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Chaud, chaud, l'Hexagone

Les vingt-deux stations météorologiques réparties dans toute la France ont rendu leur verdict. L'année 2000 a été, avec l'année 1994, la plus chaude du siècle en France. Au plan mondial, l'an 2000 prend la cinquième position. En 1998, 1997, 1995 et 1990, le mercure était monté encore plus haut. Température annuelle moyenne sur le territoire français cette année: 12,9°C. «Sur 90 % du territoire français, nous enregistrons des écarts de 1 à 3°C au-dessus des températures moyennes normales», remarque Jean-Pierre Céron, directeur adjoint de la climatologie de Météo France. «Le problème maintenant est de savoir si ce que l'on constate s'inscrit dans la gamme naturelle de variabilité du climat ou bien si c'est en dehors.» Et si le phénomène s'expliquait par le réchauffement global de la planète lié au rejet des gaz à effet de serre, comme le dioxyde de carbone, le méthane ou l'oxyde nitreux, par exemple? Les données de la seule année 2000 ne permettent pas de répondre à la question. Mais les températures enregistrées pendant ces dix dernières années semblent appuyer la deuxième hypothèse. «La dernière décennie a été la plus chaude du siècle en France et dans le monde, explique le directeur adjoint de la climatologie de Météo France. A la surface du globe, la température moyenne est supérieure de 0,3°C à la moyenne enregistrée entre 1961 et 1990. Trois dixièmes de degrés, cela ne semble pas beaucoup, mais à l'échelle mondiale, c'est énorme. Et cela correspond bien aux simulations obtenues avec nos modèles informatiques de climatologie.» Les chercheurs toulousains ont demandé à leurs logiciels de prévoir l'évolution des températures sur une période d'une centaine d'années. En prenant en compte diverses concentrations en gaz à effet de serre et en comparant ces prévisions avec celles obtenues si l'émission de rejets n'avait pas augmenté depuis un siècle. Résultat: lorsque les émissions de gaz à effet de serre augmentent, la température suit. «Le réchauffement global constaté ces dernières années est donc très probablement lié aux émissions de gaz à effet de serre», suppose Jean-Pierre Céron. Mais comment expliquer la différence de hausse de température moyenne entre le nord et le sud de la France? Sur un siècle d'enregistrements climatiques, la température au Nord a augmenté de 0,6°C et alors que celle au Sud a augmenté de 1°C. Ces observations concordent avec les simulations des chercheurs, quoique légèrement plus élevées, mais les climatologues se refusent encore à les expliquer précisément. Et leurs modèles numériques ont du mal à les aider. Les logiciels ne peuvent pas projeter de simulations sur une si petite échelle géographique. «Leurs mailles sont encore trop larges et grossières», reconnaît le climatologue. Ces modèles ne peuvent pas différencier deux points éloignés de moins de 300 km. Or les rejets ne sont pas limités aux régions industrialisées. «Ils se mélangent dans l'atmosphère et agissent sur l'ensemble de la planète, explique-t-il. L'effet le plus sensible se remarque d'ailleurs dans les hautes latitudes, les régions polaires, pendant l'hiver. Où il n'y a aucun rejet direct.» Pour améliorer leurs simulations et éventuellement comprendre cette différence Nord-Sud, les chercheurs vont donc devoir mettre au point un modèle informatique encore plus sensible, valable à plus petite échelle et «doté de mailles géographiques plus fines».

Libération : http://www.liberation.com/quotidien/index.html

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