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Edito : L'école numérique va changer le rapport au savoir

S'inspirant des recommandations du rapport remis par Jean-Michel Fourgous, Député-Maire d'Élancourt, sur la modernisation de l'école par le numérique en février 2010, le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, a présenté le 25 novembre un plan ambitieux de 60 millions d'euros sur trois ans visant à développer les usages du numérique dans l'éducation.

Ce plan vient compléter celui mis en oeuvre, avec un budget de 50 millions d'euros, depuis 2009 et concernant l'équipement numérique des écoles rurales dans 6 700 communes de moins de 2000 habitants.

Quatre objectifs majeurs ont été annoncés par Luc Chatel dans le cadre de ce plan : premièrement, le lancement, dès la rentrée prochaine, d'un portail ministériel qui réunira toutes les ressources pédagogiques pour les enseignants, qu'il s'agisse des ressources libres de droit et gratuitement accessibles produites par l'Education nationale ou des ressources issues d'éditeurs. Pour ces dernières, le ministère envisage de lancer un système de chèque ressource pour faciliter l'acquisition de ces contenus privés.

Pour optimiser ce plan, qui s'étale sur trois ans, le Ministère financera d'abord les académies qui répondront le mieux à son appel à projet, prévu pour début 2011.

Deuxième objectif : un coup de pouce aux acteurs et industriels du secteur. Dans le cadre du grand emprunt, un appel à projet dans la recherche et développement sera donc lancé début 2011 afin d'accélérer les capacités d'innovation des acteurs industriels de l'e-éducation et d'améliorer la chaîne de production des contenus numériques et de développer de nouveaux usages.

Troisième objectif : la mise en place d'un « plan national de formation disciplinaire au numérique ». Par ailleurs, collèges et lycées seront désormais pourvus d'un responsable du numérique. Il conseillera le chef d'établissement, identifiera les besoins et répondra aux besoins de formation.

Il est prévu de former et d'accompagner les enseignants afin qu'ils aient davantage le réflexe du numérique pour enrichir leurs cours. Un responsable pédagogique sera nommé dans chaque établissement du second degré sur la base du volontariat. Sa mission : informer et former les enseignants sur les nouvelles technologies et les bénéfices qu'ils peuvent en tirer dans leur discipline.

Enfin, le plan veut mettre en place une meilleure coordination entre les collectivités locales (en charge de l'équipement, des bâtiments et du matériel) et l'état (responsable des programmes et de la gestion des personnels). Dans ce but, une convention cadre sera signée le 9 décembre avec l'association des départements de France qui permettra de prendre des engagements respectifs. Elle garantira surtout une meilleure planification des actions.

Ce plan devrait donc enfin permettre une généralisation des services numériques scolaires et éducatifs. Par exemple, le cahier de textes papier va définitivement être remplacé par une version numérique dès la rentrée 2011. Elle permettra aux élèves de télécharger des liens ou des pièces jointes de documents complémentaires à leurs cours de la journée. Les élèves seront aussi formés à l'usage des nouvelles technologies.

Parallèlement à ces plans nationaux, une multitude d'initiatives locales visent à accélérer la mutation numérique de l'école.

Une vingtaine d'études montrent que les TIC soutiennent la motivation et luttent contre l'échec scolaire. Les TIC modifient également en profondeur les pratiques pédagogiques en permettant une véritable individualisation des formations.

Une étude récente réalisée par Jean Heutte mérite d'être soulignée. Elle montre que les élèves habitués à l'usage du numérique en classe comprennent plus vite et mieux ce qu'ils lisent.

La vitesse de lecture des documents au format hypertexte acquise par les élèves habitués à l'usage du numérique est 30 % plus rapide que la lecture « papier ». Fait remarquable, cette vitesse de lecture ne semble pas préjudiciable aux performances des élèves, ce qui montre qu'il s'agit bien d'un nouveau mode de lecture et d'appréhension conceptuelle des contenus.

Cette étude confirme que les connaissances et les résultats scolaires ont sensiblement progressé pour les élèves habitués à l'usage du numérique.

Globalement, le niveau scolaire des élèves habitués à l'usage du numérique en classe a progressé au cours du cycle 3 de l'école primaire, ce qui est favorable à la prédiction d'une bonne réussite scolaire au collège. Cette étude montre en outre que la progression des élèves faibles en début de cycle (entrée au CE2) ayant régulièrement bénéficié d'un environnement numérique est remarquable (+34,3 %).

À l'entrée en 6e, l'amélioration du niveau scolaire des élèves s'observe de façon significative dans tous les domaines du français (+ 18,4 %). Cela confirme bien que l'habituation à l'usage du numérique à l'école primaire améliore globalement la qualité de lecture des élèves dans les activités qui demandent prioritairement de retrouver ou de comprendre de l'information.

La généralisation des nouvelles technologies de l'information à l'école est donc bien un enjeu de société majeur car l'utilisation pertinente de ces outils technologiques, dans un cadre pédagogique adapté et personnalisé, modifie profondément le rapport des élèves au savoir et à la connaissance et leur permet de mieux exploiter toutes leurs potentialités et de mieux se préparer aux défis professionnels qu'ils devront relever tout au long de leur vie. Il s'agit également d'un enjeu politique essentiel qui mérite une véritable mobilisation économique, sociale et culturelle de la collectivité.

René Trégouët

Sénateur honoraire

Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

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