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Des gènes permettent de prédire l'évolution de l'infection par le VIH

Des chercheurs de l'Institut de Recherche pour le Sida (Irsi) de la Caixa ont identifié un groupe de gènes qui permettrait de prédire l'évolution de l'infection par le VIH, et expliquer ainsi pourquoi dans huit pour cent des nouvelles infections le SIDA se développe de manière foudroyante. L'étude correspondante publiée dans la revue Journal of Clinical Investigation le 6 juin dernier regroupe des scientifiques espagnols, suisses et américains et ouvre une nouvelle voie dans le développement d'un vaccin contre le SIDA.

  • VIH, RP, VNP...

Durant la phase chronique de l'infection par le VIH, des taux élevés de multiplication du virus mènent généralement à une immunodéficience sévère. En considérant les cas extrêmes, il existe d'une part des patients pour qui il s'écoule seulement quelques années entre la primo-infection et le SIDA : ces patients sont appelés progresseurs rapides (RP pour les initiales en anglais). A l'extrême opposé, une faible proportion de patients hautement virémiques reste asymptomatique : on les appelle les patients virémiques non-progresseurs (VNP en anglais).

L'étude qui a été menée consiste à comparer le génome, et plus particulièrement le transcriptome d'une soixantaine de patients infectés par le VIH - une trentaine de la région de Barcelone et l'autre moitié originaire de Suisse - notamment dans le but d'identifier des différences génétiques entre les patients RP et VNP. Côté espagnol, l'IrsiCaixa a collaboré avec l'Hospital Clinic de Barcelone, la Banque de Sang et Tissus, le CHU Germans Trias i Pujol ainsi que le département santé de la Généralité Catalane. Du côté suisse, on retrouve principalement les hôpitaux universitaires de Bern, Zurich et Lausanne. Le choix du groupe de patients est le résultat d'une sélection rigoureuse parmi des milliers de sujets infectés par le VIH.

  • Résultats de l'étude

Chez l'homme, il est très difficile de donner une date précise de l'infection par le VIH, ce qui complique ce type d'étude : identifier les patients RP et quantifier leur nombre parmi une population de sujets infectés par le VIH représente donc une avancée importante pour les scientifiques. "Nous avons réussi à recruter le premier et le plus important groupe de suivi de patients chez lesquels l'infection progresse rapidement, et en même temps nous avons été en mesure d'identifier le pourcentage de ces patients, qui est étonnamment élevé" a déclaré le chercheur Martinez-Picado, responsable des travaux d'analyse.

Les résultats indiquent ainsi que huit pour cent des nouvelles infections évoluent très rapidement et qu'après seulement trois ans les patients présentent un système immunitaire très affaibli, ce qui souligne la nécessité de renforcer la prévention et le diagnostic précoce pour limiter les cas de SIDA foudroyant.

Le second et le plus important volet de l'étude concerne l'analyse du génome des cellules immunitaires, qui a été comparé entre les patients RP et VNP. Les scientifiques ont identifié un groupe de six gènes impliqués dans la progression rapide de l'infection : "la connaissance de ces gènes est essentielle pour prédire si le système immunitaire du patient sera rapidement détérioré et pouvoir recommander des traitements avec une plus grande garantie de succès". Ces six gènes étant associés à l'activation du système immunitaire, une voie thérapeutique serait un vaccin génétique contre le VIH capable de stimuler une réponse immunitaire protectrice.

Les vaccins génétiques, également appelés vaccins géniques ou vaccins à ADN, constituent une piste prometteuse qui est en cours de test chez les animaux comme chez les humains. Néanmoins leur application pour le virus du VIH et le traitement du SIDA est une des nombreuses possibilités envisagées pour cette maladie, et qui nécessitera encore des années de mise au point.

  • L'étude du SIDA chez les singes

Pour s'affranchir des problèmes liés à la détermination précise de la date d'infection par le VIH et la difficulté de rassembler des patients RP pour une étude médicale, les chercheurs étudient en parallèle nos cousins les plus proches : les singes. Pour la première fois dans la recherche contre le SIDA, les résultats génétiques obtenus ont ainsi été mis en parallèle avec les modèles génétiques de l'infection par le virus de l'immunodéficience simienne (VIS) chez les primates non humains. Concrètement, les scientifiques ont comparé l'infection par le VIH chez les patients RP et VNP avec l'infection VIS chez les macaques et les mangabeys, eux aussi classés en groupes RP et VNP. L'analyse en cours de cette manne d'informations et les similitudes qui ont été observées pourraient ainsi améliorer la compréhension de la pathogénèse du VIH.

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