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La mer Morte menacée

Des forages dans les fonds de la mer Morte révèlent qu’elle s’est déjà asséchée dans le passé. Un avertissement pour les années à venir, compte tenu du réchauffement climatique

Une analyse de forages des sédiments profonds de la mer Morte, présentée lors de la réunion annuelle de l’American Geophysical Union, révèle que ce lac d’eau salée a déjà disparu au moins deux fois par le passé, à l’occasion d’une période de hausse des températures terrestres. Les experts avertissent que les mêmes causes pourraient produire les mêmes effets, les projections climatiques indiquant que la région du  Proche-Orient subira particulièrement les effets du réchauffement actuel, stress hydrique à la clé.

  • Minuscules cailloux

Le carottage des fonds de la mer  Morte a été réalisé sur deux sites fin 2010, dont l’un situé dans la partie la plus profonde, près du centre. Les sels qui précipitent et se déposent au fond de la mer Morte pendant les saisons sèches annuelles contiennent des isotopes d'uranium qui permettent aux chercheurs de dater les couches de sédiments non seulement d'année en année, mais aussi saison par saison. Ils peuvent ainsi reconstituer le passé climatique de la zone. Quand il y a une période de sécheresse, les dépôts de gypse et de sels sont plus importants.  A partir de ces dépôts, les chercheurs peuvent extrapoler la composition de l’eau, estimer les vents dominants et la température moyenne.

Lors du forage, les chercheurs sont tombés à deux reprises sur des niveaux composés de minuscules cailloux similaires à ceux trouvés sur les plages, qui indiquent que la mer était complètement asséchée. Les carottes sédimentaires n'ont pas encore été précisément datées, mais ces événements pourraient coïncider avec la fin de la dernière période glaciaire il y a 13 000 à 14 000 ans, et à une période interglaciaire précédente il y a  environ 125.000 ans.

  • Le tiers de sa superficie perdu

Comme la mer d’Aral et le lac Tchad, la mer Morte a perdu, ces cinquante dernières années, le tiers de sa superficie. Le dessèchement est tel qu’une large bande de terre craquelée la scinde désormais en deux bassins distincts. L’hypothèse d’une disparition complète de cette dernière devient encore plus plausible avec les résultats de cette étude. D’autant plus qu’à l’époque, le peuplement de cette région était très clairsemé et ne constituait pas une pression écologique supplémentaire.

Aujourd’hui, le Jourdain, principale source d’approvisionnement en eau douce, est largement détourné à des fins agricoles et les usines de production de sel sont aussi une cause importante d’évaporation de l’eau. Les scientifiques ont conclu leur conférence en lançant un appel en faveur de mesures de sauvegarde de cette étendue d’eau.

Sciences & Avenir

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