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Le cœur serait plus résistant l’après-midi

Une étude menée par une équipe lilloise vient de montrer que les complications opératoires dans les interventions chirurgicales touchant le cœur, quoique peu fréquentes, sont deux fois plus nombreuses chez les personnes opérées le matin que chez celle opérées l’après-midi. Une différence qui implique l’horloge moléculaire circadienne présente au sein de chaque cellule de notre organisme. Pour arriver à cette conclusion, les professeurs David Montaigne et Bart Staels ont observé les complications survenues au cours de 600 chirurgies cardiaques à cœur ouvert selon l’horaire d’intervention.

« Lors d’une chirurgie cardiaque nous infligeons une souffrance au cœur qui se rapproche dans ses mécanismes de ce qui se passe lors d’un infarctus du myocarde », explique le professeur David Montaigne, cardiologue au CHU de Lille. Lors d’un infarctus, une artère bouchée va provoquer une ischémie, c’est-à-dire une privation d’oxygène. Les cellules musculaires du cœur meurent alors rapidement sur une zone plus ou moins étendue.

La seule solution thérapeutique est de rétablir le plus rapidement possible un apport suffisant en oxygène en débouchant l’artère, c’est ce qu’on appelle la « reperfusion ». Au cours d’une opération, le chirurgien doit arrêter le cœur et l’exclure de la circulation sanguine pour pouvoir réaliser le geste opératoire. Il réalise pour cela un clampage aortique qui, de fait, impose au myocarde une séquence d’ischémie-reperfusion.

Les chercheurs lillois sont allés plus loin en identifiant un récepteur nucléaire impliqué dans ce phénomène : le Rev-erbalpha. Cette découverte laisse entrevoir de nouvelles approches thérapeutiques dans la prise en charge des pathologies comme l’angine de poitrine et l’infarctus du myocarde mais également dans les situations où une ischémie myocardique est imposée par le traitement, comme l’arrêt du cœur durant les chirurgies cardiaques et le transport du greffon avant transplantation cardiaque.

Ainsi, lors d’interventions réalisées le matin, on peut imaginer décaler l’horloge biologique afin de « tromper » le cœur qui se comporterait comme l’après-midi et serait, de fait, moins sensible à l’ischémie. En attendant, les spécialistes lillois suggèrent d’opérer les personnes les plus à risque plutôt l’après-midi.

Il est en revanche difficile d’influer sur le moment de survenue d’une crise cardiaque. Mais il serait possible de berner le cœur. Non pas pour éviter l’infarctus, mais au moment de la reperfusion. « Lorsque l’on remet en route l’afflux de sang dans les coronaires on provoque aussi la mort de cellules. C’est un moment critique. Nous pouvons donc imaginer déphaser le cœur afin d’éviter la lésion de reperfusion », explique le professeur David Montaigne. Le concept est séduisant, reste à trouver les candidats médicaments.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

The Lancet

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