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Ulcère à l'estomac : un vaccin à l'horizon 2010

Une équipe de chercheurs suédois a découvert que la bactérie responsable des gastrites et autresulcères à l'estomac attaque la paroi stomacale en s'accrochant aux cellules censées aider le système immunitaire du corps humain. Grâce aux résultats de cette recherche, publiée vendredi dans le magazine "Science", il semble désormais possible d'envisager la fabrication d'un vaccin. Ce dernier sera d'autant plus attendu qu'on estime que la moitié de la population mondiale environ est infectée par l'Helicobacter pylori, une bactérie tenace à l'origine de gastrites, d'ulcères à l'estomac et associée au cancer de l'estomac. Or cette nouvelle recherche démontre que l'H. pylori a développé une manière unique d'adhérer à la paroi stomacale, grâce à deux adhésines protéiques. Lorsque la surface de l'estomac s'infecte et s'enflamme, apparaît une sorte de molécule appelée sLex qui sert normalement de signal pour activer les défenses immunitaires. "Elle a pour objectif est de signaler (...) qu'une partie du corps a besoin d'aide et que ce serait une bonne idée d'envoyer plus de lymphocytes en renfort", explique Thomas Boren, directeur de l'équipe de recherche de l'université d'Umea. Malheureusement, ajoute-t-il, "la bactérie H. pylori s'adapte particulièrement bien, développant au contraire des outils" permettant "une meilleure adhésion aux cellules de l'estomac", ce qui provoque une inflammation encore plus importante et un ulcère. Mais ces protéines spéciales, les adhésines protéiques BabA et SabA, sont uniquement fabriquées par l'H. pylori et seraient donc également susceptibles de se retourner contre la bactérie et provoquer sa destruction. Pour Thomas Boren, cette caractéristique unique les transforme en "premier candidats pour un vaccin, qui serait spécifique à l'Helicobacter et qui n'affecterait pas d'autre bactéries", un élément essentiel, sachant que le système gastrointestinal contient de nombreuses bactéries utiles au corps humain. Cette recherche peut également expliquer pourquoi l'infection au H. pylori se présente sous forme d'inflammation chronique, plus ou moins brutale. L'adhésine protéique permet à la bactérie de s'approcher de la paroi stomacale, provoquant une inflamation. Mais à l'arrivée des lymphocytes, la bactérie se détache légèrement: elle évite alors l'attaque immunitaire, tout en laissant l'inflammation se calmer, avant de se rapprocher à nouveau de la paroi et de provoquer une nouvelle crise. Selon Douglas Berg de la Faculté de médecine de Saint-Louis et co-auteur de la recherche, ces découvertes améliorent la connaissance des réponses du corps humain face à l'infection et la manière dont la bactérie s'y adapte. "Nous espérons également que la compréhension du fonctionnement des adhésines permettra la création d'un vaccin contre les infections au H. pylori, ainsi que la fabrication de nouveaux médicaments pour traiter ou réduire leur activité", a-t-il déclaré. Aujourd'hui, ces infections sont en général traitées par des antibiotiques, mais si ces traitements se développent, la bactérie risque de devenir plus résistante, s'inquiète Thomas Boren. Selon le chercheur, le but est de développer une forme des deux adhésines protéiques qui provoquera une réponse du système immunitaire, en préparant le corps à les reconnaître et à les utiliser pour cibler la bactérie H. Pylori. Des expérimentations avec des souris sont en cours, a-t-il précisé. "Fabriquer un vaccin contre l'Helicobacter et l'ulcère de l'estomac constitue une tâche difficile", a-t-il ajouté, avant de préciser que même si tout fonctionne bien, six à huit années pourraient s'écouler avant qu'un vaccin ne soit mis à disposition du public.

AP : http://fr.news.yahoo.com/020725/5/2oty7.html

Science : http://www.sciencemag.org/cgi/content/abstract/297/5581/573

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