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Contre les formes graves de Covid-19, les bithérapies d’anticorps monoclonaux et l’interféron viennent à la rescousse…

L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) vient d’annoncer l’ouverture des traitements à base d'anticorps monoclonaux, à partir du 11 juin, aux patients à risque de complications liées à des comorbidités, et ce quel que soit l’âge, à ceux ayant une infection par le VIH non contrôlée ou au stade sida, et aux enfants à partir de 12 ans à risque élevé de forme grave de Covid-19, notamment en raison d’une immunodépression sévère. Jusqu’alors, ces traitements étaient réservés aux patients adultes ayant un déficit de l’immunité, aux patients de plus de 80 ans et à ceux à partir de 70 ans présentant certaines comorbidités (obésité, insuffisance respiratoire ou cardiaque, diabète…).

Deux bithérapies sont concernées : le cocktail casirivimab et imdevimab, du laboratoire suisse Roche et de la biotech américaine Regeneron – qui avait été médiatisé à l’automne 2020 lorsqu’il avait été administré au président des Etats-Unis Donald Trump –, et le cocktail bamlanivimab et etesevimab, de la firme Lilly France. Le mode d’action de ces traitements est de mimer la réponse immunitaire pour empêcher le virus de pénétrer dans les cellules. Ces traitements ciblent ainsi la protéine Spike, qui sert au virus à se fixer sur le récepteur d’entrée.

Une fois l’infection confirmée par un test PCR positif, « l’enjeu est de démarrer ces traitements le plus précocement possible, dans les cinq premiers jours après le début des symptômes, car ils semblent d’autant plus efficaces que le corps n’a pas encore produit ses propres anticorps », explique le professeur Guillaume Martin-Blondel, infectiologue au CHU de Toulouse. L’objectif est d’éviter l’évolution vers une forme grave de la maladie pouvant conduire à une hospitalisation, voire à un passage en réanimation. « C’est à un stade précoce de l’infection, au moment où la charge virale est la plus élevée, que les anticorps monoclonaux agissent le mieux, si l’infection par le Covid-19 entre dans une phase inflammatoire, c’est trop tard, la maladie étant trop avancée pour espérer une action efficace de ces traitements », précise Alban Dhanani.

Plus de 1 000 personnes en France ont bénéficié de ces bithérapies. « Les données préliminaires des études de phase 3 montrent que l’utilisation de ces combinaisons d’anticorps monoclonaux est associée à une réduction de 70 % à 87 % du risque d’hospitalisation et de décès, en comparaison à un groupe de patients recevant un placebo », observe Alban Dhanani, qui précise que « A ce stade, sur le millier de patients, nous n’avons pas eu d’émergence de variants résistants sous traitement avec les bithérapies, c’est rassurant, alors que ce phénomène a été observé sous monothérapie ».

Par ailleurs, des études sont également en cours pour étendre l’utilisation de ces molécules en prévention pour les patients à risque de forme grave, en particulier les personnes immunodéprimées, qui répondent moins bien à la vaccination, ou encore pour protéger l’entourage de personnes infectées.

En complément de ces nouveaux traitements à base d’anticorps monoclonaux, le CHU de Bordeaux, pilote un essai dit Coverage, qui vise à évaluer des traitements chez des patients de plus de 50 ans, infectés, à risque de forme grave, non hospitalisés. Deux traitements sont en cours d’évaluation : Alvesco (ciclésonide), un corticoïde inhalé – médicament utilisé pour l’asthme persistant chez l’adulte et l’enfant –, et Extavia, de l’interféron bêta inhalé par nébulisation – souvent prescrit aux patients atteints de sclérose en plaques. Ils sont comparés à un traitement par multivitamines (Azinc). Cet essai, dont l’originalité est d’associer les médecins généralistes, se déroule dans plusieurs villes ou régions. A ce stade, il compte plus de 400 patients, dont 100 en Ile-de-France.

De la famille des cytokines, les interférons de type I (IFN-I) sont de petites protéines produites naturellement dans le corps en réponse à une infection virale. Plusieurs études ont montré un défaut ou un retard d’activité des IFN-1 lors du Covid-19, notamment dans les formes sévères. Le but est de voir si l’interféron bêta, dont la forme inhalée agit au niveau de la sphère pulmonaire, peut compenser une éventuelle carence naturelle et ainsi éviter des hospitalisations.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Le Monde

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