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Nicotine contre Parkinson

En stimulant leur activité électrique, la nicotine limiterait la dégénérescence des neurones dopaminergiques chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson.

La maladie de Parkinson est une maladie neurodégénérative qui affecte environ 1,5 % de la population après 65 ans. Elle se manifeste par une diminution de l'activité motrice, une lenteur des mouvements, une grande fatigue, des tremblements et une rigidité. Si les causes de la maladie demeurent inconnues, on sait que les neurones dopaminergiques (un type de neurones dont le neurotransmetteur est la dopamine) d'une région du tronc cérébral, la substance noire, meurent progressivement. Comment limiter cette neurodégénérescence et les symptômes moteurs associés ? Les fumeurs ayant un risque bien moindre de développer la maladie, on soupçonne la nicotine d'être un facteur protecteur pour les neurones dopaminergiques chez l'homme.

On savait déjà que la nicotine diminuait la dégénérescence des neurones dopaminergiques dans des modèles animaux de la maladie de Parkinson. Damien Toulorge, du Centre de recherche de l'Institut du cerveau et de la moelle épinière à Paris, et ses collègues viennent de montrer par quels mécanismes. Les scientifiques français ont utilisé un modèle cellulaire de la maladie de Parkinson, des neurones dopaminergiques de rat ou de souris mis dans des conditions de culture qui favorisent leur dégénérescence spontanée. Ils ont utilisé des neurones dits normaux, mais ils ont aussi étudié ceux de souris génétiquement modifiées qui n'expriment plus l'un des récepteurs nicotiniques (le sous-type alpha-7). Ainsi, l'ajout de faibles concentrations de nicotine (de 0,1 à 30 micromoles par litre) aux cultures protège les neurones dopaminergiques normaux, mais pas ceux dépourvus du récepteur alpha-7. Cela prouve que la nicotine empêche la mort des neurones dopaminergiques en stimulant ce récepteur.

En outre, les neurobiologistes ont montré que l'activation de ce récepteur stimule l'activité électrique des neurones dopaminergiques et l'entrée d'ions calcium dans leur cytoplasme. S'ensuit alors l'activation d'une voie de survie, un processus intracellulaire favorisant la survie des cellules, mettant en jeu la calmoduline, une molécule qui régule le calcium intracellulaire, et la phosphatidylinositol 3-kinase. Ces observations corroborent des travaux antérieurs qui suggéraient qu'une perte d'activité électrique associée à un déficit en calcium pouvait être à l'origine de la dégénérescence de ces neurones.

Des substances stimulant l'activité électrique, autres que la nicotine, seraient-elles efficaces ? Probablement. Mais la nicotine a l'avantage de ne pas être toxique et de pénétrer facilement dans le cerveau. Les scientifiques espèrent ainsi développer un traitement neuroprotecteur grâce à cette molécule. Pour autant, cela ne veut pas dire qu'il faut fumer pour éviter la maladie de Parkinson ! Les risques associés au tabagisme – maladies cardiovasculaires et cancers – sont en effet bien plus élevés que de potentiels bénéfices.

Pour la Science

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