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Cultivez trois mois, puis clonez

Les quatre veaux clonés sont âgés de 10 et 12 mois et se portent bien." Une annonce de clonage de plus? Non, car ces petits-là sont un peu particuliers. D'abord, leur "papa", un taureau noir japonais primé, a déjà 17 ans. Surtout, les cellules de ses oreilles, une fois prélevées, sont restées en culture entre deux et trois mois, au lieu des quelques jours habituels, avant d'être utilisées pour le clonage. Pour l'équipe américano-japonaise qui vient d'annoncer (1) cette réussite, le défi était d'importance. Comme l'explique Xiangzhong Yang (université du Connecticut, Etats-Unis), ce délai est nécessaire pour pratiquer des manipulations génétiques sur l'ADN du donneur. "En fait, ce délai, finalement pas très long, a déjà été appliqué par d'autres équipes, même si les animaux ne sont pas encore nés. Les auteurs préparent une expérience avec une culture beaucoup plus longue, qui sera sans doute plus parlante, explique Xavier Vignon, spécialiste du clonage à l'INRA. Ce travail montre cependant qu'il devient possible de pratiquer une transgénèse ciblée: on aura désormais le temps de modifier des gènes spécifiques dans le génome des animaux." Une des applications possibles, soulignée par l'auteur, est ainsi la possibilité de produire des animaux "knock-out" - possédant des gènes inactivés - indispensables pour l'étude de certaines maladies. Cerise sur le gâteau: non seulement les cellules conservées durant trois mois peuvent encore être clonées mais elles se révèlent même plus performantes pour obtenir des clones viables que celles clonées immédiatement. "Un aspect très intéressant de ce travail est l'âge du donneur, ajoute Xavier Vignon. Obtenir des clones d'animaux très âgés, incapables de se reproduire naturellement, ouvre en effet de nouvelles perspectives pour la préservation d'espèces en voie de disparition." Restera à résoudre la question de l'âge réel des clones: une étude précédente avait révélé que la "fille" de Dolly (la première brebis clonée) avait l'âge génétique de sa "mère". "Le taureau donneur a encore trois ou quatre ans à vivre, il faut attendre pour savoir si les veaux vivront normalement au-delà de cet âge." Dernier atout de cette nouvelle méthode: les cellules utilisées sont des cellules de la peau, des fibroblastes, disponibles en grand nombre, faciles à cultiver et offrant un bon rendement pour le clonage. Un avantage qui ne laissera pas indifférents les amis des animaux puisque le prélèvement est sans douleur.

Libération : http://www.liberation.com/quotidien/semaine/20000118marzk.html

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