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Un super-télescope pour la galaxie

Tandis que les astronautes de la navette Discovery, après l'avoir capturé dans l'espace, remettaient en état de marche le déjà vieux - sa construction remonte aux années 80 - télescope spatial international Hubble, les astronomes avaient une autre raison de se réjouir. Lors de son premier vol commercial le mois dernier, la fusée européenne Ariane V a livré en orbite un autre paquet cadeau de fin de siècle. En l'occurrence, XMM (X-Ray Multimirror Mission), un télescope d'exploration de l'Univers dans la gamme des rayons X. Ce satellite est, avec 3,9 tonnes, le plus gros et le plus complexe des satellites scientifiques jamais construits sur le Vieux Continent. Contrairement à Hubble, dont l'oeil d'aigle scrute, en lumière visible, les confins de l'Univers, ce gros bijou d'optique et d'informatique va, à partir de mars prochain, grâce à ses trois capteurs de rayons X, décrypter des phénomènes étranges comme : étoiles en train d'en cannibaliser d'autres, explosions de supernovae, trous noirs avalant goulûment toute matière s'approchant d'eux, noyaux actifs de galaxie dont on suppose qu'ils tirent leur énergie de monstrueux trous noirs, amas de galaxies lointaines baignant dans d'immenses nuages de matière invisible... Lorsque l'Univers nous parle sous forme d'ondes radio ou se montre en lumière visible, nous l'entendons et le voyons plus ou moins bien d'ici-bas. En revanche, lorsqu'il rayonne au-delà de l'ultraviolet, par la faute de l'écran atmosphérique qui absorbe ces longueurs d'onde, nous ne pouvons l'observer depuis le sol. Or c'est dans ce domaine, celui des rayons X et gamma, que les événements les plus violents se signalent. Effectivement, si la température moyenne de l'Univers affiche un frileux 3° Kelvin - trois degrés centigrades au-dessus du zéro absolu ! -, ponctuellement existent des fournaises où les degrés se comptent en millions, voire en dizaines de millions. Voilà pourquoi, depuis les années 60, les astrophysiciens s'intéressent aux télescopes à rayons X et gamma embarqués à bord des satellites. Le télescope français Sigma embarqué sur le satellite russe Granat, va utiliser XMM pour tenter de lever un coin de voile sur le centre de la Voie lactée, notre galaxie. Ce centre galactique pourrait bien, en effet, être habité par un bon gros trou noir. Un puits gravitationnel sans fond qui, en cannibalisant toute matière proche de lui, la transforme, suivant l'équation d'Einstein, en énergie avec un rendement de 100 %. Mais, avant de disparaître à jamais dans la gueule du Moloch cosmique, cette matière follement sollicitée par les forces de gravitation s'échauffe, jusqu'à atteindre des millions de degrés. Elle lance alors un dernier SOS sous forme de rayons X et gamma. Pour pêcher cette bouteille à la mer cosmique, les astronomes ont envoyé XMM.

Le Point : http://www.lepoint.fr/data/PNT1424/2403601P.html

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