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Edito : Le Q.I. des enfants peut progresser grâce à un meilleur environnement

Pour certains, ce que l'on nomme intelligence s'acquiert de manière progressive au cours du développement, sous l'influence de l'environnement. Pour d'autres au contraire, cette "qualité", quantifiée par le fameux Quotient Intellectuel (Q.I.), est transmise génétiquement et par conséquent peu susceptible d'évolution. Mais même si les fondements génétiques des facultés cognitives ne peuvent plus être ignorées, comme le montrent de récentes recherches scientifiques (voir article dans la rubrique génétique de cette lettre), cela est loin de signifier qu'il existe chez l'homme un déterminisme génétique implacable en matière de capacités intellectuelles. Une équipe de chercheurs français a en effet montré la possibilité d'améliorer le Q.I. par des facteurs environnementaux chez des enfants en difficulté possédant de faibles Q.I. Le Quotient Intellectuel ne constitue pas une mesure absolue de l'intelligence, mais il permet de faire des classements au sein de populations de même tranche d'âge. Michel Duyme, directeur de recherche à l'Inserm* (Unité d'épidémiologie génétique), et ses collègues ont évalué le Q.I. de soixante cinq adolescents ayant été négligés ou maltraités dans leur prime enfance, puis adoptés sur le tard - entre quatre et six ans - pour être placés dans un milieu plus favorable. Ces enfants, testés au moment de leur adoption, présentaient tous un Q.I. faible, inférieur à 86. Cinq à dix ans plus tard, les tests ont montré un gain moyen de 13,88 points, l'importance du gain constaté étant fonction du niveau socio-économique des parents adoptifs (7,7 points de gain pour les milieux de plus bas niveau contre 19,5 points pour ceux de niveau le plus élevé). Fait étonnant, le rattrapage s'est révélé moins important pour la partie du Q.I. évaluant le langage que pour celle mesurant les performances non verbales (appréhension du temps et de l'espace, capacité de raisonnement, etc.). Selon Michel Luyne, ce résultat pourrait indiquer que la période comprise entre zéro et cinq ans est plus sensible en ce qui concerne le langage. Les résultats de cette étude sont remarquables car ils remettent en cause nos conceptions relatives aux stades de développement cognitif de l'enfant. Ceux-ci existent bien mais sont moins rigides qu'on le pensait et il ne semble pas y avoir de limite d'âge précise au-delà de laquelle tout serait joué en matière de développement intellectuel. Sans nier l'existence de possibles inégalités génétiques, cette étude montre que l'influence du milieu familial, affectif et éducatif dans la réalisation des potentialités intellectuelles de l'enfant reste déterminante, même après les premières années de sa vie. L'enfant conserve beaucoup plus longtemps qu'on le croyait jusqu'à présent son extraordinaire faculté de progression intellectuelle si son environnement familial et éducatif s'améliore. Ce constat très encourageant doit nous renforcer dans notre volonté de permettre à chaque enfant, à tous les stades de son développement, d'accéder au meilleur environnement culturel et éducatif possible et de disposer de tous les nouveaux outils d'accès au savoir susceptibles de favoriser son épanouissement intellectuel et personnel.

René Trégouët

Sénateur du Rhône

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