Les calottes glaciaires bien plus sensibles au réchauffement climatique que prévu
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Une étude de l'Université de Durham a montré que la montée du niveau des océans pourrait bien se poursuivre, même si le réchauffement planétaire ne dépasse pas 1,5°C. Le niveau des océans a augmenté de 20 centimètres entre 1901 et 2018. Toutefois, ce qui intéresse les auteurs d’une étude est le rythme auquel ce niveau augmente à travers les années. Si la tendance actuelle se poursuit, ce rythme, qui a déjà doublé en trois décennies, pourrait encore être multiplié par deux d’ici 2100 pour atteindre 1 centimètre par an, selon un article scientifique paru dans la revue Communications Earth&Environment.
« Limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C », soit l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris de 2015, « serait une réussite majeure » et permettrait d’éviter de nombreuses conséquences climatiques désastreuses. « Mais même si cet objectif est respecté, l’élévation du niveau de la mer risque de s’accélérer à des rythmes auxquels il sera très difficile de s’adapter », estime auprès de l’AFP Chris Stokes, auteur principal de l’étude.
En l’absence de mesures de protection telles que des digues, une élévation supplémentaire du niveau de la mer de 20 centimètres causerait chaque année quelque 1000 milliards de dollars de dégâts dus aux inondations dans les 136 plus grandes villes côtières du monde, comme l’ont montré des recherches antérieures. Quelque 230 millions de personnes vivent sur des terres situées à moins d’un mètre au-dessus du niveau de la mer, et plus d’un milliard à moins de 10 mètres.
L’élévation du niveau de la mer est due, à parts à peu près égales, à la fonte des calottes glaciaires et des glaciers de montagne, ainsi qu’à la dilatation thermique des océans, qui se réchauffent en absorbant plus de 90 % de l’excès de chaleur provoqué par les activités humaines. Le réchauffement actuel de la surface de la Terre, 1,2°C par rapport aux niveaux préindustriels, est déjà suffisant pour élever le niveau des océans de plusieurs mètres au cours des siècles à venir, note M. Stokes, professeur à l’université de Durham en Angleterre. Et les prévisions scientifiques actuelles prévoient une trajectoire de réchauffement planétaire de l’ordre de 2,7°C d’ici la fin du siècle.
Dans leur étude, M. Stokes et ses collègues ont passé en revue la littérature scientifique depuis la dernière évaluation climatique majeure du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de l’ONU, en se concentrant sur la contribution croissante des calottes glaciaires à la hausse du niveau des mers, un élément qu’avait exclu le GIEC en raison des facteurs d’incertitudes. En 2021, les experts de l’ONU prévoyaient une élévation « probable » du niveau de la mer de 40 à 80 centimètres d’ici 2100, selon la rapidité avec laquelle l’humanité réduira ses émissions de gaz à effet de serre.
Les données satellitaires révèlent que les calottes glaciaires, qui contiennent au total suffisamment d’eau gelée pour soulever les océans d’environ 65 mètres, sont bien plus sensibles au changement climatique qu’on ne le pensait. La quantité de glace fondant ou se détachant dans l’océan depuis le Groenland et l’Antarctique occidental, qui s’élève actuellement en moyenne à environ 400 milliards de tonnes par an, a quadruplé au cours des trois dernières décennies, loin devant le ruissellement des glaciers de montagne. « Nous pensions autrefois que le Groenland ne réagirait pas tant que la planète n’atteindrait pas 3°C », a déclaré M. Stokes. Mais « le consensus actuel sur les points de basculement pour le Groenland et l’Antarctique occidental se situe autour de 1,5°C ».
Par ailleurs en examinant de nouvelles données issues des trois périodes géologiques les plus récentes de l’histoire de la Terre, les chercheurs montrent que si l’on remonte au dernier moment de l’histoire de la Terre avec des niveaux de CO2 comparables à ceux d’aujourd’hui, il y a environ trois millions d’années, le niveau des mers était de 10 à 20 mètres plus élevé. « Si l’on veut ralentir l’élévation du niveau de la mer issue de la fonte des calottes glaciaires, il est clair qu’il va falloir revenir à des niveaux de températures inférieures à celles que nous avons actuellement », selon M. Stokes. Pour la maintenir « à un niveau gérable, il faut se fixer un objectif de température à long terme proche de + 1°C, voire inférieur ».
Durham University : https://www.durham.ac.uk/news-events/latest-news/2025/05/15c-target-too-high-for-polar-ice-sheets-and-sea-level-rise/
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- Publié dans : Climat
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