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Comment nos dépenses énergétiques évoluent avec l’âge

Nos besoins énergétiques quotidiens qui ne cessent d'évoluer au cours de la vie, en fonction de l’âge et de la morphologie, sont encore mal connus et ce sur la base d’échantillons limités. Herman Pontzer, de l’Université Duke, aux États-Unis, et ses collègues de nombreux pays ont récolté les données d’un échantillon de taille sans précédent pour retracer l’évolution des dépenses énergétiques durant différentes périodes de la vie.

D’abord très élevée pendant l’enfance puis déclinant à l’adolescence, la dépense énergétique reste remarquablement stable pendant l’âge adulte, avant de décliner à nouveau à partir de 60 ans. La dépense énergétique quotidienne du corps humain inclut une composante incompressible, celle du métabolisme « de base », qui comprend les activités nécessaires à la survie de l’organisme : fonctionnement du cerveau, battements du cœur, digestion… Elle peut être déterminée par la méthode de calorimétrie indirecte, qui établit une équivalence entre l’énergie dépensée et la production de dioxyde de carbone par l’organisme. Ces dépenses vitales représentent 50 à 70 % des dépenses totales de l’organisme. S’y ajoutent les dépenses « de circonstances », liées à l’activité physique ou mentale, même faible.

Herman Pontzer et ses collègues ont déduit cette composante en comparant la dépense de base avec des mesures de la dépense énergétique totale de l’organisme. Cette dernière est estimée par la méthode des isotopes : les participants à l’étude ingèrent de l’eau contenant des atomes d’oxygène 18 (un isotope stable mais rare par rapport à l’oxygène 16) et de deutérium (un isotope stable mais moins abondant de l’hydrogène). L’oxygène 18 et le deutérium sont éliminés par l’organisme à des vitesses différentes, et la différence entre ces deux vitesses dépend de la dépense énergétique du sujet, que l’on peut ainsi mesurer indirectement grâce à des échantillons d’urine.

Ces mesures ont été répétées sur un échantillon constitué de plus de 6 400 personnes vivant dans 29 pays différents et âgées de 8 jours à 95 ans. Grâce à toutes ces observations, Herman Pontzer et ses collègues ont déterminé quatre grandes phases.

La première, pendant les premiers mois de la vie, est marquée par une augmentation très rapide des dépenses énergétiques : rapporté à son poids, la dépense du nouveau-né dépasse vite celle d’un adulte, et lui est de 50 % supérieure entre 9 et 15 mois. La deuxième phase s’étend jusqu’à l’âge de 20 ans : la courbe des dépenses énergétiques s’y inverse. Aussi bien chez les garçons que chez les filles, elle chute, alors même que le pic d’activité physique quotidienne est atteint entre 5 et 10 ans.

L’activité atteint ensuite, entre 20 et 60 ans, un plateau étonnamment stable, à tel point que la dépense énergétique n’est même pas affectée par une grossesse ! Les chercheurs ont en effet été étonnés de constater que les données énergétiques des femmes enceintes de l’échantillon ne s’éloignent pas significativement de celles du reste de l’échantillon à âge comparable. Après 60 ans, la masse des individus diminue également, mais à masse égale, les dépenses énergétiques déclinent tout de même, jusqu’à ne valoir à 90 ans que 74 % de leur valeur de l’âge adulte.

Herman Pontzer et ses collègues constatent enfin une grande variabilité dans les résultats, même pour un même sexe, une même classe d’âge ou une même masse graisseuse. Même en tenant compte de ces ajustements sur de nombreuses variables explicatives, les valeurs des dépenses énergétiques restent très hétérogènes au sein de l’échantillon, ce qui suggère des variations au niveau cellulaire, qui restent à élucider.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Pour La Science

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