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La prévention de l'athérosclérose du bout des doigts

Aujourd'hui, les médecins se basent à la fois sur l'âge, le tabagisme, le taux de cholestérol, l'hypertension, et d'autres facteurs... pour prédire le risque d'athérosclérose. Or, des chercheurs du centre hospitalier Georges Pompidou à Paris ont montré que la rigidité artérielle suffit à elle seule pour prévoir ce risque de mortalité. “Nous avons suivi près de deux mille patients hypertendus sur plus de huit ans, souligne Stéphane Laurent, directeur de l'équipe Inserm auteur de l'étude. Après avoir découvert que la rigidité des artères était un excellent facteur prédictif d'infarctus ou d'attaque cérébrale, nous avons cherché un outil de mesure fiable, simple et utilisable par tous les praticiens.” Il existe bien des appareils, capables d'évaluer la rigidité des artères, qui ressemblent à des “stylos” munis d'un capteur à leur extrémité. Le problème, c'est que le repérage de la zone de mesure est réalisé à l'aveuglette. Les médecins tâtonnent jusqu'à enregistrer un rythme régulier. Les chercheurs de l'Inserm ont eu la bonne idée de soumettre leur problème à Philippe Labbé, responsable des relations industrielles au CEA. Ce dernier a rapidement trouvé l'outil idéal, conçu au sein du laboratoire de “caractérisation dynamique des matériaux explosifs” du Ripault ! C'est ainsi qu'un minuscule système de mesure de pression aérienne, mis au point au CEA il y a dix ans, a été revisité pour les besoins de l'application. “Ce capteur a été conçu pour être extrêmement précis, se souvient-il. Il n'a pas fallu une semaine pour l'adapter aux besoins des médecins”. Cet appareil est un minuscule capteur piézoélectrique : il produit un signal électrique lorsqu'il subit une déformation due aux variations de pression. Sa taille ne dépasse pas un millimètre carré, et il adhère à la “pulpe” du majeur du médecin. C'est là que réside tout son avantage. En prenant le pouls de son patient, le praticien peut en effet disposer le capteur, exactement au bon endroit, du bout des doigts. Pour apprécier la rigidité artérielle, l'électronique associée au capteur calcule la vitesse de l'onde de pouls (VOP) : plus elle est rapide, plus l'artère est rigide, plus le risque d'athérosclérose est élevé. Cette mesure est réalisée entre l'artère carotide et l'artère fémorale. Le médecin repère le signal de début de l'onde systolique (éjection du sang des ventricules cardiaques), à la fois au niveau du cou et de l'aine. La vitesse de l'onde de pouls est calculée en appréciant le décalage entre les deux systoles, en tenant compte de la distance entre les artères. Pour un adulte, cette vitesse est de l'ordre de 8 m/s ; elle atteint 18 m/s pour un patient à risque. Le médecin peut immédiatement engager son patient dans une stratégie thérapeutique adaptée, et diminuer le risque cardiovasculaire. “Nous avons tout de suite apprécié l'intérêt de ce capteur pour nos patients : simplicité, fiabilité et précision d'utilisation, énonce Stéphane Laurent. À tel point que nous nous associons au CEA pour proposer ce capteur à un industriel qui souhaite le commercialiser. À terme, la mesure de la VOP sera aussi populaire que l'électrocardiogramme !”

CEA : http://www.cea-technologies.com/article/article.php?article=319

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