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Des objets communicants pour rompre l'isolement et renforcer le lien social

Comment l’informatique et la technologie peuvent-elles aider les personnes âgées ou avec déficits cognitifs ? En les aidant à rester autonomes le plus longtemps possible, selon l'équipe de recherche Phoenix du Centre Inria Bordeaux - Sud-Ouest et ses partenaires qui travaillent sur des applications sûres pour l’orchestration d’objets dits "communicants".

Une fois orchestrés, les objets technologiques de tous les jours, tels que téléviseurs et smartphones, peuvent former une plate-forme aux fonctionnalités avancées pour aider les personnes âgées ou avec déficits cognitifs. Les membres de l’équipe Phoenix sont en train de concevoir une approche, « DiaSuite » et une technologie « DiaSuiteBOX » dans ce but.

  • Un projet agrégeant l'expertise d'informaticiens et de cogniticiens

Le projet va largement au-delà de la simple domotique, explique le responsable du projet Charles Consel, professeur en sciences informatiques à l’Institut Polytechnique de Bordeaux (IPB) et chez Inria. «On l’appelle ‘la compensation numérique’, » dit-il. « L’application ne veut pas simplement améliorer le confort d’une personne âgée ou déficiente mais va compenser ses manques cognitifs, choses qui n’étaient pas traitées jusque là. »

Membre de l’équipe, Hélène Sauzéon, enseignante-chercheur à l’Université Bordeaux Segalen, psychologue de formation et spécialisée dans le vieillissement et le handicap cognitif, confirme cette stratégie : « Les services actuellement disponibles dans la grande distribution se concentrent davantage sur les aspects ‘protection/sécurité’ du domicile voire au mieux sur des services de contournements du handicap moteur, » dit elle, « mais peu de choses sont faites pour répondre au handicap cognitif et à l'autonomie domiciliaire ou encore à l'isolement social comme dans le cas de la personne âgée. »

L’enjeu sociétal est de taille : le vieillissement démographique, couplé avec une plus grande incidence des maladies neurodégénératives, telles la démence du type Alzheimer, posent le problème du maintien ou de l’accès à l’autonomie de ces personnes souffrantes, poursuit-elle.

Développer des solutions simples et peu onéreuses facilitant la vie de tous les jours et en particulier les activités domestiques, est une réelle alternative pour ces personnes souhaitant vieillir dans la dignité et une relative l’indépendance. C'est ce que propose la technologie DiaSuiteBOX.

« Les technologies développées par Phoenix permettent des vrais déploiements en milieu naturel, » explique-t-elle. « Pour cela, l'équipe possède une certaine expérience dans le domaine de la sûreté et sécurité des données ce qui est primordial pour les futurs utilisateurs, qui exigent légitimement une confidentialité mais autorisent une utilisation bienveillante (par exemple, d’être mis en réseau avec d’autres personnes âgées ayant les mêmes centres d’intérêt, comme la visite de sites culturels pour n’en citer qu’un).

  • La recherche de solutions simples et personnalisables

La solution d’assistance développée par Phoenix est simple à utiliser, personnalisable et adaptée à chaque utilisateur. Le modèle d’innovation est similaire à celui qu’on trouve sur nos smartphones avec un « application store » où on peut choisir l’app qui nous intéresse particulièrement. Actuellement, la technologie reste au stade de développement, certes mature, mais les chercheurs souhaitent l’industrialiser à terme, notamment avec le transfert (par Inria) d'une box pour seniors développée par la PME parisienne Ubiquiet.

Un exemple d’application, lié à la mémoire long terme, est une alerte sonore ou visuelle (après un temps prédéterminé) qui informe la personne que la porte d’entrée est restée ouverte ou que ses clés sont restées dans la serrure à l’extérieur.

« C’est la machine qui doit s’adapter à la personne âgée ou handicapée et non l’inverse, » assure Hélène Sauzéon. « Nos connaissances en sciences cognitives permettent aujourd’hui une certaine rationalisation de ces contraintes utilisateurs, qui prises en considération en amont de la conception des technologies les transforment en de vrais services numériques à la personne. »

Le projet va à contre-courant en quelque sorte de l‘approche classique dite technocentrée dans laquelle des technologies sont développées d’abord et les applications possibles trouvées a posteriori.

« Notre collaboration avec les chercheurs en sciences cognitives est très importante, » ajoute Charles Consel. « Ils savent communiquer avec des personnes âgées et leurs aides à domicile, s’il y en a, pour comprendre et analyser les besoins du client. Nous développons ensuite les applications adaptées ensemble après avoir établi un cahier des charges en termes de fonctionnalités et de modalités d’interface dans un processus itératif avec nos développeurs de logiciels. Les applications finales ‘cousues main’ sont délivrées, via l’ « application store », et validées par l’utilisateur lui-même à domicile. »

Les chercheurs en sciences cognitives sont également au courant des questions éthiques et juridiques dans le domaine, et connaissent parfaitement les démarches à suivre pour que l’étude reste dans les règles définies par le Comité de Protection des Personnes (CPP).

L‘équipe a ainsi trois études en cours. Deux sont dans le domaine de l’aide à la vie au domicile (des personnes âgées et celles porteurs de Trisomie 21) en partenariat avec UDCCAS de la gironde et l’association Trisomie 21 France. La troisième est dans le domaine de l’inclusion scolaire de jeunes collégiens porteurs d’autisme en partenariat avec le ministère de l’Education Nationale, le rectorat de Bordeaux et plusieurs structures scolaires de la CUB.

INRIA

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