Recycler le CO2 en le piégeant dans du béton
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Près de Haguenau (Bas-Rhin), au centre de méthanisation de Wittersheim, la première unité de liquéfaction de dioxyde de carbone (CO2) permettant de capturer 4.200 tonnes de CO2 par an a été officiellement lancée en France. Que se cache-t-il derrière ces gros blocs ? Peut-être une partie de la transition climatique du pays. « C’est une solution parmi d’autres, pas la révolution. Il faudra encore beaucoup d’efforts », nuance Valentin Gutknecht, l’un des deux cofondateurs de « Neustark ». Depuis 2020, la start-up suisse propose cette solution de minéralisation du CO2.
Son principe ? « Nous compressons et refroidissons à -20°C le dioxyde, ce qui permet de le liquéfier », détaille-t-il. « Ensuite, il peut facilement être transporté et part dans une usine de recyclage de béton. Et avec, on peut produire du nouveau béton en le remélangeant. Ou alors, on peut l’emprisonner dans du béton qui pourra par exemple servir de base de route sous l’asphalte ». Le CO2 liquéfié s’assimile alors « à du calcaire ». « Il est très stable », ajoute Valentin Gutknecht. « Pour qu’il se transforme de nouveau en gaz, il faudrait qu’il soit de nouveau chauffé à plus de 1.000°C ».
Résultat de l’opération : un bilan carbone nettement réduit. Rien que pour l’unité installée en Alsace, Neustark estime pouvoir capturer 4.200 tonnes de CO2 par an. Alors, si d’autres unités étaient installées sur le territoire, comme c’est déjà le cas en Suisse, Allemagne ou Autriche… « Pour la France, ça pourrait représenter quelques millions de tonnes », prévoit le codirecteur général. Dont la solution pourrait être installée dans d’autres usines à fortes émissions, comme pour les incinérateurs de déchets ménagers.
« C’est à l’étude, mais ce sont de gros projets », indique-t-il. « Notre seul critère, c’est trouver des sources de CO2 non évitables ». C’était le cas à Wittersheim, sur un site de méthanisation qui rassemble quatorze agriculteurs et un paysagiste géré par la société « Agriculteurs biométhane Haguenau » (ABH). Jusque-là, la fermentation de la biomasse composée de fumier, lisier et résidus de cultures permettait de produire un biogaz composé à 60 % de méthane et 40 % de CO2. Le méthane était transformé en gaz vert, le biométhane, mais le CO2 rejeté. Plus maintenant grâce à ce nouvel équipement de liquéfaction.
« Grâce à notre partenariat, nous pouvons valoriser le CO2 en le transformant en une ressource intéressante à plusieurs titres », s’est félicité dans un communiqué Régis Huss, le président du collectif ABH. « Après avoir obtenu la certification RED 2 spécifique aux émissions de gaz à effet de serre de notre unité en 2023, il ne restait plus qu’à trouver une valorisation pour le CO2 rejeté. En collaboration avec GRDF, nous avons identifié des opportunités prometteuses pour la séquestration du CO2 biogénique issu de la méthanisation. Neustark s’est avérée être la solution idéale pour relever ces défis ».
20 minutes : https://www.20minutes.fr/planete/4151169-20250505-alsace-co2-liquefie-melange-beton-si-solution-reduire-emissions?
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- Publié dans : Climat
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