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Etats-Unis : un « robot avocat » va assister un client au tribunal

Très bientôt, l’intelligence artificielle entrera dans les tribunaux, et cela pourrait bouleverser le système juridique américain. Un agent conversationnel ou chatbot, programmé pour répondre à des questions et tenir une conversation, devrait conseiller deux personnes contestant des contraventions pour excès de vitesse devant un tribunal. Les deux défendeurs porteront un casque sans fil qui transmettra ce que dit le juge au chatbot. Ce dernier analysera l’argumentaire et suggérera des réponses à ses clients dans l’oreillette, qu’ils pourront ensuite répéter à la barre. C’est un superbe coup de communication pour DoNotPay, l’entreprise à l’origine de ce service d’assistance juridique qui a développé le chatbot.

Selon Josh Browder, patron de DoNotPay, le coût élevé des frais de justice dissuade les particuliers poursuivis pour des infractions routières d'engager des avocats pour les défendre devant les tribunaux, ce qui implique généralement des amendes pouvant atteindre des centaines de dollars. Il s'est donc demandé si une IA, formée pour comprendre et argumenter la loi, pourrait intervenir. « La plupart des personnes n'ont pas les moyens de se payer une représentation juridique », explique-t-il. L'utilisation de l'intelligence artificielle en conditions réelles « sera une preuve de concept pour que les tribunaux autorisent la technologie dans les salles d'audience ».

Si l'on considère que 80 % des Américains à faible revenus n'ont pas accès à une aide juridique et que 40 à 60 % de la classe moyenne ont du mal à obtenir une telle assistance, la demande pour ce type de service est réelle. Un constat qui pourrait valoir dans de nombreux autres pays. Si l'IA peut un jour contribuer à répondre à ce besoin, les avocats ne doivent pas craindre pour leur avenir. C’est l’opinion d’Andrew Perlman, doyen de la faculté de droit de l'Université de Suffolk. Selon lui, c'est simplement une question d'échelle. « Il n'y a aucun moyen pour la profession de fournir tous les services juridiques dont les gens ont besoin », estime-t-il.

DoNotPay a commencé sa dernière expérience en 2021, lorsque les entreprises ont eu un accès anticipé à GPT-3, l’IA développée par OpenAI pour créer ChatGPT. En décembre, Josh Browder a présenté son idée : faire porter un AirPod d'Apple à une personne dans un tribunal afin que l'IA puisse entendre ce qui se passe et dicter des réponses dans l'écouteur.

Outre les railleries pour ce coup d'éclat, il savait qu'il aurait d'autres défis à relever. En effet, de nombreux États et districts limitent le conseil juridique aux personnes autorisées à pratiquer le droit. « Étant donné que l'IA fournirait des informations en temps réel et qu'elle appliquerait la loi pertinente à des faits spécifiques, il est difficile que cela ne puisse pas être considéré comme la fourniture de conseils juridiques », estime Emily Taylor Poppe, professeure à la faculté de droit de l'Université d'Irvine. L’IA serait légalement considérée comme un avocat agissant sans licence.

Mais il y a d’autres obstacles. Les outils d'IA soulèvent des problèmes de confidentialité. Le programme informatique doit techniquement enregistrer des données audio pour interpréter ce qu'il entend, ce qui n'est pas autorisé dans de nombreux tribunaux. Les avocats sont également tenus de respecter les règles d'éthique qui leur interdisent de partager des informations confidentielles sur leurs clients. Un chatbot, conçu pour partager des informations, peut-il suivre les mêmes protocoles ?

Andrew Perlman pense que nombre de ces préoccupations peuvent être écartées si ces programmes sont créés avec soin. Ces technologies pourraient également contribuer à réduire les montagnes de paperasse que les avocats traitent au quotidien. Les deux affaires auxquelles participe DoNotPay auront probablement un impact sur une grande partie de ce débat. Josh Browder a refusé de dire où les procédures auront lieu, invoquant des raisons de sécurité. Ni DoNotPay ni les défendeurs n'ont l'intention d'informer les juges ou toute autre personne présente au tribunal qu'une IA est utilisée ni que des enregistrements audio sont effectués. Le dirigeant de DoNotPay mise sur la clémence des juges…

CNET

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