chez les malades ayant eu une hémorragie cérébrale». L'université de Sydney et les membres du groupe collaborateur de l'étude «Progress», publiée le 29 septembre dans The Lancet, ont donc répondu à une vieille interrogation qui divisait jusqu'ici le monde de la neurologie. Peut-on diminuer vraiment de façon significative le risque de récidive d'un accident vasculaire cérébral chez les patients qui ont déjà eu une attaque, voire le risque «d'événements cardio-vasculaires» , comme les infarctus cardiaques ou les thromboses? Pour régler définitivement cette importante question, des spécialistes de l'hypertension artérielle et des neurologues du continent australien ont recruté dans 172 hôpitaux de Chine, du Japon, de Nouvelle-Zélande ou d'Europe plus de 7 000 patients victimes dans les cinq années précédentes d'une attaque cérébrale. «Le principe de l'étude est très astucieux et pragmatique, estime une des participantes, le professeur Marie-Germaine Bousser (hôpital Lariboisière, Paris). Ils ont inclus des malades hypertendus mais aussi des sujets à pression artérielle normale, des Caucasiens comme des Asiatiques, des sujets ayant eu des hémorragies ou des infarctus, pour avoir un échantillon représentatif des pathologies, des populations. Les sujets normotendus ont été inclus, pour vérifier que chez eux aussi la baisse de pression artérielle diminuait bien le risque. Par ailleurs, une certaine liberté de prescription a été laissée au clinicien, qui a pu individuellement, dans chaque groupe, choisir de donner un seul médicament antihypertenseur, ou de lui associer un diurétique. Ainsi, ce ne sont pas les mêmes malades qui ont reçu un ou deux médicaments.» Le résultat est là: dans le groupe des patients ayant pris un antihypertenseur de la famille des inhibiteurs de l'enzyme de conversion et un diurétique, la pression artérielle systolique a baissé de 12 millimètres de mercure et la diastolique de 5 mm Hg, avec une diminution concomitante du risque de récidive d'attaque cérébrale de 28 %. De plus, la diminution du risque d'événements cardiaques ou vasculaires majeurs (infarctus) est dans ce même groupe supérieur à 26 %. En revanche, le groupe des patients n'ayant pris qu'un seul antihypertenseur (perindopril) n'a vu ses chiffres de pression artérielle baisser respectivement que de 5 mm Hg pour la systolique et 3 pour la diastolique. Ce groupe n'a pas de bénéfice préventif: le risque de récidive n'est en effet pas sensiblement différent du groupe placebo. De même le risque d'événements cardio-vasculaires majeurs, tels qu'ils ressortent de l'étude «Progress», est inchangé chez les patients n'ayant pris qu'un seul médicament. Les hypertendus ne seraient pas les seuls à être concernés: le New England Journal of Medicine vient en effet de publier une étude de chercheurs de l'université de Boston à propos du risque cardio-vasculaire des sujets ayant une pression artérielle dite normale haute (la pression systolique est alors comprise entre 130 et 139 millimètres de mercure et la diastolique entre 85 et 89). Le risque est chez eux plus élevé que les sujets ayant une tension artérielle normale basse. «C'est tout le concept d'hypertension artérielle qui est remis en cause» , estime le Professeur Bousser. Verra-t-on bientôt les experts et l'industrie proposer un traitement antihypertenseur préventif à la majorité des Français ?

Figaro : http://www.lefigaro.fr/cgi-bin/gx.cgi/AppLogic+FTContentServer?

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