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Le tueur de bactéries

Si l'Amérique n'a pas encore gagné la guerre contre l'anthrax, elle pourrait bien avoir remporté une bataille technologique définitive. L'arme fatale contre les spores de la maladie du charbon existe: l'accélérateur de particules. Longtemps cantonné au seuil des laboratoires de recherche fondamentale, cet équipement est aujourd'hui plus largement répandu depuis que certaines entreprises, comme Ion Beam Applications (IBA), en commercialisent des versions compactes. Cette société basée à Louvain-la-Neuve (Belgique) a baptisé Rhodotron sa machine aux allures de gigantesque Cocotte-Minute (2 mètres de hauteur). Elle servait jusque-là exclusivement à stériliser du matériel médical jetable (seringues, gants, cathéter, etc.) ou alimentaire (surtout des épices). Mais, aux Etats-Unis, après deux mois de lutte contre le bioterrorisme, le Rhodotron connaît une destinée inattendue: son canon bombarde d'électrons les colis ou missives suspects pendant quelques secondes et rompt ainsi la chaîne ADN des cellules vivantes. Adieu bactéries mortelles! La quantité de radiations émise «nettoie» les enveloppes sans abîmer leur contenu - à l'exception du matériel informatique, des pellicules photographiques ou de certains médicaments - et sans laisser la moindre trace de radioactivité. «Très vite après le début des attaques à l'anthrax, le Congrès américain a demandé à l'United States Postal Service

L'Express : [http://www.lexpress.fr/Express/Info/Monde/Dossier/bioterrorisme/dossier.asp">la poste américaine] d'évaluer les différentes méthodes pour traiter le courrier, raconte Vivienne Gaskell, vice-présidente d'IBA. L'irradiation par faisceau d'électrons ou par rayons X s'est alors imposée comme la solution la plus rapide et la plus efficace.» Une fois le choix technologique arrêté, les services postaux n'ont pas lésiné sur les moyens en commandant une dizaine de machines du même type à la société américaine Titan, pour un montant de 40 millions de dollars. La technologie d'ionisation a prouvé qu'elle répondait rapidement aux menaces les plus redoutées de la guerre bactériologique. «Elle peut traiter la plupart des formes vivantes (les bactéries, mais aussi les virus) dans un délai très court, impératif pour les services postaux: à plein régime, le Rhodotron ingurgite de 20 à 30 tonnes de sacs postaux en quatre à six heures», explique Yves Jongen, le créateur d'IBA. A l'avenir, ce procédé pourrait s'élargir à de nouveaux horizons, comme le diagnostic médical (scanners) et le traitement du cancer: l'un des défis majeurs de la radiothérapie consiste à envoyer une dose élevée aux tumeurs sans endommager les tissus et les organes sains qui se trouvent autour. A ce titre, la protonthérapie, grâce aux accélérateurs de particules, permet un niveau de précision inégalé (au millimètre près), quelle que soit la profondeur de la tumeur.

L'Express : [http://www.lexpress.fr/Express/Info/Monde/Dossier/bioterrorisme/dossier.asp

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