RTFlash

Edito : les nouvelles technologies au service de la santé

Selon une étude américaine de la John Hopkins University School of Medecine réalisée à grande échelle dans une cinquantaine d'hôpitaux de l'État du Texas, les patients des hôpitaux classés dans le trio de tête de l'usage de nouvelles technologies ont vingt cinq pour cent de chances de survie en plus "Lorsque les informations relatives à la santé sont réunies et stockées sur des ordinateurs et non sur du papier, les patients se révèlent être mieux soignés et les performances des hôpitaux sont multipliées," explique le responsable de l'étude et directeur du Welch Center for Prevention, Epidemiology and Clinical Research. "Si nous considérons ces résultats à l'échelle de tous les services de santé des Etats-Unis, cela signifierait que les comptes-rendus et notes numérisés pourraient potentiellement sauver cent mille vies par an," déclare Powe.

Les hôpitaux qui utilisent un programme de prescription informatisé montrent une baisse de près de 10 % des risques de mourir de crise cardiaque et de plus de moitié de mourir des suites d'une opération de pontage des artères coronaires. Pour ce qui est des choix de traitement, il a été révélé que ceux qui sont guidés par des données cliniques informatisées, diminuent d'un cinquième les probabilités de complications.

L'édition 2008 du "Survey of Health Care Consumers" récemment publiée révèle qu'en matière de santé, les Américains sont très sensibles à l'innovation et que les patients sons très demandeurs vis-à-vis de la numérisation de données médicales. Google est d'ailleurs allé dans ce sens en développant un système de dossier médical informatisé permettant au patient d'intervenir directement sur son propre dossier.

Aux Etats-Unis, la Healyh it Now Coalition travaille d'ailleurs sur la mise en place d'un système de santé interopérable. Celui-ci, qui intégrerait le dossier médical personnalisé à son arsenal d'options, souhaite réunir l'ensemble des technologies de santé afin de réduire les coûts, les erreurs de médication et les pertes de résultats d'examens.

En France, la Caisse des Dépots vient de sortir un rapport très intéressant intitulé « Technologies de l'autonomie » http://e-alsace.net/documents/fck/file/documents_pdf/EtudesCDC.pdf. Cette étude rappelle que la population française âgée de 75 ans et plus sera multipliée par 2,5 entre 2000 et 2040 pour atteindre 10 millions de personnes. En supposant une stabilité de la durée de vie moyenne en dépendance, 1200000 personnes seraient dépendantes en 2040.

Face à cette évolution démographique, l'étude souligne, en s'appuyant sur de nombreuses expérimentations et projets en cours dans les principaux pays développés, que les collectivités locales seront de plus en plus sollicitées pour faciliter, voire mettre en oeuvre, des solutions technologiques de e-santé, notamment en faveur du soutien à domicile des personnes en perte d'autonomie. Mais l'étude souligne que la généralisation de la télésanté et de la télémédecine dépasse de loin la dimension technologique et suppose une profonde réorganisation de notre système de santé, la mise en oeuvre de nouveaux modèles économiques à inventer et, bien entendu, l'acceptation sociale des personnes concernées.

Il reste que les initiatives en matière d'e-santé se multiplient dans notre pays et viennent de trouver un nouveau cadre légal avec l'adoption récente de la loi « Hôpitaux, santé, pateints et territoire ».

La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, vient d'inaugurer le site Internet Information Santé, jusque-là disponible en test à usage interne. Ce service en ligne a pour ambition de désengorger les appels vers le 15, numéro réservé aux urgences, en associant un centre d'appels, pour délivrer renseignements pratiques et avis médicaux.

Ce dernier fournit un annuaire des professionnels et des établissements de santé de la région Aquitaine (Dordogne, Gironde, Landes, Pyrénées-Atlantiques, Lot-et-Garonne), indique les pharmacies et les médecins de garde, donne des informations administratives et permet au patient internaute de localiser, sur une carte interactive, les services d'urgence les plus proches de chez lui. Les pouvoirs publics souhaitent étendre ce dispositif à toutes les régions et ont annoncé que ce projet sera doté de 10 millions d'euros sur deux ans.

Autre secteur en plein essor, les services d'assistance électroniques ou e-santé. Déjà commercialisés ou encore en expérimentation, ils s'adressent surtout aux personnes atteintes de maladies chroniques ou en perte d'autonomie. Accessible depuis plus de deux ans sur abonnement, le système e-rappel permet d'avertir un individu dont la mémoire flanche que c'est le moment de prendre son traitement ou de se rendre chez le médecin. Les messages, programmés par l'entourage aux dates et horaires souhaités, sont reçus au choix par SMS, courriel ou téléphone. Testé en milieu hospitalier, cet outil tout simple s'est montré efficace pour améliorer l'observance thérapeutique et le taux de présence aux consultations.

Mais la société e-medicis, qui le commercialise, vise déjà plus loin. «Plusieurs projets sont en cours pour y associer des programmes d'éducation thérapeutique, sous forme de vidéos, d'images ou de textes, ainsi qu'un système de messagerie entre le malade et son médecin», précise Natasha Avila, fondatrice et directrice d'e-medicis.

À terme, selon elle, ces services concerneront surtout les maladies où l'observance thérapeutique est un enjeu critique comme le sida, le cancer, le diabète.

Autre exemple d'innovation remarquable au service des malades : un dispositif de télémédecine nommé «Diabeo», destiné aux diabétiques de type 1 (insulinodépendants), développé sous l'égide de l'Alfediam (Association de langue française pour l'étude du diabète et des maladies métaboliques).

Le logiciel, inséré dans un téléphone portable de type PDA, calcule les doses d'insuline à injecter à la place du patient et fait office de carnet de surveillance électronique.

Toutes les données - dont la glycémie - sont envoyées au diabétologue par GSM, permettant un suivi médical à distance.

Lors d'essais préliminaires menés par son concepteur, le Dr Guillaume Charpentier (chef du service de diabétologie du Centre hospitalier sud-francilien, Corbeil-Essonnes) sur plusieurs dizaines de diabétiques, le système a été bien adopté par les patients, et il a permis d'améliorer le contrôle de leur glycémie. Les résultats de la phase finale d'expérimentation, conduite pendant six mois dans dix-huit services hospitaliers français, sont attendus dans les semaines à venir.

Cette numérisation de l'ensemble des informations médicales, tant à l'hôpital que chez le médecin ou dans les laboratoires, et la généralisation du télédiagnostic et de la télésurveillance médicale vont entraîner d'ici 10 ans une mutation de notre système de santé dont nous n'avons pas encore pris toute la mesure et qui va avoir des conséquences majeures non seulement sur le plan médical mais également sur le plan social, économique et culturel. Il convient cependant que l'Etat veille à ce que chacun, quels que soient sa situation socioprofessionnelle et son lieu de résidence, puisse avoir accès à cette médecine du futur qui sera massivement axée sur la prévention et les soins personnalisés.

René Trégouët

Sénateur honoraire

Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

Noter cet article :

 

Recommander cet article :

back-to-top